Imprévisible et toujours égal à lui-même, le président Jammeh, s’est rétracté une semaine tout juste après avoir reconnu sa défaite. Du coup l’éventualité d’un remake de la crise post-électorale qu’a connue la Côte d’Ivoire il ya cinq ans hante tous les esprits. Après des moments d’euphorie ayant suivi la proclamation des résultats, le rêve de changement et d’une alternance pacifique à Banjul a très vite pris les allures d’une farce.
La victoire annoncée d’Adama Barrow, homme politique quasi inconnu du paysage politique a plongé des milliers de Gambiens dans une joie immense. Le 02 décembre 2016, la commission électorale donnait les résultats favorables à Barrow (45,6 % des voix), devant un Yahya Jammeh (36,7 %,) fort de ses 22 ans de règne. Mais à la surprise générale ce dernier accepte sa défaite.
Exactement une semaine plus tard, c’est le volte-face : Jammeh, qui avait publiquement adressé ses félicitations à son adversaire rejetant les résultats et accuse la Commission électoral de partialité. Il annonce un recours devant la cour suprême. Douche froide pour les Gambiens, vexation pour la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui envisage aujourd’hui de plus en plus une intervention militaire pour déloger Yahya Jammeh.
En attendant une intervention militaire
Une opération probable face à l’entêtement ferme du président sortant et en vue de laquelle, le Sénégal est désigné comme tête de pont, selon les révélations du président de la commission de la Cedeao, Marcel Alain de Souza. En attendant, la date du 19 janvier 2017, marquant la fin de la durée légale du mandat de Yahya Jammeh, l’incertitude plane sur ce minuscule pays de moins de 2 millions d’âmes, totalement encastré dans le Sénégal à l’exception d’une petite façade maritime. Avec la détermination affichée de la Cedeao, certains observateurs avertissent qu’il n y’a pas de « risque zéro » en matière d’intervention militaire.
« Il y a un risque aussi bien pour les Sénégalais vivant en Gambie que pour les Gambiens qui ne soutiennent pas Yahya Jammeh, c’est pourquoi je suggérerais une intervention rapide pour limiter les dégâts », a déclaré à Ouestafnews, Seyni Diop, colonel à la retraite de l’armée sénégalaise, aujourd’hui consultant en Défense et Sécurité. Au niveau des chefs d’Etats de la sous région, la sortie du président guinéen Alpha Condé, qui préfère « la solution diplomatique », est pour l’instant la seule voix discordante.
Yahya Jammeh qui a dirigé la Gambie de façon autocratique depuis 22 ans, s’accroche pour l’instant à l’arbitrage de la Cour suprême, qui doit se prononcer sur son recours le 10 janvier 2016. Une farce de mauvais goût selon certains observateurs puisque dans ce pays, la justice est sous la botte de Jammeh qui non seulement nomme et dégomme les magistrats à sa guise. Chose étrange pour un Etat souverain, il a souvent fait appel à des juges étrangers (ghanéens, nigérians, et même parfois pakistanais…) qu’il place à la tête des plus hautes juridictions du pays.
Une autre alternance au Ghana
Au Ghana, c’est un scénario contraire qui s’est déroulé, avec la victoire au premier tour de l’opposant Nana Akufo-Addo, une alternance qui fortifie l’image du Ghana comme place forte de la démocratie en Afrique. Exit donc John Dramani Mahama, battu au premier tour par Nana Akufo-Addo (72 ans) lors de la présidentielle du 07 décembre 2016.
Le New Patriotic Party (NNP) la formation de l’ex-président John Kufuor retrouve donc le pouvoir, sous la houlette de l’avocat Akufo-Addo qui se présentait pour la 3ème fois à la présidentielle. Confronté à une situation économique difficile avec une forte inflation et la chute des cours du brut, une tâche ardue attend donc le nouveau président qui a promis à ses compatriotes des milliers d’emplois en plus de l’exécution des projets déjà entamés par son prédécesseur.
