Ouestafnews – L’application de taxes dans le secteur du mobile money au Ghana va à l’encontre de la politique d’inclusion financière prônée par l’Etat, a estimé le directeur Afrique subsaharienne de GSMA.
«C’est une réelle source d’inquiétudes. Quand vous taxez les transactions, vous portez préjudice aux personnes les plus en marge du système financier », estimé Akinwale Goodluck, dans des propos relayés par la plateforme Ghanaweb.
En effet, la taxation des produits et transactions dans ce sous-secteur de l’économie numérique est de plus en plus envisagée par l’Etat ghanéen.
Pour le directeur Afrique subsaharienne de la GSMA, la taxation va rimer avec un renchérissement des coûts et surtout elle va progressivement décourager les plus démunis et les détourner du mobile banking.
Le mobile banking est généralement défini comme étant la possibilité offerte aux usagers par les institutions financières de faire à distance des transactions via leur téléphone mobile.
Secteur dynamique
Le secteur est dans une forte dynamique de croissance. Selon des chiffres officiels, entre 2016 et 2017, le montant global des transactions est passé de 78,5 milliards à 156 milliards de cédis soit un taux de progression de 98%.
L’Etat ghanéen tente de juguler un déficit budgétaire consécutif à la baisse des prix du cacao et des cours du baril de pétrole qui ont marqué les années 2016 et 2017.
De l’avis des observateurs, le gouvernement qui a comme objectif de ramener son déficit budgétaire à 6% du Produit intérieur brut (PIB), voit dans le dynamique sous-secteur du mobile banking une opportunité d’augmenter encore son assiette fiscale.
La taxation du mobile banking est évoquée depuis février 2017 par le ministère de la Communication. Toutefois, la minorité à l’Assemblée nationale s’est prononcée contre un tel projet.
En 2012, le Ghana a signé la déclaration de Maya, un ensemble de principes en matière de développement de politiques d’inclusion financière, formulée par un groupe d’institutions de pays en développement un an plus tôt au Mexique.
Pour Akinawale Goodluck, ce que le pays risque de perdre, c’est l’opportunité d’une « meilleure inclusion sociale et financière ».
Au Ghana (28 millions d’habitants), le taux de bancarisation tourne autour de 40%, selon la Banque mondiale.
Dans ce pays, qui l’un des moteurs économiques de l’Afrique de l’Ouest, on compte quatre opérateurs de téléphonie mobile.
L’économie numérique assure 6,5% du PIB de la CEDEAO
Dans son rapport 2018, sur l’économie mobile en Afrique de l’Ouest, la GSMA souligne que la région compte 176 millions d’abonnés uniques au mobile.
Fin 2017, l’Afrique de l’Ouest, définie par la région géographique correspondant aux 15 États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), comptait 176 millions d’abonnés uniques. Le taux de pénétration global des abonnés a atteint 47 % en 2017, 28 % de plus qu’au début de la décennie.
Selon ce rapport, l’écosystème de la téléphonie mobile contribue de manière significative à l’économie de l’Afrique de l’Ouest et représente une création de valeur ajoutée économique de 37 milliards de dollars (soit 6,5 % du PIB).
La GSMA représente les intérêts des opérateurs de téléphonie mobile dans le monde entier. Elle réunit près de 800 opérateurs et 300 sociétés appartenant à l’écosystème mobile.
En Afrique de l’Ouest, les opérateurs de téléphonie qui sont au cœur du mobile banking sont critiqués pour leurs tarifs jugés élevés dans certains pays d’Afrique. A cela, il faut ajouter les complaintes récurrentes sur la qualité de leurs services.
MN/ad
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