Le Chef de l’Etat a sacrifié à la tradition en adressant à ses compatriotes, le vendredi 31 juillet 2015, veille de la fête de l’indépendance, un message. Message dans lequel il a fait le bilan de ses réalisations à la tête du pays depuis bientôt dix ans. L’une de ces actions est la lutte contre la corruption que Yayi lui-même reconnait ne pas pouvoir combattre comme il le pensait. Il impute cet «échec» à l’impunité due au manque de fonctionnement des institutions concernées. Justement, ce dernier message de son second et dernier mandat est précédé par une affaire de corruption et de présumé détournement de fonds d’un projet financé par les Pays-Bas : le Ppea 2. Alors, dans son message, Yayi a décidé de présenter les excuses du peuple béninois et les siennes au partenaire hollandais très vexé par cette affaire.
MESSAGE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT, CHEF DU GOUVERNEMENT A L’OCCASION DE LA FÊTE NATIONALE DU1er AOÛT 2015
Cotonou, le 31 juillet 2015
Béninoises, Béninois,
Mes très chers compatriotes,
En ce moment où nous nous apprêtons à revivre le souvenir exaltant d’une phase importante de notre vie nationale, je voudrais rendre grâce à Dieu Tout-Puissant et remercier le Peuple souverain du Bénin qui m’a donné l’occasion de présider pendant une décennie les destinées de notre nation commune.
En effet, nous avons des raisons de rendre grâce à l’Eternel car, il ne cesse de nous gratifier de la paix sans laquelle aucun développement n’est envisageable. Dans ce monde en proie à toutes sortes de violences et de catastrophes naturelles, la paix est un bien précieux.
C’est cette paix et la stabilité dont jouit notre pays qui nous permettent de célébrer dans la sérénité et la dignité le 55èmeanniversaire de l’indépendance de notre pays.
Chers compatriotes, le 1er août est l’occasion de se remémorer l’œuvre des Père-fondateurs dont nous saluons la mémoire avec le plus profond respect.
En ces instants de communion et de fierté nationale, j’ai une pensée affectueuse à l’endroit de nos frères et sœurs dont la santé s’est altérée et de nos compatriotes qui sont confrontés à certaines difficultés. Je les rassure de la solidarité de la Nation et les encourage à ne pas perdre espoir.
J’exprime mes sentiments fraternels à nos compatriotes, dignes fils du Bénin vivant à l’Etranger. J’apprécie leurs contributions aux efforts de développement de notre Nation et à son rayonnement dans le monde.
Je voudrais également rendre un hommage vibrant aux femmes et aux hommes qui ne sont plus parmi nous aujourd’hui, mais qui de par leurs œuvres ont laissé des souvenirs impérissables à notre pays.
Béninoises, Béninois,
Il y a cinquante-cinq ans, nos illustres prédécesseurs ont engagé notre Peuple dans la voie de la liberté, de la responsabilité et de la souveraineté et nous pouvons être fiers des efforts fournis à leur suite pour construire et développer la Nation.
Nous avons appris, dès l’origine les vertus et l’impératif du vivre-ensemble, de la solidarité et de la fraternité. Grâce au génie de notre Peuple, nous avons toujours su surmonter les difficultés qui se dressent sur le chemin de l’édification d’une Nation moderne et réaliser les compromis et consensus nécessaires pour avancer.
Notre pays fait l’effort de figurer parmi ceux dont la pratique démocratique est citée en exemple sur le continent africain. A cet effet, il me plaît de souligner, malgré les difficultés, l’importance de l’organisation régulière d’élections libres, transparentes et crédibles et l’acceptation de l’alternance par tous les acteurs politiques.
C’est pourquoi, en dépit de quelques difficultés, je me réjouis du succès des scrutins de cette année 2015 qui ont conduit au renouvellement des Députés à l’Assemblée nationale et des élus des conseils municipaux, communaux et locaux.
Ces échéances répondent aux aspirations légitimes de notre Peuple. Elles renforcent aussi la confiance de nos partenaires en nos institutions.
Je n’en veux pour preuve que les appréciations de hauts responsables de Puissances démocratiques comme le Président François HOLLANDE lors de sa récente et historique visite dans notre pays et le Président Barack OBAMA dans le discours qu’il a prononcé, il y a quelques jours au siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba.
Je renouvelle ici mon total engagement et celui de mon Gouvernement pour la tenue à bonne date et la réussite de la prochaine élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le dimanche 28 février 2016. J’invite toutes les institutions et structures concernées à jouer chacune sa partition pour assurer à ce scrutin le succès que notre Peuple en attend.
Très Chers compatriotes,
Les consultations électorales sont souvent l’occasion de compétitions passionnées par les animateurs de la classe politique; cela traduit la vitalité de notre démocratie. Mais nous devons constamment garder à l’esprit que la Nation béninoise, pour laquelle nos aïeux se sont sacrifiés, est une et indivisible et que rien de beau, rien de grand ne se réalise dans la division. Le dialogue demeure la condition nécessaire et indispensable à la construction du Bénin prospère dont nous rêvons tous. Il est un facteur majeur de préservation de notre identité légendaire de pays de paix.
Du reste, ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise parce que rien ne nous oppose en réalité.
Béninoises, Béninois,
L’indépendance de notre pays s’accommode aujourd’hui avec les nécessités d’une gouvernance moderne dont le fondement est la démocratie. Mais que vaut une démocratie qui ne s’accompagne pas de performance économique ? Voilà pourquoi, la bataille économique a toujours été une préoccupation constante de mon gouvernement. Il n’est un secret pour personne que c’est du volume des investissements que dépendent, pour une large part, les possibilités d’accroissement du revenu national.
La Table Ronde organisée à Paris sur le financement du développement répond à l’impératif de compléter nos ressources internes. Comme vous le savez, à la suite de celle-ci, notre pays a obtenu de la Communauté financière internationale, des engagements d’un montant de plus de 12 milliards de dollars US soit plus de 6.000 milliards de FCFA sur les cinq ans.
