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Liberia : fin de l’idylle entre Weah et les Libériens

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Ouestafnews – Près de deux ans après son élection à la tête du Liberia, le président Georges Weah fait face à une forte défiance populaire. A l’origine de la cassure, la corruption jugée rampante et la morosité économique.

La venue au pouvoir de Georges Weah, ancien footballeur professionnel alors adulé par ses compatriotes, avait été accueillie avec beaucoup d’espoir et de joie par une grande majorité de ses compatriotes. L’arrivée au sommet du pouvoir de cet homme issu des milieux populaires avait été considérée par les masses laborieuses comme une nouvelle ère.

Deux ans après son investiture beaucoup commencent à déchanter au regard de la conjoncture économique difficile, marquée par une inflation qui a fait monter en flèche les prix des denrées de première nécessité. Selon la Banque centrale libérienne, le taux d’inflation a atteint un taux record de 31% en août 2019. Une première pour ce pays qui depuis 1969, a toujours connu un taux d’inflation autour de 9%.

Parallèlement à cette montée des prix, les banques ont été frappées par des problèmes de liquidités qui ont eu pour conséquence un retard dans le paiement des salaires au cours de l’année 2019.

Les difficultés économiques se traduisent aussi par un blocage des banques, ce qui a occasionné le retard des paiements de salaires des fonctionnaires. Dans son  discours sur l’état de la Nation, prononcé le 27 janvier 2020 devant les parlementaires à Monrovia, le président Weah érige l’allègement de l’inflation en priorité

Pour y arriver, le gouvernement compte sur l’accompagnement du «Fonds monétaire international (FMI) qui vient d’accorder une facilité de crédit de 213 millions de dollars dont 23 millions de dollars déjà transférés à la Banque centrale libérienne», a annoncé le président Weah.

Selon les chiffres donnés par le président dans son discours du 27 janvier, les difficultés économiques se traduisent par une faible croissance économique,qui se situe à 1% et une forte dépréciation du dollar libérien qui a chuté de 20% par rapport au dollar américain.

Le déficit fiscal s’est aussi creusé davantage, passant de 4,1% en 2017 à 6,2% en 2019, selon la Banque mondiale. D’après la même source, l’économie est victime d’une faible mobilisation fiscale qui en 2019 n’atteint que 12,1% du produit intérieur brut (2,158 milliards de dollars) et d’un gonflement de la masse salariale (10,1% du PIB) qui représente les deux-tiers du total des dépenses publiques.

Le président libérien a promis dans son discours un audit et une réforme du système de paie de la fonction publique.

L’équation de la corruption

«Tous les individus et toutes les entreprises impliqués dans des cas de corruption seront traduits devant la justice», a souligné le président Weah dans son discours. Il urge aussi de récupérer les «fonds publics spoliés depuis des décennies », a par ailleurs promis le président libérien qui a annoncé le recours à un «cabinet mondialement reconnu» et spécialisé dans le recouvrement de fonds.

Ces propos qui sonnent comme une réponse au mouvement de la société civile dénommé «Council of Patriots » qui a été à l’origine des manifestations populaires contre le pouvoir entre juin 2019 et janvier 2020. Ce mouvement dénonce la corruption en accusant le pouvoir en place de ne pas faire assez pour enrayer le phénomène.

Lors de la première manifestation populaire de juin 2019, le «Council of Patriots» réclamait des comptes au président, à propos du décaissement de 25 millions de dollars  tiré du compte dont dispose le pays à la réserve fédérale américaine.

Initialement, ces fonds devaient être injectés pour soutenir l’économie mais comme le relève plusieurs médias nationaux et internationaux, une enquête commanditée par le gouvernement a montré des écarts dans la répartition de cet argent ne correspondant pas aux montants annoncés.

La Banque centrale se trouve aussi au cœur d’une affaire d’impression illégale de billets de banque (100 millions de dollars) qui a valu l’arrestation de son directeur Milton Weeks et de son adjoint, Charles Sirleaf, le fils de l’ex-président Ellen Johnson Sirleaf.

Dans cette dernière affaire qui avait éclaté quelques mois après l’investiture de Georges Weah, il est attendu l’ouverture du procès des personnes interpellées.

En plus du processus de recouvrement des fonds, le président Weah a aussi promis dans son discours du 27 janvier 2020, « le renforcement de la loi portant création de la commission nationale de lutte contre la corruption afin de lui donner plus de pouvoirs et aussi une amélioration de la législation actuelle sur le blanchiment d’argent ».

MN/ts


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