Ouestafnews – Les Libériens ne sont pas prêts à retomber dans les travers du passé, a estimé Nadia Ahidjo, coordonnatrice du programme de gouvernance politique et stabilisation de la démocratie à Open Society Initiative For West Africa (Osiwa), pour qui les risques d’un retour à l’instabilité sont « minimes ». Ce mardi, le Liberia tient une élection présidentielle qui va marquer la fin de l’ère Ellen Johnson-Sirleaf, qui achève son second et dernier mandat à la tête de ce pays.
La coordonnatrice du programme de la stabilisation de la démocratie à Osiwa est convaincue que « les risques d’un retour à l’instabilité politico-économique sont minimes ». « Les tendances actuelles sont favorables à un maintien de la stabilité », a-t-elle soutenu, dans un entretien exclusif avec Ouestafnews.
Elue en 2006, après quatorze années de guerre civile, Ellen Johnson Sirleaf a réussi à replacer le pays au rang des démocraties du continent, comme l’atteste son bon score à l’édition 2012 du rapport Mo Ibrahim sur la bonne gouvernance.
«La méfiance mutuelle entre les principaux acteurs et institutions politiques continue d’entraver l’efficacité de la gouvernance politique », lit-on dans le document stratégie pays 2013-2017 de la Banque africaine de développement (BAD). Cela fait craindre chez certains un retour à l’instabilité politique, après le retrait de Mme Johnson.
Toutefois, on ne devrait pas s’inquiéter, d’après Mme Ahidjo, car explique-t-elle, « aucun candidat (ils sont vingt) n’a proféré aucun discours de haine, de violence. Ils ont prôné la paix, le vivre ensemble et le maintien de la stabilité politique».
Le rôle de la société civile
«La société civile a fait un gros travail dans la consolidation de la démocratie à travers des campagnes de sensibilisation. Et pour également prévenir les dangers d’une instabilité politique », analyse Nadia Ahidjo. Au sortir de la guerre, la société civile libérienne s’est très tôt lancée dans le combat pour la réconciliation et la démocratisation de ce pays fondé par une colonie d’esclaves affranchis.
«La Commission Vérité et Réconciliation a été créée en 2005 par des organisations de la société civile, de partis politiques et des organisations non gouvernementales régionales et internationales », mentionne le rapport 2012 sur la situation des droits de l’homme au Liberia.
Pléthore de candidats, une seule femme
Quelque 2,2 millions électeurs sur une population totale de 4,6 millions sont appelés aux urnes. Ils éliront leurs députés et leur nouveau président (ou leur nouvelle présidente). Environ 21% des 2,1 millions d’inscrits, âgés de 18 à 22 ans, vont voter pour la pour la première fois, alors que l’âge moyen des électeurs est de 35 ans, selon la Commission électorale.
Vingt candidats sont en lice pour succéder à la lauréate du Prix Nobel de la paix en 2011. Georges Weah et Joseph Boakai sont entre autres les « favoris » de cette compétition.
Georges Weah, ancien footballeur professionnel est sans doute l’un des favoris de ce scrutin. Il se présente pour une troisième fois après 2005 et 2011.
Crédité d’une « popularité » dans la population libérienne grâce à la « ligne de démarcation » qu’il a su tracer entre les politiques classiques et lui. « Weah » laissent certains sceptiques. « Nombreux sont ceux qui doutent encore sur sa capacité à mettre en place un gouvernement » constate Nadia Ahidjo.
La colistière de l’ex footballeur n’est autre que Jewell Taylor, ex-épouse de Charles Taylor chef de guerre condamné le 26 septembre 2013 par la CPI. Depuis 2007, il purge sa peine dans une prison britannique. L’autre outsider sérieux est Joseph Boakai remplaçant d’Ellen Johnson Sirleaf. Ce dernier fut vice-président pendant les deux-mandats de M. Sirleaf.
« Les libériens ont envie de changement et beaucoup de projets n’ont pas été menés à bout par l’administration sortante dont faisait partie M. Boakai», estime Mme Ahidjo.
Joseph Boakai, ministre de l’Agriculture du Liberia de 1983 à 1985 a joué un rôle actif pour mettre fin à la pandémie Ebola en 2014-2015 en plaidant la « détresse » de son pays partout dans le monde.
«L’urgence de santé publique de portée internationale liée à Ebola en Afrique de l’Ouest a été déclarée terminée le 29 mars 2016. Au total, 28 616 cas confirmés, probables et suspects ont été notifiés en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, dont 11 310 décès.»
Ces conclusions sont tirées du rapport de situation sur la maladie à virus Ebola de l’organisation mondiale de la santé publié le 2 juin 2016.
Le Liberia qui a été dirigé pendant douze ans par une femme ne verra qu’une seule femme concourir à cette élection en la personne de MacDella Cooper. Cette dernière a annoncé sa candidature depuis octobre 2016.
Cet ex-mannequin international et philanthrope est la présidente de la « fondation MacDella Cooper » qui est une organisation non gouvernementale destiné à améliorer les conditions de vie des femmes et enfants du Libéria.
Selon Nadia Ahidjo, les chances de MacDella Cooper sont minimes du fait de «son manque d’expérience politique et de son passé de top model».
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