Je me réjouis que nos partenaires se soient déjà engagés à nous accorder plus de 2.200 milliards de FCFA soit plus de 25% de taux de décaissement de leur part. La mobilisation effective de ces ressources permettra de donner un nouvel élan à notre économie, à travers la réalisation de grands projets structurants et d’avenir. Elle permettra aussi de générer de nombreux emplois pour notre jeunesse et nos femmes. La croissance économique de notre pays s’en trouvera ainsi améliorée. Je rappelle que malgré la conjoncture internationale particulièrement difficile, elle a été en termes réels d’une moyenne d’environ 6% sur la période 2012-2014 dans un contexte de taux d’inflation maîtrisé.
Les réformes en cours permettront de renforcer le cadre macroéconomique et financier. Elles concernent les domaines de l’assainissement de la gestion des finances publiques en vue d’une meilleure qualité des dépenses et le renforcement des capacités des régies financières. Elles prennent en compte également la compétitivité du Port de Cotonou. Il s’agit notamment de :
l’opérationnalisation du Centre commun de pré-dédouanement,
l’instauration du programme de certification des valeurs,
la mise en place dans les tout prochains jours des scanners et systèmes de vidéo surveillance à l’aéroport et au port,
la dématérialisation de la chaîne des finances publiques.
Chers compatriotes, je voudrais rappeler à votre bon souvenir que sur le plan socio-économique mon gouvernement s’emploie depuis lors à relever plusieurs défis au nombre desquels je citerai à titre illustratif les sept (07) défis prioritaires suivants:
Le premier défi est celui du renforcement des infrastructures.
Dans ce domaine, mon gouvernement attache une importance particulière aux infrastructures énergétiques. Je comprends et partage les désagréments et les perturbations qu’occasionnent pour vous tant dans vos ménages que dans vos activités professionnelles les délestages. A cet effet, les efforts du gouvernement ont consisté à porter la demande en énergie de 115 MW depuis 45 ans à 220 MW en 2015, soit près du double de la disponibilité d’énergie en dix (10) ans. La centrale électrique de Maria-Gléta est aujourd’hui fonctionnelle et vient renforcer nos capacités de production. En matière de desserte rurale, le taux a été porté de 3% niveau atteint en 45 ans à 37% en 10 ans, soit 12 fois le niveau initial de 2006 à 2015. Ce taux sera très bientôt amélioré avec l’électrification des 546 chefs-lieux d’arrondissement dont 105 sont en attente.
Les dernières négociations engagées avec les partenaires du secteur permettent de couvrir 200 nouvelles localités ce qui nous permettra d’assurer l’électrification de la totalité de notre pays dans les tout prochains mois à venir. En attendant d’y parvenir, l’insuffisance de la disponibilité en énergie ne nous permet pas d’atteindre un taux de croissance à deux chiffres qui a toujours été notre préoccupation. C’est pourquoi, après la Table Ronde de Paris, mon gouvernement ambitionne tant au niveau de l’Etat qu’à travers le Partenariat Public Privé de porter à moyen terme l’offre d’énergie à près de 1000 MW. Il n’est pas superflu de rappeler que ces réalisations iront au-delà de l’énergie conventionnelle avec comme priorité les énergies renouvelables à savoir : le solaire, l’éolienne, la biomasse, l’hydroélectricité etc.
L’installation des lampadaires solaires sur certaines de nos voies et places publiques, dans certaines de nos communes et la construction de mini-centrales solaires traduisent l’option qu’a faite mon gouvernement pour la promotion des énergies renouvelables.
Dans le cadre de ces énergies renouvelables, avec la signature des accords entre mon gouvernement et les partenaires du secteur, le démarrage des travaux notamment ceux de la construction des barrages hydroélectriques d’Ajarala et de Dogo-Bis est imminent.
Toutefois, les efforts se poursuivent pour faire en sorte que l’énergie entre dans les ménages.
En termes d’infrastructures de transports, la « Boucle Ferroviaire Ouest Africaine » grand projet intégrateur dont fait partie la ligne ferroviaire Cotonou-Parakou-Niamey est dans sa phase active au niveau de notre pays et du Niger.
S’agissant des infrastructures aéroportuaires, les travaux de construction de l’aéroport de Tourou sont en voie d’achèvement et le vol inaugural est attendu pour la fin de l’année 2015. Le projet de construction de l’aéroport international de Glodjigbé, quant à lui, est dans sa phase de finalisation avec le partenaire Sud-Africain.
En ce qui concerne les Infrastructures portuaires, la réalisation des travaux confortatifs au port de Cotonou, à savoir : l’achèvement du dragage du chenal d’accès, l’achèvement du prolongement de la digue ouest permettent au Port d’accueillir des navires de nouvelles générations. De même, l’acquisition d’équipements ultramodernes de manutention par les partenaires stratégiques et la mise en place de mesures sécuritaires dans le cadre du respect du code ISPS ont permis au Port de Cotonou, première entreprise de notre pays, de doubler son trafic en trois ans lequel s’établit aujourd’hui à plus de 10 millions de tonnes. C’est le lieu de rappeler la disponibilité de nos partenaires pour le lancement d’un second port minéralier en eaux profondes. Notre pays jouera alors pleinement le rôle d’intégration économique qui est le sien au profit des pays de la sous-région et d’être à l’horizon 2025 un véritable hub de négoces et services à forte valeur ajoutée.
Enfin, pour ce qui est des infrastructures routières, en dix ans plus de 2800 km de route bitumée ont été bâties contre environ 2800 en 45 ans c’est-à-dire de 1960 à 2006. L’essentiel des nouvelles routes ont surtout consisté à interconnecter notre pays à la sous-région notamment le Nigéria.
