Ouestafnews – Les Ghanéens se rendent aux urnes, le samedi 7 décembre 2024, pour élire un nouveau président et des députés. Ce double scrutin intervient à une période où le Ghana traverse une grave crise économique. Selon des experts interrogés par Ouestaf News, la situation économique sera un élément déterminant dans le choix des électeurs.
Plus de 18,7 millions d’électeurs sont inscrits pour ce scrutin qui permettra de choisir le successeur au chef de l’État sortant Nana Akufo-Addo. Ce dernier a effectué ses deux mandats prévus par la loi et ne peut plus se représenter.
Douze candidats sont en lice pour la présidentielle. Pour le Parlement, plus d’une dizaine de partis politiques et de candidats indépendants sont en compétition pour 276 postes de députés.
Depuis 2022, l’économie ghanéenne s’est fortement dégradée. Le taux d’inflation est passé de 31,5 % en 2022 à 40,3 % en 2023, avec une hausse des prix des denrées alimentaires et la dépréciation de la monnaie, selon le rapport « Perspectives économiques en Afrique, 2024 » de la Banque africaine de développement (BAD).
Le taux de change du Cedi ghanéen par rapport au franc CFA a atteint son plus bas niveau début novembre 2024, lorsqu’un cedi valait 36,496 FCFA, selon Wise, une entreprise britannique spécialisée dans le transfert d’argent.
Ces difficultés économiques risquent de peser sur la balance au moment du vote, selon le Pr Peter Quartey, directeur de recherche statistique, sociale et économique (Isser) de l’Université du Ghana dans un entretien avec Ouestaf News.
Pr Quartey souligne que lorsqu’on parle d’économie, on ne peut pas se contenter de regarder uniquement le Produit intérieur brut (PIB). D’autres facteurs entrent en jeu, le taux de change ou l’inflation. Tout ceci à des répercutions sur les secteurs de l’éducation, de la santé et des infrastructures, entre autres.
« Tous ces éléments seront donc pris en compte par les électeurs » au moment du vote, explique le chercheur.
Le PIB du Ghana se situe à 76,37 milliards de dollars en 2023, contre 78,79 milliards de dollars pour la Côte d’Ivoire, selon les données de la Banque mondiale.
Malgré les difficultés économiques signalées, la dette publique a diminué entre 2022 et 2023 passant de 92,4% du PIB en 2022 à 84,9% en 2023, selon des informations fournies par la BAD.
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Afin d’éviter l’effondrement de son économie, le Ghana avait obtenu, en mai 2023, un financement de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI). Cet accord a été perçu comme un revers pour le président sortant, Nana Akufo-Addo. En 2019, il avait décidé de mettre un terme à la coopération avec le FMI, pour marquer une nouvelle ère d’émancipation pour le Ghana, disait-il à l’époque.
Les difficultés économiques se sont également accompagnées d’une hausse constante du taux de chômage. Ce taux était, pour les 15 à 24 ans, deux fois plus élevé que le taux global (14 %), avec 30 % de sans-emploi en 2022, selon le Service statistique du Ghana.
Avec plus de la moitié de la population, soit près de 24 millions de personnes âgées de moins de 35 ans, selon le Service statistique du Ghana, les jeunes électeurs, « plus sensibles aux questions économiques et aux perspectives d’emploi », pourraient avoir un impact important sur le résultat de l’élection, estime l’enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), Dr Seydina Omar Sèye.
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Hormis l’économie, une polémique autour de la crédibilité du fichier électoral a marqué la période avant le scrutin. En septembre 2024, le Congrès national démocratique (NDC) avait dénoncé des irrégularités dans la gestion du fichier électoral et porté des accusations contre la commission électorale.
Toutefois, il semble que les acteurs politiques soient revenus à de meilleurs sentiments, selon le Pr Peter Quartey. Il affirme que les deux principaux partis politiques, le NPP (le Nouveau parti patriotique, pouvoir) et le NDC, ainsi que les autres partis, ont « accepté et validé le registre ».
Quel que soit l’issue du scrutin, le prochain président héritera « d’une tâche complexe, nécessitant à la fois une gestion habile des finances publiques et des politiques centrées sur le développement économique et social », selon Pr Sèye de l’UCAD.
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