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Le Nigeria au bord du chaos: Soyinka pour une conférence nationale

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Depuis des mois le pays vit une situation explosive, marquée par des attentats meurtriers dans le nord du pays qui sont attribués à un groupe islamique radical dénommé Boko Haram. A cette violence de type « terroriste » s’est ajoutés de graves troubles sociaux sur l’ensemble du territoire, causés par des manifestations organisées pour protester contre la levée d’une vieille subvention gouvernementale sur les prix des produits pétroliers.

« Depuis des années nous le disons, ‘retrouvons nous, organisons une conférence nationale en toute liberté’ », a affirmé le poète dans un entretien accordé au service anglais de la BBC (chaine de radio publique britannique) avant de rappeler que son pays n’en a jamais connu et que les différentes constitutions adoptées dans au Nigeria n’ont jamais reflété la volonté de la majorité des Nigérians.

« Le problème réside dans le fait que nous n’avons jamais tenu une conférence nationale pour décider du futur de ce pays (le Nigeria) », a poursuivi le dramaturge et poète tout en précisant ne nourrir un quelconque « sentimentalisme » vis-à-vis du concept de « nation ». En dépit de tout, il estime que le « projet de nation nigériane» tel qu’il existe aujourd’hui « mérite d’être poursuivi ». Et selon lui, seule une conférence nationale permettrait de trouver une solution au dysfonctionnement du système qui s’appuie sur « une constitution qui a tout d’abord été élaborée par des pouvoir coloniaux ».

Ces propositions sont faites alors que le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec ses plus de 158 millions d’habitants, vit depuis début des semaines de graves troubles que le président Goodluck Jonathan a décrit comme étant « pires » que ceux de la guerre civile au Biafra, dans les années 60.

Le pays a connu en effet une fin d’année particulièrement meurtrière. Le 25 décembre 2011, plusieurs attentats à la bombe devant divers lieux de cultes chrétiens ont fait plus de 80 morts. Ces attentats ont été attribués au groupe Boko Haram qui réclame l’adoption de la loi islamique (Charria) dans le nord du pays, peuplé majoritairement de musulmans.

Suite à la récurrence de ces attaques, des organisations religieuses chrétiennes ont fustigé l’incapacité du gouvernement central a assurer leur sécurité et ont donc appelé ouvertement à la vengeance. Résultat : l’attaque et le saccage aussitôt après de lieux de culte musulman, notamment dans le sud du pays. Certains analystes n’hésitent plus d’ailleurs à prédire une guerre civile à caractère interconfessionnelle, qui opposerait musulmans et chrétiens.

Face à un tel niveau de violence, les critiques fusent de partout contre le président Jonathan, accusé de « mollesse ». Certains citoyens n’hésitent plus à réclamer sa démission à travers les médias.

Dans un discours à la nation diffusé le 8 janvier 2012, le président a de son côté accusé les membres de Boko Haram, d’avoir infiltré l’ensemble de l’appareil d’Etat, du gouvernement au parlement en passant par les institutions judiciaires et les services de sécurité. Sans aller aussi loin dans l’accusation, le prix Nobel de littérature a lui aussi laissé entendre que Boko Haram a « toujours » été là, depuis longtemps déjà, sous diverses formes ou appellations sans que personne ne réagisse.

C’est sur ce fond de violence interreligieuse que le gouvernement a décidé d’appliquer sa décision de supprimer la subvention sur les produits pétroliers qui a provoqué une montée en flèche des prix du carburant, dont le litre à la pompe, est passé du jour au lendemain de 65 à 140 nairas (206 à 460 FCFA) dans un pays où le taux de pauvreté concerne plus de la moitié de la population.

Les syndicats qui ont pendant des mois tenté de dissuader le gouvernement de surseoir à sa décision, ont lancé depuis le 09 janvier 2012 un appel à la « grève illimitée » alors que les populations manifestent dans les rues. Le refus du gouvernement de revenir en arrière a été à l’origine de violents heurts dans plusieurs parties du pays, entre manifestants et forces de l’ordre qui ont fait cinq morts, dès le premier jour.

Pour le gouvernement central, l’arrêt de la subvention permettrait d’économiser 6 milliards de dollars qui se seront affectés à la remise à niveau des infrastructures, dont quelques raffineries actuellement peu productives qui obligent le pays à importer des produits pétroliers finis.

Mais pour la plupart des personnalités à la tête de la contestation, cette subvention constitue « la seule » retombée positive que les citoyens ordinaires tirent de la manne pétrolière de leur pays, pourtant considéré comme le plus grand producteur de pétrole en Afrique.

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