Aux travaux routiers s’ajoutent les ouvrages tels que les échangeurs, les ponts, l’aéroport international de Tourou, le pont d’Athiémé, le pavage et l’assainissement de 49 communes avec l’appui de la BOAD et de la BIDC. Le financement des travaux d’assainissement des 28 communes restantes seramobilisé d’ici la fin de l’année en cours.
Le deuxième défi a trait au développement de l’agriculture.
En vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et améliorer les recettes de l’Etat par l’accroissement des cultures d’exportation, mon gouvernement se réjouit du montage désormais chez nous à Ouidah d’engins et d’accessoires agricoles. Le moment est venu pour poursuivre la diversification agricole. La production du coton, notre principale culture d’exportation, a besoin de réformes structurelles et institutionnelles. C’est le lieu de féliciter les producteurs qui en dépit des conséquences néfastes climatiques ont su améliorer la production en la portant à plus de 400.000 tonnes en 2014-2015. Il s’agit aujourd‘hui d’organiser la diversification agricole sur la base d’un partenariat comprenant l’Etat, les producteurs, les micro-producteurs, le secteur privé et les partenaires au développement sur la base d’une meilleure gouvernance. La question de la modernisation ne doit pas être occultée non plus. Il en est de même de la nécessité d’aller plus loin dans la mécanisation agricole et la transformation pour une plus-value afin de régler une fois pour de bon la question de l’emploi des jeunes et des femmes.
Béninoises, Béninois,
Mes chers compatriotes,
Le troisième défi est celui de l’amélioration du climat des affaires.
Les réformes entreprises ont permis, outre la simplification de la formalisation de l’entreprise, le renforcement des capacités des adhérents, la mise en place d’une fiscalité adaptée, la facilitation de l’accès au crédit dans les banques partenaires et diverses formations en matière de gestion de micro entreprises.
Ces réformes offrent également des facilités aux porteurs de projets surtout aux jeunes pour stimuler leur employabilité et faire face à la question épineuse de l’emploi.
Mon Gouvernement appréhende dans ses dimensions tant économiques que sociales ce quatrième défi que constitue l’emploi des jeunes et des femmes.
Plusieurs programmes ont été mis en chantier. J’en citerai quelques-uns à titre illustratif. Il s’agit :
du plan spécial de promotion pour l’emploi, dans le secteur de l’enseignement primaire et secondaire et dans celui de la santé;
du programme Emploi des Jeunes avec l’appui de la Banque Mondiale ;
du programme d’insertion des jeunes dans l’agriculture à travers les centres de formation à l’entreprenariat agricole et l’aménagement de nos vallées ;
du Fonds National de Promotion de l’Entreprise et de l’Emploi des Jeunes ainsi que du Fonds National de la Micro-finance.
L’importance du défi de l’emploi des jeunes a donné lieu à divers programmes mais à de nombreux mécanismes de recrutement tels des agents contractuels de l’Etat, l’ANPE et enfin le Volontariat d’Expertise qui ont permis au gouvernement de créer environ 30 mille emplois au cours des quinze derniers mois. Si toutes les réformes actuellement en chantier aboutissaient, nous irons vers une véritable promotion de l’auto-emploi créateur de richesse.
Chers compatriotes,
Le cinquième défi est celui de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
A ce sujet, le système des Nations-Unies a communiqué les performances de notre pays. Ainsi le taux de pauvreté monétaire a été ramené à 36%, ce qui place le Bénin au premier rang au sein de l’UEMOA. L’objectif en matière de couverture en eau potable a été atteint et notre pays fait partie des rares pays qui réaliseront en 2015 un taux de couverture de 82% contre 75% fixé par les Nations Unies. Dans ce cadre, le Bénin s’est illustré dans sa politique du genre et a reçu le prix de la performance de l’Union Africaine décerné à Johannesburg en juin dernier. En matière de réduction de la faim, notre pays a atteint l’objectif assigné, ce qui lui a permis d’obtenir pour la 2ème fois consécutive le prix de la FAO en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
De même, les objectifs de l’Education Pour Tous ont été largement couverts grâce aux efforts consentis dans le domaine de l’éducation. Ainsi, de 2006 à 2014, le Taux d’Achèvement du Primaire est passé de 64% à 77,6% et l’indice de parité fille-garçon est passé de 0,82 à 0,97. Ces résultats montrent que le Bénin a atteint l’accès universel à l’éducation avec le Partenariat Mondial pour l’Education et assure presque l’équité dans l’accès à l’école.
Au total, notre pays est sur la bonne voie pour réaliser cinq des huit objectifs fixés. Toutefois nous ne pouvons-nous satisfaire d’une croissance qui laisse des frères et sœurs sur le quai, une croissance qui ne favorise pas l’emploi, l’accès aux services sociaux à la majorité des béninois, une croissance qui laisse la femme, c’est-à-dire les 52% de la population de côté. En effet, quoique des résultats satisfaisants sont enregistrés dans tous ces domaines il est important de noter que la qualité du système éducatif nous interpelle.
S’agissant en particulier de l’enseignement supérieur, des efforts ont été faits pour en faciliter l’accès avec l’adoption d’une nouvelle carte universitaire. Le nombre d’apprenants est de 130.000 étudiants, l’un des plus élevé de la sous-région. Le pari à gagner est celui de la qualité de l’enseignement accompagnée d’un programme de financement. Mon gouvernement va accélérer la mise en œuvre des conclusions du forum organisé sur le secteur de l’éducation.
