L’UEMOA suit de près l’application de sa directive sur l’égal accès des étudiants aux Universités de l’espace communautaire

0
700

Ouestafnews – Une directive de l’UEMOA appelle les universités des pays membres à donner d’égales chances d’accès aux étudiants ressortissants de l’Union, notamment par le paiement dans un pays des mêmes frais d’inscription aussi bien par les nationaux de ce pays que les étrangers provenant de l’Union, cette directive a-t-elle rencontré l’adhésion des toutes les institutions universitaires et celle de tous les acteurs concernés ? Sa mise en œuvre est-elle vraiment effective ?

Augustin Niango – L’adoption d’une directive communautaire est le résultat d’un processus qui se déroule de la façon suivante : conduite d’une étude préalable dans les Etats membres, concertations avec les acteurs concernés, dans le cas d’espèce, universités et ministères de l’enseignement supérieur de tous les Etats membres de l’Union, proposition d’un projet de texte soumis aux experts et ministres du secteur concerné avant adoption par le conseil des ministres statutaire. Aucune Directive n’est donc traitée à la légère, ni imposée par la Commission. Par ailleurs, les directives fixent des périodes pendant lesquelles les Etats prennent les mesures nécessaires pour assurer leur application pleine et entière. Ces périodes, négociées au moment de l’adoption du texte, tiennent largement compte des contraintes que peuvent rencontrer les Etats pour ajuster leurs dispositions nationales à la directive. Le processus ainsi décrit a été suivi pour l’adoption de la Directive n° 01/2005 sur les droits universitaires des ressortissants de l’Union, adoptée en septembre 2005 et rendue obligatoire qu’en 2008, soit trois ans après.

Ouestafnews – oui, mais là vous nous expliquez le processus technique, la question porte plutôt sur les résultats concrets et pratiques, ne vous a-t-on pas signalé des blocages quelque part dans la mise en œuvre ?

Augustin Niango – Je m’en tiens à ce qui a été dit. Pour les blocages, nous suivons la situation mais il est trop tôt pour en tirer des conclusions. De toutes les façons, il est prévu de rendre compte de l’application de la directive à nos instances de décision.

Ouestafnews – L’UEMOA soutient une initiative pour la mise en œuvre de « pôles d’excellence» dans la sous région, quelles sont les institutions qui bénéficient de ce programme ? A-t-on déjà évalué l’impact ou les résultats de cette initiative ?

Augustin Niango – Le Programme d’appui et de développement des centres d’excellence régionaux est destiné à renforcer les capacités de recherche et de formation de haut niveau des institutions d’enseignement supérieur. Au total douze institutions ont ainsi été labellisés « centres d’excellence de l’UEMOA » ( voir liste) et bénéficient d’un appui financier destiné à les renforcer. Il est encore trop tôt pour apprécier l’impact du programme. Son évaluation est prévue en fin d’année. Ce que l’on peut cependant dire après deux années de mise en œuvre, est que le programme est jugé pertinent par les centres qui ont trouvé dans les appuis de l’UEMOA (1,5 milliards de francs CFA au total) un moyen de se positionner comme de véritables institutions régionales, voire mondiales. Le cas de l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) de Ouagadougou est édifiant de ce point de vue.

Ouestafnews – Jusqu’à présent le travail de la Commission semble s’intéresser presque exclusivement aux institutions d’enseignement supérieur publiques, que fait-elle déjà ou que compte-elle faire pour mettre de l’ordre et harmoniser le secteur de l’enseignement supérieur privé dans la sous région? Un cadre normatif sous régional est-il envisageable ?

Augustin Niango – L’intervention de l’UEMOA vise à renforcer l’enseignement supérieur, qu’il soit public ou privé. Pour le moment, l’UEMOA a surtout travaillé à mettre les acteurs de l’enseignement supérieur autour d’une table et à voir avec eux ce qu’il ya de mieux à faire pour que l’intervention communautaire consolide les efforts nationaux. La question d’un cadre normatif régional de l’enseignement supérieur privé n’a pas encore été vraiment abordée quoiqu’elle préoccupe de plus en plus les Etats et que nous soyons sensibles aux nouveaux défis auxquels les autorités nationales sont confrontées face au développement du secteur privé de l’enseignement supérieur.

Ouestafnews – Le recteur de l’Université de Dakar s’est récemment plaint des "lenteurs" et de "la bureaucratie" au sein de la commission de l’UEMOA, qui selon lui, freinent la mise en œuvre effective de la réforme LMD (Licence Master Doctorat) – avez-vous une réponse à cette critique ?

Augustin Niango – Avant toute chose, je voudrais souligner toute l’importance que l’UEMOA accorde à cette réforme LMD qui a fait l’objet d’une Directive communautaire, la Directive n° 03/2007 du 04 juillet 2007. Les fonds obtenus auprès de la BAD, d’un montant total de 20 millions d’unités de compte, soit environ 15 milliards de francs CFA, sont destinés à en accompagner la mise en œuvre, l’UEMOA y contribuant sur ses ressources propres à hauteur de 3,5 milliards de francs CFA.

Comme vous devez le savoir, les dons et prêts projets de la BAD font l’objet de plusieurs décaissements conditionnés par le strict respect des procédures de la Banque et la présentation de justificatifs approuvés. L’exécution du Projet d’appui à l’enseignement supérieur est donc soumise à ces règles et son démarrage nécessite le respect d’un processus relativement long et exigeant. Nous regrettons de n’être pas allés aussi vite que souhaité mais le plus dur a été fait et les premières actions devraient démarrer dans les tous prochains mois.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici