« Moi Adama Barrow, je jure d’exercer fidèlement la charge de président de la République… » : la voix grave, le tout nouveau président dans un boubou immaculé, a prononcé la phrase consacrée devant un parterre de diplomates, et d’officiels sénégalais, dirigé par le Premier ministre Abdallah Dionne.
Contrairement à leur promesse fait antérieurement, aucun des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) n’était présent.
Après ces mots salués par les applaudissements de l’assistance, Adama Barrow a dans un court discours appelé à « l’union de tous les Gambiens », saluant au passage un évènement « historique » pour son pays qui vit pour « la première fois depuis son accession à l’indépendance, un changement au sommet de l’Etat produit par les urnes ».
Le caractère « historique » de cette prestation de serment a aussi été relevé par l’Union africaine, le Cedeao et l’Organisation des Nations-unis à travers une déclaration conjointe.
Quel sort pour Yahya Jammeh ?
Passée l’étape de l’investiture, le suspense reste entier autour du sort de Yahya Jammeh, menacée par la Cedeao d’une intervention militaire imminente. Son mandat a officiellement expiré le 18 janvier 2017 minuit : la Cedeao avait fixé la fin officielle du mandat comme « ultimatum » et annoncé que ses forces sont « prêtes à intervenir ».
Des informations relayées par les médias faisant état d’une résolution de l’ONU attendue au alentours de 18H00 GMT et qui devait donner le feu vert et l’approbation de la communauté internationale pour lancer l’offensive conte Jammeh.
Dans l’attente de cette décision, toutes sortes de rumeurs circulent et sont relayés par les réseaux sociaux voire des médias dans certains cas. Quelques médias sénégalais avaient même annoncé le début de la guerre dès l’après midi du 18 janvier, ce qui s’est révélé inexact par la suite. Au même moment, une médiation, qualifiée de la « dernière chance » était tentée par le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Après son entretien avec Yahya Jammeh, le président mauritanien s’était ensuite rendu à Dakar le même jour pour des entretiens avec M. Barrow et avec le président sénégalais Macky Sall qui ont duré tard dans la nuit. Le communiqué officiel attendu jusque tard dans la nuit à Dakar dakaroise ne sera pas au rendez-vous, signe d’un échec des pourparlers.
Face à cette impasse, le suspense reste entier sur le sort de Jammeh, lâché par la majorité de ses ministres et aussi par l’armée de terre.Peu avant la prestation de serment du président Barrow, La chaine de télévision Aljazeera, annonçait la démission de la vice-présidente Isatu Njie Saydi, au gouvernement de Jammeh depuis 1997.
Réactions mitigées
Selon plusieurs médias, l’Etat major de l’armée gambienne, dirigée par le général, Ousmane Badji, a prévenu que ses troupes ne combattront pas. Après avoir été convié au dernier sommet France-Afrique, tenu du 13 au 14 janvier 2017 à Bamako, Adama Barrow, séjourne depuis à Dakar, « confié » au Sénégal à la demande de Cedeao, pour des « raisons de sécurité ».
Au sortir de la cérémonie, le président Barrow qui a brièvement répondu aux questions de la télévision nationale sénégalaise, a fait savoir qu’il va former son gouvernement dès son retour en Gambie. Un retour qui se fera « rapidement » selon lui.
L’investiture de Barrow en territoire « étranger », était diversement appréciée sur les réseaux : « fin de parcours pour Jammeh », a ainsi écrit le journaliste Francis Laloupo sur so compte Twitter. Sur le meme réseau social, la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini Zuma, a salué un moment « historique pour les Gambiens et pour tous les Africains ».
Sur Facebook, les internautes étaient partagés entre le soulagement, l’espoir à l’idée de voir s’ouvrir une nouvelle page de l’histoire de la Gambie et le regret d’assister à une « incongruité » avec un ^résident qui prête serment hors de son pays.
Quant au Gambiens, des centaines par eux ont multiplié les messages de félicitations à leur président et de remerciements au Sénégal et à la Cedeao.Adama Barrow, a été élu en décembre 2017 à la tête de la Gambie. Il a été déclaré vainqueur le 2 décembre, par la Commission électorale, avec 45,5 % des voix, contre 36,7 % pour Yahya Jammeh.
Ce dernier, à la surprise générale, a d’abord accepté les résultats et adressé des félicitations publiques à son adversaire, avant d’opérer ne semaine après à un revirement spectaculaire, installant le pays dans une impasse.Disant ne plus reconnaître les résultats, il a multiplié les manœuvres et stratagèmes pour ne pas céder le pouvoir. La communauté internationale, la Cedeao en tête, lui a opposé un refus catégorique exigeant qu’il quitte le pouvoir ou qu’il soit démis de force.
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