Le sixième défi est celui de la justice et de la lutte contre la corruption
Notre justice a besoin d’être renforcée. C’est pourquoi, j’ai décidé de mettre en place avec l’appui de la Communauté internationale une task Force visant à renforcer la capacité de notre institution judiciaire. Nous devons en effet renforcer les capacités et l’indépendance de notre appareil judiciaire qui participe pour une large part de la lutte contre la corruption. Malgré toutes les initiatives prises depuis les gouvernements successifs, nous n’avons pas encore touché la racine du mal. Le phénomène de la corruption s’est généralisé à cause de l’impunité. C’est pourquoi, j’en appelle à une union sacrée contre l’impunité et j’envisage d’organiser une journée de réflexions pour remédier à ce fléau et identifier et mettre en place les réformes structurelles, institutionnelles de la maison Justice. La question de la réforme de la Haute Cour de Justice pour vite juger les dirigeants devient un impératif.
Chers compatriotes,
C’est avec amertume que je voudrais parler de la question sensible de la corruption et l’actualité m’en donne l’occasion. Je voudrais faire allusion ici au scandale de l’eau objet de notre partenariat entre notre pays et le généreux Royaume de Pays Bas à qui je présente la gratitude et les excuses publiques de tout le peuple béninois. C’est le lieu de rappeler une fois encore à l’opinion publique que tous ceux qui sont impliqués dans ce scandale dramatique seront sévèrement sanctionnés selon les rigueurs des lois de la République. Il me vient en mémoire l’image de cette femme qui me montrait à Guéné (commune de Malanville) dans une cuvette un liquide jaunâtre comme eau que les humains se partagent encore avec les animaux malgré tous les efforts fournis dans ce domaine. Face à cette triste réalité, comment peut-on expliquer, que certains opérateurs économiques et cadres véreux ternissent à ce point l’image du Bénin. Vous mesurez donc combien je souffre avec vous. Au-delà de ce cas ponctuel, à l’analyse, l’on peut aisément comprendre que nous nous trouvons dans un cercle vicieux dans lequel le pouvoir de l’argent téléguide les politiques et l’administration qui influent sur la justice pour promouvoir l’impunité et la grande dépendance de la justice. Il nous faut absolument constituer une union sacré de toutes les forces démocratiques pour dynamiter ce cercle vicieux à l’égard de l’argent. C’est un fléau sur lequel un certain nombre de mesures sont en chantier pour lutter contre la corruption et l’impunité et je voudrais ici féliciter les magistrats qui se battent pour que la noblesse de leur métier soit de mise et qui souffrent de l’image ternie à cause de ces pratiques peu recommandables de certains de leurs collègues. La justice de mon pays, vue comme le pilier de démocratie, est alors placée devant ses responsabilités.
Le rappel des progrès ainsi enregistrés dans chaque domaine constitue la preuve que le gouvernement s’efforce d’apporter des réponses aux préoccupations inhérentes à notre marche vers la prospérité.
Mes très chers compatriotes,
Ces progrès n’ont pu être réalisés sans la contribution de nos partenaires au développement. C’est pourquoi, en votre nom à tous je leur exprime la reconnaissance de la Nation pour leur soutien dans le renforcement de notre processus démocratique, le progrès économique et le bien-être social.
C’est aussi l’occasion de rassurer les uns et les autres que mon gouvernement prendra toujours ses responsabilités dans la meilleure gestion des appuis de nos partenaires mais également des fonds du contribuable béninois. Cela participe de la bonne gouvernance à laquelle nous sommes tous profondément attachés.
Nous avons encore le temps d’engager une véritable lutte contre la corruption et mettre en place les réformes globales et sectorielles pour améliorer les conditions de vie de notre Peuple quel que soit le prix conformément à mon serment dans le cadre du pacte social qui me lie au Peuple béninois. Je voudrais savoir pouvoir compter sur l’engagement et le soutien de tous.
A tous les ressortissants des pays frères et amis qui vivent parmi nous, j’adresse mes vœux de bonne fête.
Notre fête nationale m’offre aussi l’occasion de féliciter et d’encourager nos forces de défense et de sécurité qui travaillent nuit et jour pour assurer notre protection etla quiétude du pays parfois au prix de leur vie.
La célébration de ce 55ème anniversaire de l’indépendance de notre pays, le Bénin se tient dans un contexte international marqué par des menaces sur la paix et la sécurité mondiale, objet du septième défi.
Partout dans le monde et en Afrique, les acquis en matière de développement sont détruits ou fragilisés par l’intolérance et l’extrémisme religieux avec leurs manifestations sous forme de guerres d’attentats terroristes et de conflits de tout genre. A côté de nous, BokoHaram fait rage. En plus des réponses militaires, notre pays propose la paix par un autre chemin, celui du dialogue interreligieux.
C’est le lieu de saluer la mémoire des victimes de cette horreur et des Forces de défense et de sécurité qui ont payé de leur vie l’accomplissement du devoir national. C’est l’occasion pour Le Bénin d’exprimer sa solidarité par l’envoi d’un contingent de 800 hommes aux côtés de leurs frères d’armes du Nigeria, du Cameroun et du Tchad pour combattre définitivement ces hors la loi
La question sécuritaire est en réalité une affaire de nous tous. Le contexte sécuritaire dans notre sous-région appelle de la part de notre pays, en dépit de la paix dont il jouit, une vigilance permanente de tous les citoyens.
Chers compatriotes,
La célébration de ce 55ème anniversaire, la 10ème dans l’exercice de mes fonctions à la tête de notre pays me rappelle les fêtes tournantes auxquelles nos populations ont adhéré. Je me réjouis de ce qu’elles nous ont permis d’aiguiser en chacun de nous le sentiment d’appartenir à une même nation. J’en garde un souvenir mémorable et saisis l’occasion pour remercier mes compatriotes de tous les départements pour l’accueil chaleureux qu’ils m’ont toujours réservé.
Dans la ferveur de la fête de l’indépendance et en vue d’associer toutes les filles et tous les fils de la Nation à l’œuvre de construction nationale, j’ai décidé, dans l’exercice de mes prérogatives constitutionnelles, d’accorder la grâce à certaines catégories de détenus de nos prisons, qui en remplissent les conditions. Les graciés de 2014 et de 2015 recouvreront leur liberté à partir de lundi 03 août 2015.
