Les ravages du Covid-19 en Afrique n’ont pas encore atteint les sommets dramatiques enregistrés en Europe et aux USA, mais au fil des jours, la panique a fini pars’installer. Les gouvernements affolés, hésitent encore à faire appliquer le confinement, à quelques rares exceptions près. Ouestaf News profite de l’occasion pour donner la parole aux Africains de tout bord, afin qu’ils apportent leur éclairage sur notre manière de faire face à l’épidémie. Au-delà de la seule riposte médicale, il s’agit aussi de saisir cette opportunité pour poser le débat sur l’Afrique, ses défis, son avenir, sa relation avec le reste du monde. Dans ce texte N° 5, Florian Koulimaya militant de la société civile congolaise appelle à des changements de nos manières de faire.
Par Florian Koulimaya*
L’apparition du corona virus (covid-19) a bouleversé l’échiquier mondial, quitte à imposer une certaine solidarité entre continents et une réflexion nouvelle sur leurs rapports. A cet égard, j’en viens à la conclusion que le moment est celui du changement de paradigme.
C’est le moment idéal pour rompre avec les pratiques managériales habituelles ancrées dans nos mœurs qui nous paraissent irréversibles, ainsi que nos habitudes quotidiennes. Il semble donc séant de pousser loin nos réflexions et de profiter de ce moment d’hibernation pour apprendre à bien faire les choses.
L’Afrique de par ces gouvernants ne promeut pas assez ces filles et fils. Avec toutes les richesses qui lui sont propres, elle n’est pas assez industrialisée et donc dépendante des pays du nord. Les politiques publiques et projets de société sur les papiers semblent promouvoir le bien commun, mais dans la pratique c’est autre chose. Ce moment est celui du bilan et de l’introspection.
Nombre d’Africains, avec du potentiel, peuvent aider l’Afrique à sortir de cette situation en optant pour une conjugaison des forces, chacun selon son domaine. Cette situation ne relève pas juste du secteur sanitaire.
Les technologies de l’information et de la communication (TICs), l’agriculture et l’élevage, l’artisanat et/ou la soudure (pensons à ceux qui conçoivent les dispositifs de lavage des mains), les entités de livraison à domicile, les compagnies de transport en commun, la force publique et bien d’autres sont directement concernés et enclins à concourir pour endiguer cette pandémie.
Il est temps pour l’Afrique de se refaire une santé, d’utiliser à bon escient l’expertise de ses enfants et d’aspirer à un avenir meilleur et prospère, car l’après covid-19 sera indéniablement difficile socio économiquement et nécessitera le concours de tous.
L’État dans son rôle régalien de garantir le bien-être social, en assurant la redistribution des revenus, l’allocation des ressources ainsi que la stabilité de l’activité économique, devrait se servir de ce moment pour évaluer ses politiques publiques.
Par ailleurs, nous constatons une acuité de la pauvreté, ce qui n’encourage pas les populations à respecter les mesures de confinement du fait que les ménages, pour leur survie quotidienne, vivent du revenu de la veille.
Certains pays optent pour les aides sociales, alors qu’à priori aucun recensement exhaustif n’a été réalisé, ce qui pourrait compromettre cette bonne intention. Cela devrait interpeller plus d’un. Les mesures à prendre ne doivent en aucun cas être calquées sur celles qui sont prises ailleurs, mais plutôt inspirées de nos réalités.
D’autre part, nous nous apercevons des limites de nos services sanitaires.Selon une étude menée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2018, l’espérance de vie en bonne santé a augmenté dans la région Afrique – passant de 50,9 à 53,8 ans entre 2012 et 2015. Par contre le score de performance consolidée du système de santé est de 0,49. Ceci signifie que les systèmes de santé ne fonctionnent qu’à hauteur de 49% de leur niveau de performance possible.
Une amélioration du système des soins de santé dans les pays Africains semble donc incontournable, au risque de ne pouvoir efficacement endiguer cette pandémie à moyen terme.
En sus, une attention particulière doit être portée sur la transparence dans la prise de décision ainsi qu’à la gestion des fonds inhérents au plan de riposte, car les informations transmises aux populations semblent non exhaustives.
La psychose s’est installée et il est de bon aloi d’apaiser les populations en permettant aussi à ceux qui sont guéris de témoigner, car l’attention est souvent plus portée sur le nombre exponentiel de cas et de décès, plutôt que sur les stratégies de riposte ou les bonnes pratiques, par exemple.
Somme toute, l’encouragement à mettre à profit l’intellect africain est indéniable. Les gouvernements se doivent d’encourager les start-ups, les entreprises, les scientifiques, les artisans, les populations à ne ménager aucun effort, en poussant leurs réflexions pour favoriser la créativité et l’innovation dans le but d’éradiquer cette pandémie.
*Florian Koulimaya, acteur de la société civile en République du Congo, citoyen du monde
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