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La force «seule» ne vaincra pas Boko Haram (analyste)

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Last Updated on 07/08/2015 by Ouestafnews

Ouestafnews – La force « uniquement » ne permettra pas au Nigeria d’éradiquer Boko Haram, a estimé le politologue nigérian Adekoya Boladale, alors que le déploiement d’une force multinationale est annoncé dans les prochains jours par l’exécutif nigérian.

Le Nigeria entouré de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Bénin et le Niger est en train de finaliser la composition d’une force multinationale contre les insurgés de Boko Haram, décrit comme une « secte islamiste ».

« La force internationale en préparation, a semble t-il ragaillardi la secte au lieu de freiner la virulence de ses attaques », selon M. Boladale qui s’exprimait dans un entretien exclusif accordé à Ouestafnews. Selon lui, l’action militaire à elle seule ne pourra vaincre Boko Haram.

Depuis la prestation de serment de Muhammadu Buhari, fin mai 2015, la secte a intensifié ses attaques meurtrières, avec des attentats-suicides perpétrés non seulement au Nigeria mais aussi au Tchad, au Cameroun et au Niger. A l’exception du Bénin tous les pays membres de la force multinationale en préparation ont été touchés.

Selon le politologue nigérian, en plus de la force, « beaucoup d’efforts doivent être faits par l’administration Buhari en matière de renseignement (…) autrement dit faire tout pour identifier les bailleurs et les sponsors de la secte », ajoute-t-il, estimant qu’il va falloir « beaucoup d’engagement et de volonté » pour vaincre le péril.

« Boko Haram est un groupe sans foi ni loi, aussi éloigné de l’Islam qu’on peut l’imaginer » affirmait Muhammadu Buhari dans son discours d’investiture, annonçant lors de la même occasion la conduite d’une « étude sociologique pour déterminer les origines, les causes immédiates et lointaines du mouvement, ses soutiens, les connexions internationales… », une fois que Boko Haram serait vaincu.

Composée de 8.700 hommes selon des chiffres officiels, le déploiement de la force multinationale qui semble être l’ultime espoir contre Boko Haram, jugé responsable de la mort de près de 10.000 nigérians depuis son soulèvement de 2009, était annoncée pour fin juillet 2015 à l’issue d’un sommet militaire tenu à Abuja, un mois plutôt.

En attendant, son déploiement qui tarde à se concrétiser, la force multinationale pourrait intégrer dans ses rangs un autre pays : la Guinée. En marge d’une visite officielle de 48 heures au Niger, le président guinéen Alpha Condé s’est dit prêt à s’engager militairement si l’on fait appel à son pays.

« Nous sommes à la disposition de nos amis comme nous avons fait pour le Mali. Nous sommes prêts à faire la même chose pour le Niger et le Nigeria », a déclaré le président Alpha Condé, le 05 août 2015 à Niamey.

Martin Ewi, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS), juge pas très réalistes, les estimations faites, les services de renseignements qui évaluent à 6000 hommes, les forces dont dispose la secte. Ce chercheur estime au contraire que les effectifs de Boko Haram atteigneraient 20.000 hommes.

« La superficie dans laquelle opère Boko Haram, pourrait être trop vaste pour la force multinationale », estime pour sa part la journaliste et chercheure sud-africaine, Liesl Louw-Vaudran dans un article paru sur le site d’ISS.

En attendant la mise en place de la force, M. Buhari, qui s’est rendu au Cameroun et Niger ces derniers jours, multiplie les consultations auprès de ses alliés.

Dans la capitale nigérienne, le président nigérian a réaffirmé sa volonté d’en finir avec la violence et le terrorisme, annonçant la défaite de Boko Haram avant la fin de l’année 2015.

En visite officielle à Washington, fin juillet 2015, il a notamment plaidé (pour l’instant sans succès) pour la levée de l’embargo américain qui frappe son pays sur la vente d’armes.

En effet une loi américaine, notamment l’amendement Leahy, interdit les ventes d’armes à tout pays qui ne présente pas de bilan correcte en matière de respect des droits de l’Homme.

Pour Buhari, en quête d’un soutien franc de la communauté internationale dans sa guerre annoncée contre Boko Haram, cet amendement fait aujourd’hui que les Etats – unis sont de façon  « non-intentionnelle » en train d’aider les insurgés au détriment du gouvernement fédéral nigérian.

Du fait de cet embargo, le président sortant Goodluck Jonathan eut recours au marché noir, après que toutes les commandes d’armes faites au Etats-Unis furent bloquées par le gouvernement américain. En septembre 2014, un avion avec à son bord la somme de 9 millions de dollars avait été saisi dès son atterrissage sur le sol sud-africain. Selon les médias locaux cet argent devrait servir à l’achat d’armes dans le marché noir sud-africain.

« Si l’Amérique n’est pas disposée à soutenir le combat contre Boko Haram , le Nigeria devrait conclure une alliance militaire avec la Russie ou encore la Chine », estime encore Adekoya Boladale.

La force multinationale aura son siège à Ndjamena au Tchad et selon le président Buhari, le Nigeria y a déjà investi 21 millions de dollars.

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