Je souhaite à tous une bonne fête nationale, sous le regard bienveillant du Tout-Puissant.
Qu’il daigne éclairer notre chemin et guider nos pas.
Vive la République !
Vive le Bénin !
Que Dieu bénisse le Bénin !
Bonne fête à chacune, à chacun et à tous !
MESSAGE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT, CHEF DU GOUVERNEMENT A L’OCCASION DE LA FÊTE NATIONALE DU1er AOÛT 2015
Cotonou, le 31 juillet 2015
Béninoises, Béninois,
Mes très chers compatriotes,
En ce moment où nous nous apprêtons à revivre le souvenir exaltant d’une phase importante de notre vie nationale, je voudrais rendre grâce à Dieu Tout-Puissant et remercier le Peuple souverain du Bénin qui m’a donné l’occasion de présider pendant une décennie les destinées de notre nation commune.
En effet, nous avons des raisons de rendre grâce à l’Eternel car, il ne cesse de nous gratifier de la paix sans laquelle aucun développement n’est envisageable. Dans ce monde en proie à toutes sortes de violences et de catastrophes naturelles, la paix est un bien précieux.
C’est cette paix et la stabilité dont jouit notre pays qui nous permettent de célébrer dans la sérénité et la dignité le 55èmeanniversaire de l’indépendance de notre pays.
Chers compatriotes, le 1er août est l’occasion de se remémorer l’œuvre des Père-fondateurs dont nous saluons la mémoire avec le plus profond respect.
En ces instants de communion et de fierté nationale, j’ai une pensée affectueuse à l’endroit de nos frères et sœurs dont la santé s’est altérée et de nos compatriotes qui sont confrontés à certaines difficultés. Je les rassure de la solidarité de la Nation et les encourage à ne pas perdre espoir.
J’exprime mes sentiments fraternels à nos compatriotes, dignes fils du Bénin vivant à l’Etranger. J’apprécie leurs contributions aux efforts de développement de notre Nation et à son rayonnement dans le monde.
Je voudrais également rendre un hommage vibrant aux femmes et aux hommes qui ne sont plus parmi nous aujourd’hui, mais qui de par leurs œuvres ont laissé des souvenirs impérissables à notre pays.
Béninoises, Béninois,
Il y a cinquante-cinq ans, nos illustres prédécesseurs ont engagé notre Peuple dans la voie de la liberté, de la responsabilité et de la souveraineté et nous pouvons être fiers des efforts fournis à leur suite pour construire et développer la Nation.
Nous avons appris, dès l’origine les vertus et l’impératif du vivre-ensemble, de la solidarité et de la fraternité. Grâce au génie de notre Peuple, nous avons toujours su surmonter les difficultés qui se dressent sur le chemin de l’édification d’une Nation moderne et réaliser les compromis et consensus nécessaires pour avancer.
Notre pays fait l’effort de figurer parmi ceux dont la pratique démocratique est citée en exemple sur le continent africain. A cet effet, il me plaît de souligner, malgré les difficultés, l’importance de l’organisation régulière d’élections libres, transparentes et crédibles et l’acceptation de l’alternance par tous les acteurs politiques.
C’est pourquoi, en dépit de quelques difficultés, je me réjouis du succès des scrutins de cette année 2015 qui ont conduit au renouvellement des Députés à l’Assemblée nationale et des élus des conseils municipaux, communaux et locaux.
Ces échéances répondent aux aspirations légitimes de notre Peuple. Elles renforcent aussi la confiance de nos partenaires en nos institutions.
Je n’en veux pour preuve que les appréciations de hauts responsables de Puissances démocratiques comme le Président François HOLLANDE lors de sa récente et historique visite dans notre pays et le Président Barack OBAMA dans le discours qu’il a prononcé, il y a quelques jours au siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba.
Je renouvelle ici mon total engagement et celui de mon Gouvernement pour la tenue à bonne date et la réussite de la prochaine élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le dimanche 28 février 2016. J’invite toutes les institutions et structures concernées à jouer chacune sa partition pour assurer à ce scrutin le succès que notre Peuple en attend.
Très Chers compatriotes,
Les consultations électorales sont souvent l’occasion de compétitions passionnées par les animateurs de la classe politique; cela traduit la vitalité de notre démocratie. Mais nous devons constamment garder à l’esprit que la Nation béninoise, pour laquelle nos aïeux se sont sacrifiés, est une et indivisible et que rien de beau, rien de grand ne se réalise dans la division. Le dialogue demeure la condition nécessaire et indispensable à la construction du Bénin prospère dont nous rêvons tous. Il est un facteur majeur de préservation de notre identité légendaire de pays de paix.
Du reste, ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise parce que rien ne nous oppose en réalité.
Béninoises, Béninois,
L’indépendance de notre pays s’accommode aujourd’hui avec les nécessités d’une gouvernance moderne dont le fondement est la démocratie. Mais que vaut une démocratie qui ne s’accompagne pas de performance économique ? Voilà pourquoi, la bataille économique a toujours été une préoccupation constante de mon gouvernement. Il n’est un secret pour personne que c’est du volume des investissements que dépendent, pour une large part, les possibilités d’accroissement du revenu national.
La Table Ronde organisée à Paris sur le financement du développement répond à l’impératif de compléter nos ressources internes. Comme vous le savez, à la suite de celle-ci, notre pays a obtenu de la Communauté financière internationale, des engagements d’un montant de plus de 12 milliards de dollars US soit plus de 6.000 milliards de FCFA sur les cinq ans.
