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Guinée-Bissau : menacée d’expulsion, la délégation de la Cedeao quitte le pays

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Ouestaf News – Une mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), venue en Guinée-Bissau pour « favoriser un consensus » sur les élections du 30 novembre 2025, a quitté précipitamment le pays dans la nuit du 1er mars après des menaces d’expulsion du président Umaro Sissoco Embaló. Cette situation survient dans un contexte de tension politique entre le chef de l’Etat et l’opposition qui réclame son départ car son mandat a expiré le 27 février 2025.

« A la suite des menaces d’expulsion proférées par son S.E. Umaro Sissoco Embaló », une Mission de la Cedeao a été forcée de quitter la Guinée Bissau le 1er mars « au petit matin », a annoncé l’organisation sous régionale dans un communiqué consulté par Ouestaf News.

Selon la Cedeao, la mission en question s’était rendue dans le pays afin « de soutenir les efforts des acteurs politiques et autres parties prenantes pour parvenir à un consensus politique » qui permettrait la tenue des élections prévues fin 2025.

L’intervention de la Communauté sous régionale fait suite à l’annonce du président Embaló de fixer les élections présidentielle et législatives au 30 novembre 2025. Mais le hic est que son mandat présidentiel a officiellement expiré depuis le 27 février 2025.

Cette situation a poussé l’opposition à appeler à une « paralysie totale » du pays à travers des manifestations sur l’étendue du territoire bissau-guinéen. Selon plusieurs médias sur place, cet appel a été peu suivi.

Conduite par l’ambassadeur Bagudu Hirse, chef de la délégation, et assistée de Babatunde O. Ajisomo et Serigne Mamadou Ka, la mission de la Cedeao devait s’étaler du 21 au 28 février 2025. Son objectif était d’apaiser les tensions autour de la date des élections et d’élaborer une feuille de route consensuelle, selon le document de la Cedeao.

Après une audience avec le président Umaro Sissoco Embaló, les émissaires de la Cedeao ont engagé des consultations avec différents acteurs politiques, la société civile et des partenaires internationaux, a précisé la même source.

Réagissant sur la Radio France Internationale (RFI), l’ancien Premier ministre Aristides Gomes, estime que la rencontre que la mission a eu avec des leaders de l’opposition a contrarié le chef de l’État, qui était alors en déplacement à l’étranger. Selon lui, le président bissau-guinéen considère cette initiative comme une atteinte à son autorité.

Ce n’est pas la première fois que le président Embaló s’oppose à une mission de la Cedeao. En 2020, après s’être autoproclamé président avec le soutien de l’armée, il avait déjà expulsé des représentants de l’organisation sous prétexte d’ingérences dans les affaires nationales.

L’incertitude politique semble aujourd’hui à son comble. Le mandat de cinq ans du président Embaló, qui avait prêté serment le 27 février 2020, est contesté par l’opposition. Pourtant, début février, la Cour suprême bissau-guinéenne avait déclaré que ce mandat se terminerait le 4 septembre 2025.

En décembre 2023, Umaro Sissoco Embaló avait dissous le Parlement, dominé par l’opposition, après une tentative de libération de deux membres du gouvernement détenus pour des soupçons de détournement de fonds publics. Il avait ensuite fixé des élections législatives anticipées pour novembre 2024 avant de les reporter sans fixer de nouvelle date, invoquant des difficultés logistiques et financières.

En septembre 2024, le président Embaló avait d’abord annoncé qu’il ne briguerait pas un second mandat, avant de revenir sur sa décision, la conditionnant à la volonté de ses partisans.

Face à cette instabilité et à l’appel de l’opposition à manifester dans tout le pays, le gouvernement a décidé d’interdire les rassemblements et a déployé des forces de sécurité dans la capitale, rapportent plusieurs médias.

La Cedeao continue de plaider pour une feuille de route consensuelle et des élections inclusives et pacifiques malgré l’expulsion de sa mission. Son rapport sur la situation bissau-guinéenne sera soumis prochainement à la présidence de l’organisation régionale, précise le communiqué de la délégation.

 HD/md


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