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Il faut d’ abord se rappeler que l’euro a été créé pour une valeur quasiment égale au dollar. Mais après quelques années de fluctuation en baisse et en hausse l’euro commença sa montée par rapport au dollar pour atteindre 50 % de hausse.
On a eu 1 euro égale 1,5 dollar. Ce niveau était critique pour la zone franc et pour l’économie des pays de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine) dont la monnaie est rattachée à l’euro par une parité fixe. Ce qui veut dire que si le cours de l’euro se met en hausse le CFA baisse sur le marché monétaire.
Donc le CFA est surévaluée au niveau critique ci-dessus. Car si l’économie européenne pouvait supporter la dévaluation du dollar par rapport à l’euro, ce n’était pas le cas pour les pays de l’Uemoa.
En effet l’économie de ces pays est très peu flexible du fait que leur possibilité d’offre à l’extérieur n’est pas élastique, contrairement à leur demande extérieure. La variation du cours de l’euro ne leur est pas favorable dans tous les sens et la concurrence des pays extérieurs à la zone peut les gêner beaucoup plus que l’Europe ne l’est par la baisse du dollar.
C’est pour ces raisons et d’autres que l’on peut dire sans aller dans les détails que le CFA peut respirer avec la baisse de l’euro jusqu’ a une certaine limite. Au contraire avec la montée de l’euro au-delà de 50% par rapport au dollar le CFA est surévalué et le risque de dévaluation se présente.
Je voudrais donc dire aux populations de l’Uemoa que le CFA est sorti des turbulences avec le calme des vagues de l’euro et qu’il n’y a aucune dévaluation à craindre dans la situation de l’euro du moment.
Les dirigeants des pays de cette zone comprennent mieux avec la crise grecque, que leur relation avec l’Europe sur le plan monétaire ne leur apporte pas grand-chose et constitue un frein à leur développement.
J ’ai toujours dit aux étudiants avant la création de l’euro que la monnaie de la Grèce n’est pas plus solide que celle de la Mauritanie et que le Sénégal autant que chacun des pays de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) pouvait avoir sa monnaie, et cette indépendance acquise, ils pourraient créer plus facilement une monnaie commune.
Les pays de la zone franc de la Cedeao n’étant pas indépendants sur le plan monétaire ne peuvent pas réaliser cette intégration économique qu’ils prônent depuis 35 ans.
Il faut dire que sur le plan économique, il n’est pas question de revendiquer une indépendance qu’aucun pays n’a au monde. Mais les pays de la zone franc de la Cedeao n’ont pas atteint le degré d’indépendance économique pour réaliser cette intégration. D’ailleurs ils s’orientent vers l’intégration commerciale qui n’est pas opportune pour leur développement.
Ils parlent de l’intégration économique en faisant de l’intégration commerciale alors qu’ils n’ont pas grand-chose à échanger entre eux autant qu’ils échangent avec le Nigeria.
La plupart des pays comme le Sénégal s’ ouvrent largement aux multinationales qui ont restructuré l’ économie internationale pour l’instauration de l’économie mondiale dont elles ont établi les mécanismes de fonctionnement à leur profit : internationalisation de la production ; division internationale du travail et des revenus ; spécialisation internationale de la production, etc.…
Ces multinationales appartiennent aux pays développés qui favorisent leur évolution en leur apportant des appuis directs sur le plan super structurel et des apports indirects par des organismes multilatéraux créés à la fin de la deuxième guerre mondiale qu’ ils manipulent.
La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) et d’autres organismes subsidiaires interviennent directement par des subventions de survie et des prêts dans nos économies dont ils orientent les politiques économiques et sociales. Ils constituent aussi une sorte de caution pour les bailleurs de fonds qui épongent leur surliquidité sous forme de prêts à nos pays.
C’est ce qui a fait le lourd endettement qui constitue une corde au cou de nos pays entre les mains des maîtres de la colonisation par le capital avec la Banque Mondiale et le FMI, ils dictent les politiques économiques et sociales que nos pays doivent appliquer impérativement sous la surveillance de la Banque Mondiale et du FMI qui constituent les mains invisibles de cette nouvelle forme de colonisation.
Je crois qu’il est grand temps de faire la synthèse des multiples séminaires et colloques et créer un petit groupe ou comité de recherche qui dégagerait sur le plan monétaire la voie d’accès à la souveraineté internationale.
Cette recherche doit aboutir à la création d’une nouvelle monnaie commune indépendante. Ce qui permettrait à chaque Etat d’avoir la possibilité de faire sa politique monétaire comme les pays européens avec leur monnaie unique.
La banque centrale ne sera plus un épiphénomène et la gestion de nos devises ne poserait plus de problème. L’autre solution sera la création de la monnaie nationale par chaque Etat comme la Mauritanie.
*Ancien professeur d’économie à l’Université Cheikh Anta Diop, Ely Madiodio est aujourd’hui consultant et dirige un institut d’études et de recherche qu’il mis en place depuis sa retraite.
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