Gambie : Jammeh en Guinée Equatoriale et des questions…

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Faute d’annonce officielle de la part des médiateurs, on a d’abord beaucoup spéculé sur la destination finale de l’avion abord duquel a embarqué l’ancien chef d’Etat gambien depuis l’aéroport de Banjul, en compagnie du président de Guinée, Alpha Condé. Ce dernier aura été le « sauveur » qui a épargné à Jammeh une fin pareille à celle qu’ont connu d’autres chefs d’Etat avant lui.

Finalement, c’est une fois à Conakry où il n’aura fait qu’une escale pour changer d’avion qu’on saura qu’il a choisi la Guinée équatoriale comme « terre d’exil ».

Selon les certains analystes, ce choix s’explique par le fait que la Guinée équatoriale, contrairement à une majorité de pays africains, n’est pas signataire du « Traité de Rome » ayant institué la Cour Pénale internationale (CPI).

Cette sortie de crise aura en grande partie été rendue possible par les pressions exercées su l’ex-président gambien par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a dès le début du contentieux pris fait et cause pour le président nouvellement élu, Adama Barrow, qui se trouvait encore au Sénégal d’où il a prêté serment.

Le départ en exil de l’ex-président Jammeh constitue l’aboutissement de plus 48 heures d’attente infernale pour les Gambiens, marquée par une série d’ultimatums fixés par la Cedeao à Jammeh mais plusieurs fois repoussés pour donner la chance à la diplomatie.

La Cedeao avait menacé d’user de la force pour déloger l’ex-homme fort de Banjul si ce dernier persistait dans son refus de ne pas céder le pouvoir à Barrow, vainqueur de la présidentielle du 1er décembre 2016, se la Commission électorale.

Cet ultimatum avait d’abord été fixé au 18 janvier2017 à minuit, date à laquelle expirait officiellement le mandat de Jammeh. Il a ensuite été repoussé au moins par deux fois jusqu’à ce 21 janvier 2017.

Dans un communiqué conjoint, publié dans la même soirée, déjà jugée « historique » par certains, la Cedeao, l’Union africaine et l’ONU ont tenu à saluer « la bonne volonté et la diplomatie » de Jammeh qui pour « le plus grand intérêt du peuple gambien, et afin de préserver la paix, la stabilité et la sécurité de la Gambie a décidé de faciliter un processus de transition pacifique et ordonné le transfert immédiat du pouvoir au président Adama Barrow ».

Alors que les soldats de la Cedeao, étaient déjà sur le sol gambien, prêts à frapper, la médiation du président guinéen Alpha Condé et son homologue de Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz a été décisive, ce après l’échec d’une première tentative en solo du Mauritanien dans la nuit du 18 au 19 janvier.

Sur les réseaux sociaux, le départ de l’autocrate gambien est t salué par les citoyens gambiens mais aussi par beaucoup d’autres ressortissants africains.

Cependant des voix continuent de s’élever pour critiquer le choix de la « facilité », au regard des exactions et des divers crimes reprochés à Jammeh durant ces 22 ans au pouvoir, dans ce petit pays de moins de 2 millions quasiment enclavé dans le Sénégal, qu’il a dirigé avec poigne, ne laissant aucune chance aux voix dissidentes..

Les pressions de la Cedeao, ont finalement eu raison de Yahya Jammeh, et devrait permettre l’ouverture d’une nouvelle ère pour la Gambie, sous la houlette du président Barrow, vainqueur inattendu d’une présidentielle à l’issue tout aussi surprenante.

Face à l’entêtement de Jammeh et aussi pour des raisons de sécurité, la prestation de serment du nouveau président avait eu lieu au sein de l’ambassade de Gambie à Dakar ou le nouveau président a appelé dans son discours à « l’union » des tous les Gambiens, précisant qu’un gouvernement serait aussitôt mis en place, dès son retour en Gambie. Un retour auquel plus rien ne s’oppose désormais avec le départ du pays de son prédécesseur.

Arrivé au pouvoir grâce à un coup d’état sans effusion de sang contre le président Dawda Jawara, Yahya Jammeh alors lieutenant dans l’armée, s’est au fil du temps mué en « maître absolu » de la Gambie.

Ses 22 ans à la tête du pays ont été caractérisés par des violations massives des droits de l’Homme, le refus de toute parole dissidente. L’opposition, la presse et la société civile ont payé un lourd tribut dans leur difficile quête de changement, particulièrement pendant ses dernières années. Jammeh parti, reste à savoir comment le nouveau pouvoir va gérer tout ce passif sans mécontenter personne. Et ce ne sera pas son unique défi.
 

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