Côte d’Ivoire : succès électoraux en série pour Ouattara et les siens
Après avoir obtenu sa réélection fin 2015 avec plus de 80% des voix au premier tour, le président Alassane Ouattara soutenu par le Rassemblement des Houphouetistes pour la paix et la démocratie (RHDP) a fait une razzia lors des élections législatives du 18 décembre 2016, emportant 167 siège sur les 254 en jeu.
Deux mois auparavant, le camp présidentiel avait remporté un autre succès politique majeur avec l’adoption de la nouvelle constitution soumise à référendum. Cette nouvelle charte fondamentale consacre la création d’un poste de vice-président en plus du renforcement des pouvoirs de la primature. Ce qui laisse l’opinion publique épiloguer à souhait sur la succession d’Alassane Ouattara qui a déjà entamé son second et dernier mandat de quatre ans.
Une succession à venir dans trois ans et demi et qui constitue déjà un casse-tête pour Alassane Ouattara, selon certains. Il va sans dire que les décisions sur la nomination du prochain vice-président et sur la reconduction ou non de Guillaume Soro au perchoir de l’Assemblée, sont vivement attendues.
Mali : l’impossible accord
Au Mali, des élections locales sans grand entrain ont été remportés par le RPM (Rassemblement Pour le Mali, parti au pouvoir), en novembre. Mais pour ce pays, c’est plus la situation au Nord que les résultats électoraux qui retient l’attention des citoyens. La concrétisation de l’accord signé depuis plus d’un an reste encore un vœu pieux, de même que le retour effectif de l’administration dans les bastions de l’ex-rébellion, comme dans la ville de Kidal.
Depuis la signature de cet accord, les observateurs constatent un manque de confiance entre les acteurs dont aucun ne veut déposer les armes avant d’avoir des garanties sures.
Sur le terrain, les attaques fréquentes contre les convois de la Minusma (mission onusienne) ou contre des positions de l’armée régulière malienne, montrent que l’insécurité n’a pas totalement disparu.
Burkina Faso : nouvelle cible des groupes armés
Depuis la mi-janvier, on a enregistré au moins de 10 attaques perpétrées sur le sol burkinabé faisant un bilan total de 50 morts et 70 blessés, en plus des enlèvements.
Le Burkina de Roch Marc Christian Kaboré, élu en 2015, est devenue une cible des groupes dits « djihadistes ». Une conséquence du chaos sécuritaire malien qui affecte durement le voisin burkinabè.
Venu présenter ses condoléances au lendemain de l’attaque d’un cantonnement de l’armée burkinabé qui a tué une dizaine de soldats, le 16 décembre 2016 à Nassoumbou (extrême nord, près de la frontière malienne), le président malien Ibrahim Boubacar Keita, proposait la mise en place de patrouilles mixtes.
Un des plus grands défis de la sous région en 2016 aura été la sécurisation de l’espace sahélien. Si au Mali des efforts restent à faire, au Nigeria et au Niger des succès notables sont engrangés dans la guerre contre la secte Boko Haram, qu’on décrit comme étant en perte de vitesse, face à la détermination du gouvernement fédéral nigérian et de ses alliés dans la sous région..
Le raid sur la forêt de Sambissa (dans l’Etat de Borno, au nord du Nigeria) considéré comme le principal fief de la secte a permis aux forces de sécurité niérianes de procéder à l’arrestation de plus de milles présumés combattants dont des femmes. Côté nigérien, le premier ministre Mohamed Bazoum, a lui annoncé la reddition d’une trentaine de combattants,
Pour faire face au péril sécuritaire, ailleurs auss dans la sous région, les Etats essaient de s’organiser, comme le Nigeria l’a fait avec ses voisins immédiats..
Regroupés au sein du G5 Sahel (crée en 2014), le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Mali et la Mauritanie ont élaboré une « stratégie globale de défense et de développement», selon les informations rendues publiques par le secrétaire permanent de l’organisation, Najim Elhadj Mohamed. Le financement de cette initiative nécessite la somme de 10 milliards d’euros, particulièrement attendue des partenaires internationaux.