Je me réjouis que nos partenaires se soient déjà engagés à nous accorder plus de 2.200 milliards de FCFA soit plus de 25% de taux de décaissement de leur part. La mobilisation effective de ces ressources permettra de donner un nouvel élan à notre économie, à travers la réalisation de grands projets structurants et d’avenir. Elle permettra aussi de générer de nombreux emplois pour notre jeunesse et nos femmes. La croissance économique de notre pays s’en trouvera ainsi améliorée. Je rappelle que malgré la conjoncture internationale particulièrement difficile, elle a été en termes réels d’une moyenne d’environ 6% sur la période 2012-2014 dans un contexte de taux d’inflation maîtrisé.
Les réformes en cours permettront de renforcer le cadre macroéconomique et financier. Elles concernent les domaines de l’assainissement de la gestion des finances publiques en vue d’une meilleure qualité des dépenses et le renforcement des capacités des régies financières. Elles prennent en compte également la compétitivité du Port de Cotonou. Il s’agit notamment de :
l’opérationnalisation du Centre commun de pré-dédouanement,
l’instauration du programme de certification des valeurs,
la mise en place dans les tout prochains jours des scanners et systèmes de vidéo surveillance à l’aéroport et au port,
la dématérialisation de la chaîne des finances publiques.
Chers compatriotes, je voudrais rappeler à votre bon souvenir que sur le plan socio-économique mon gouvernement s’emploie depuis lors à relever plusieurs défis au nombre desquels je citerai à titre illustratif les sept (07) défis prioritaires suivants:
Le premier défi est celui du renforcement des infrastructures.
Dans ce domaine, mon gouvernement attache une importance particulière aux infrastructures énergétiques. Je comprends et partage les désagréments et les perturbations qu’occasionnent pour vous tant dans vos ménages que dans vos activités professionnelles les délestages. A cet effet, les efforts du gouvernement ont consisté à porter la demande en énergie de 115 MW depuis 45 ans à 220 MW en 2015, soit près du double de la disponibilité d’énergie en dix (10) ans. La centrale électrique de Maria-Gléta est aujourd’hui fonctionnelle et vient renforcer nos capacités de production. En matière de desserte rurale, le taux a été porté de 3% niveau atteint en 45 ans à 37% en 10 ans, soit 12 fois le niveau initial de 2006 à 2015. Ce taux sera très bientôt amélioré avec l’électrification des 546 chefs-lieux d’arrondissement dont 105 sont en attente.
Les dernières négociations engagées avec les partenaires du secteur permettent de couvrir 200 nouvelles localités ce qui nous permettra d’assurer l’électrification de la totalité de notre pays dans les tout prochains mois à venir. En attendant d’y parvenir, l’insuffisance de la disponibilité en énergie ne nous permet pas d’atteindre un taux de croissance à deux chiffres qui a toujours été notre préoccupation. C’est pourquoi, après la Table Ronde de Paris, mon gouvernement ambitionne tant au niveau de l’Etat qu’à travers le Partenariat Public Privé de porter à moyen terme l’offre d’énergie à près de 1000 MW. Il n’est pas superflu de rappeler que ces réalisations iront au-delà de l’énergie conventionnelle avec comme priorité les énergies renouvelables à savoir : le solaire, l’éolienne, la biomasse, l’hydroélectricité etc.
L’installation des lampadaires solaires sur certaines de nos voies et places publiques, dans certaines de nos communes et la construction de mini-centrales solaires traduisent l’option qu’a faite mon gouvernement pour la promotion des énergies renouvelables.
Dans le cadre de ces énergies renouvelables, avec la signature des accords entre mon gouvernement et les partenaires du secteur, le démarrage des travaux notamment ceux de la construction des barrages hydroélectriques d’Ajarala et de Dogo-Bis est imminent.
Toutefois, les efforts se poursuivent pour faire en sorte que l’énergie entre dans les ménages.
En termes d’infrastructures de transports, la « Boucle Ferroviaire Ouest Africaine » grand projet intégrateur dont fait partie la ligne ferroviaire Cotonou-Parakou-Niamey est dans sa phase active au niveau de notre pays et du Niger.
S’agissant des infrastructures aéroportuaires, les travaux de construction de l’aéroport de Tourou sont en voie d’achèvement et le vol inaugural est attendu pour la fin de l’année 2015. Le projet de construction de l’aéroport international de Glodjigbé, quant à lui, est dans sa phase de finalisation avec le partenaire Sud-Africain.
En ce qui concerne les Infrastructures portuaires, la réalisation des travaux confortatifs au port de Cotonou, à savoir : l’achèvement du dragage du chenal d’accès, l’achèvement du prolongement de la digue ouest permettent au Port d’accueillir des navires de nouvelles générations. De même, l’acquisition d’équipements ultramodernes de manutention par les partenaires stratégiques et la mise en place de mesures sécuritaires dans le cadre du respect du code ISPS ont permis au Port de Cotonou, première entreprise de notre pays, de doubler son trafic en trois ans lequel s’établit aujourd’hui à plus de 10 millions de tonnes. C’est le lieu de rappeler la disponibilité de nos partenaires pour le lancement d’un second port minéralier en eaux profondes. Notre pays jouera alors pleinement le rôle d’intégration économique qui est le sien au profit des pays de la sous-région et d’être à l’horizon 2025 un véritable hub de négoces et services à forte valeur ajoutée.
Enfin, pour ce qui est des infrastructures routières, en dix ans plus de 2800 km de route bitumée ont été bâties contre environ 2800 en 45 ans c’est-à-dire de 1960 à 2006. L’essentiel des nouvelles routes ont surtout consisté à interconnecter notre pays à la sous-région notamment le Nigéria.
Aux travaux routiers s’ajoutent les ouvrages tels que les échangeurs, les ponts, l’aéroport international de Tourou, le pont d’Athiémé, le pavage et l’assainissement de 49 communes avec l’appui de la BOAD et de la BIDC. Le financement des travaux d’assainissement des 28 communes restantes seramobilisé d’ici la fin de l’année en cours.
Le deuxième défi a trait au développement de l’agriculture.
En vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et améliorer les recettes de l’Etat par l’accroissement des cultures d’exportation, mon gouvernement se réjouit du montage désormais chez nous à Ouidah d’engins et d’accessoires agricoles. Le moment est venu pour poursuivre la diversification agricole. La production du coton, notre principale culture d’exportation, a besoin de réformes structurelles et institutionnelles. C’est le lieu de féliciter les producteurs qui en dépit des conséquences néfastes climatiques ont su améliorer la production en la portant à plus de 400.000 tonnes en 2014-2015. Il s’agit aujourd‘hui d’organiser la diversification agricole sur la base d’un partenariat comprenant l’Etat, les producteurs, les micro-producteurs, le secteur privé et les partenaires au développement sur la base d’une meilleure gouvernance. La question de la modernisation ne doit pas être occultée non plus. Il en est de même de la nécessité d’aller plus loin dans la mécanisation agricole et la transformation pour une plus-value afin de régler une fois pour de bon la question de l’emploi des jeunes et des femmes.
Béninoises, Béninois,
Mes chers compatriotes,
Le troisième défi est celui de l’amélioration du climat des affaires.
Les réformes entreprises ont permis, outre la simplification de la formalisation de l’entreprise, le renforcement des capacités des adhérents, la mise en place d’une fiscalité adaptée, la facilitation de l’accès au crédit dans les banques partenaires et diverses formations en matière de gestion de micro entreprises.
Ces réformes offrent également des facilités aux porteurs de projets surtout aux jeunes pour stimuler leur employabilité et faire face à la question épineuse de l’emploi.
Mon Gouvernement appréhende dans ses dimensions tant économiques que sociales ce quatrième défi que constitue l’emploi des jeunes et des femmes.
Plusieurs programmes ont été mis en chantier. J’en citerai quelques-uns à titre illustratif. Il s’agit :
du plan spécial de promotion pour l’emploi, dans le secteur de l’enseignement primaire et secondaire et dans celui de la santé;
du programme Emploi des Jeunes avec l’appui de la Banque Mondiale ;
du programme d’insertion des jeunes dans l’agriculture à travers les centres de formation à l’entreprenariat agricole et l’aménagement de nos vallées ;
du Fonds National de Promotion de l’Entreprise et de l’Emploi des Jeunes ainsi que du Fonds National de la Micro-finance.
L’importance du défi de l’emploi des jeunes a donné lieu à divers programmes mais à de nombreux mécanismes de recrutement tels des agents contractuels de l’Etat, l’ANPE et enfin le Volontariat d’Expertise qui ont permis au gouvernement de créer environ 30 mille emplois au cours des quinze derniers mois. Si toutes les réformes actuellement en chantier aboutissaient, nous irons vers une véritable promotion de l’auto-emploi créateur de richesse.
Chers compatriotes,
Le cinquième défi est celui de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
A ce sujet, le système des Nations-Unies a communiqué les performances de notre pays. Ainsi le taux de pauvreté monétaire a été ramené à 36%, ce qui place le Bénin au premier rang au sein de l’UEMOA. L’objectif en matière de couverture en eau potable a été atteint et notre pays fait partie des rares pays qui réaliseront en 2015 un taux de couverture de 82% contre 75% fixé par les Nations Unies. Dans ce cadre, le Bénin s’est illustré dans sa politique du genre et a reçu le prix de la performance de l’Union Africaine décerné à Johannesburg en juin dernier. En matière de réduction de la faim, notre pays a atteint l’objectif assigné, ce qui lui a permis d’obtenir pour la 2ème fois consécutive le prix de la FAO en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
De même, les objectifs de l’Education Pour Tous ont été largement couverts grâce aux efforts consentis dans le domaine de l’éducation. Ainsi, de 2006 à 2014, le Taux d’Achèvement du Primaire est passé de 64% à 77,6% et l’indice de parité fille-garçon est passé de 0,82 à 0,97. Ces résultats montrent que le Bénin a atteint l’accès universel à l’éducation avec le Partenariat Mondial pour l’Education et assure presque l’équité dans l’accès à l’école.
Au total, notre pays est sur la bonne voie pour réaliser cinq des huit objectifs fixés. Toutefois nous ne pouvons-nous satisfaire d’une croissance qui laisse des frères et sœurs sur le quai, une croissance qui ne favorise pas l’emploi, l’accès aux services sociaux à la majorité des béninois, une croissance qui laisse la femme, c’est-à-dire les 52% de la population de côté. En effet, quoique des résultats satisfaisants sont enregistrés dans tous ces domaines il est important de noter que la qualité du système éducatif nous interpelle.
S’agissant en particulier de l’enseignement supérieur, des efforts ont été faits pour en faciliter l’accès avec l’adoption d’une nouvelle carte universitaire. Le nombre d’apprenants est de 130.000 étudiants, l’un des plus élevé de la sous-région. Le pari à gagner est celui de la qualité de l’enseignement accompagnée d’un programme de financement. Mon gouvernement va accélérer la mise en œuvre des conclusions du forum organisé sur le secteur de l’éducation.
Le sixième défi est celui de la justice et de la lutte contre la corruption
Notre justice a besoin d’être renforcée. C’est pourquoi, j’ai décidé de mettre en place avec l’appui de la Communauté internationale une task Force visant à renforcer la capacité de notre institution judiciaire. Nous devons en effet renforcer les capacités et l’indépendance de notre appareil judiciaire qui participe pour une large part de la lutte contre la corruption. Malgré toutes les initiatives prises depuis les gouvernements successifs, nous n’avons pas encore touché la racine du mal. Le phénomène de la corruption s’est généralisé à cause de l’impunité. C’est pourquoi, j’en appelle à une union sacrée contre l’impunité et j’envisage d’organiser une journée de réflexions pour remédier à ce fléau et identifier et mettre en place les réformes structurelles, institutionnelles de la maison Justice. La question de la réforme de la Haute Cour de Justice pour vite juger les dirigeants devient un impératif.
Chers compatriotes,
C’est avec amertume que je voudrais parler de la question sensible de la corruption et l’actualité m’en donne l’occasion. Je voudrais faire allusion ici au scandale de l’eau objet de notre partenariat entre notre pays et le généreux Royaume de Pays Bas à qui je présente la gratitude et les excuses publiques de tout le peuple béninois. C’est le lieu de rappeler une fois encore à l’opinion publique que tous ceux qui sont impliqués dans ce scandale dramatique seront sévèrement sanctionnés selon les rigueurs des lois de la République. Il me vient en mémoire l’image de cette femme qui me montrait à Guéné (commune de Malanville) dans une cuvette un liquide jaunâtre comme eau que les humains se partagent encore avec les animaux malgré tous les efforts fournis dans ce domaine. Face à cette triste réalité, comment peut-on expliquer, que certains opérateurs économiques et cadres véreux ternissent à ce point l’image du Bénin. Vous mesurez donc combien je souffre avec vous. Au-delà de ce cas ponctuel, à l’analyse, l’on peut aisément comprendre que nous nous trouvons dans un cercle vicieux dans lequel le pouvoir de l’argent téléguide les politiques et l’administration qui influent sur la justice pour promouvoir l’impunité et la grande dépendance de la justice. Il nous faut absolument constituer une union sacré de toutes les forces démocratiques pour dynamiter ce cercle vicieux à l’égard de l’argent. C’est un fléau sur lequel un certain nombre de mesures sont en chantier pour lutter contre la corruption et l’impunité et je voudrais ici féliciter les magistrats qui se battent pour que la noblesse de leur métier soit de mise et qui souffrent de l’image ternie à cause de ces pratiques peu recommandables de certains de leurs collègues. La justice de mon pays, vue comme le pilier de démocratie, est alors placée devant ses responsabilités.
Le rappel des progrès ainsi enregistrés dans chaque domaine constitue la preuve que le gouvernement s’efforce d’apporter des réponses aux préoccupations inhérentes à notre marche vers la prospérité.
Mes très chers compatriotes,
Ces progrès n’ont pu être réalisés sans la contribution de nos partenaires au développement. C’est pourquoi, en votre nom à tous je leur exprime la reconnaissance de la Nation pour leur soutien dans le renforcement de notre processus démocratique, le progrès économique et le bien-être social.
C’est aussi l’occasion de rassurer les uns et les autres que mon gouvernement prendra toujours ses responsabilités dans la meilleure gestion des appuis de nos partenaires mais également des fonds du contribuable béninois. Cela participe de la bonne gouvernance à laquelle nous sommes tous profondément attachés.
Nous avons encore le temps d’engager une véritable lutte contre la corruption et mettre en place les réformes globales et sectorielles pour améliorer les conditions de vie de notre Peuple quel que soit le prix conformément à mon serment dans le cadre du pacte social qui me lie au Peuple béninois. Je voudrais savoir pouvoir compter sur l’engagement et le soutien de tous.
A tous les ressortissants des pays frères et amis qui vivent parmi nous, j’adresse mes vœux de bonne fête.
Notre fête nationale m’offre aussi l’occasion de féliciter et d’encourager nos forces de défense et de sécurité qui travaillent nuit et jour pour assurer notre protection etla quiétude du pays parfois au prix de leur vie.
La célébration de ce 55ème anniversaire de l’indépendance de notre pays, le Bénin se tient dans un contexte international marqué par des menaces sur la paix et la sécurité mondiale, objet du septième défi.
Partout dans le monde et en Afrique, les acquis en matière de développement sont détruits ou fragilisés par l’intolérance et l’extrémisme religieux avec leurs manifestations sous forme de guerres d’attentats terroristes et de conflits de tout genre. A côté de nous, BokoHaram fait rage. En plus des réponses militaires, notre pays propose la paix par un autre chemin, celui du dialogue interreligieux.
C’est le lieu de saluer la mémoire des victimes de cette horreur et des Forces de défense et de sécurité qui ont payé de leur vie l’accomplissement du devoir national. C’est l’occasion pour Le Bénin d’exprimer sa solidarité par l’envoi d’un contingent de 800 hommes aux côtés de leurs frères d’armes du Nigeria, du Cameroun et du Tchad pour combattre définitivement ces hors la loi
La question sécuritaire est en réalité une affaire de nous tous. Le contexte sécuritaire dans notre sous-région appelle de la part de notre pays, en dépit de la paix dont il jouit, une vigilance permanente de tous les citoyens.
Chers compatriotes,
La célébration de ce 55ème anniversaire, la 10ème dans l’exercice de mes fonctions à la tête de notre pays me rappelle les fêtes tournantes auxquelles nos populations ont adhéré. Je me réjouis de ce qu’elles nous ont permis d’aiguiser en chacun de nous le sentiment d’appartenir à une même nation. J’en garde un souvenir mémorable et saisis l’occasion pour remercier mes compatriotes de tous les départements pour l’accueil chaleureux qu’ils m’ont toujours réservé.
Dans la ferveur de la fête de l’indépendance et en vue d’associer toutes les filles et tous les fils de la Nation à l’œuvre de construction nationale, j’ai décidé, dans l’exercice de mes prérogatives constitutionnelles, d’accorder la grâce à certaines catégories de détenus de nos prisons, qui en remplissent les conditions. Les graciés de 2014 et de 2015 recouvreront leur liberté à partir de lundi 03 août 2015.
Je souhaite à tous une bonne fête nationale, sous le regard bienveillant du Tout-Puissant.
Qu’il daigne éclairer notre chemin et guider nos pas.
Vive la République !
Vive le Bénin !
Que Dieu bénisse le Bénin !
Bonne fête à chacune, à chacun et à tous !
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