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Liberia : Weah face aux défis de la reconstruction

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Ouestafnews – L’ancien footballeur George Weah (51ans), qui vient d’être élu président du Liberia, doit s’atteler à la reconstruction économique et sociale, a estimé un observateur de ce pays ouest africain.

«Les priorités sont nombreuses à  la suite de la longue crise politico-militaire. Le pays est rentré dans une autre phase de crise avec Ebola qui a complètement mis à genou l’économie », a estimé Ibrahima Aïdara, dans un entretien accordé à Ouestafnews.

En charge de la gouvernance économique de l’Ong Open Society Initiative for West Africa (Osiwa), M. Aïdara estime que George Weah, majoritairement soutenu par les jeunes, sera attendu sur les questions d’emploi, d’éducation et de santé.

Des défis qui, selon l’expert d’Osiwa, nécessitent une «refondation du système de fourniture de service public».

Le dilemme de la souveraineté alimentaire

Le 2 janvier 2017, George Weah accordait à Reuters sa première interview en tant que président élu. Un entretien où il a défini deux priorités de son mandat : la souveraineté alimentaire et la remise à niveau des infrastructures. En fait, 60% des Libériens vivent de l’agriculture. Ce qui n’empêche pas ce pays d’importer 80% de ses besoins alimentaires de base.

« Je veux que le pays soit autosuffisant pour pouvoir exporter (…). Nos voisins exportent et nous pouvons faire de même », a déclaré George Weah, dans son entretien avec Reuters.

De l’avis d’Ibrahima Aïdara, cet objectif ne peut être atteint sans une «restructuration de l’agriculture et de la politique foncière (…) essentiellement dominées par les grandes exploitations au détriment des petits producteurs qui constituent la majorité du système de production».

«Aussi longtemps que ces petits producteurs n’auront pas accès à des terres productives, particulièrement les femmes, la question de la sécurité alimentaire qui est un de ses objectifs prioritaires ne sera jamais réalisée», soutient M. Aïdara.

Pour le Docteur Gilles Yabi, le fondateur de Wathi (think tank basé à Dakar), la relance de l’agriculture reste la clé de l’amélioration des conditions de vie des populations.

Le Docteur Yabi identifie le secteur agricole comme «une solution au problème d’emplois qui frappe la jeunesse ».
«C’est un pays où il y a eu beaucoup de déplacements de populations des zones rurales vers Monrovia (capitale) avec la guerre civile. Et l’agriculture peut permettre aujourd’hui d’occuper beaucoup de jeunes», estime Dr Gilles Yabi.

Miser sur les ressources naturelles

L’élection d’Ellen Johnson Sirleaf en 2003 consacrait la fin d’une terrible guerre civile (1989-2003) qui a coûté la vie à une bonne centaine de milliers de personnes.

La forte croissance qui a marqué les débuts de l’ère Johnson Sirleaf est aujourd’hui aux oubliettes. M. Weah, qui  sera bientôt investi président, hérite d’une situation économique difficile marquée par la chute des prix du fer qui, en 2016, a assuré 30% des gains à l’exportation, selon le gouvernement.

«Aujourd’hui le grand défi pour le nouveau président est la mobilisation des ressources, étant entendu que le Liberia est une économie très dépendante de l’extérieur», souligne Ibrahima Aïdara.

Pour pallier cette situation, M. Aïdara juge nécessaire, pour le nouveau président, de revoir la gestion des ressources naturelles où prévaut une forte emprise des entreprises étrangères. « Il va falloir renégocier les contrats, revoir la taxation, la fiscalité pour maximiser les revenus de l’Etat et les reverser dans les secteurs prioritaires », souligne-t-il.

«Les priorités, c’est créer les conditions pour qu’une véritable économie se développe mais cela doit être quelque chose de l’ordre du moyen terme», ajoute Dr Gilles Yabi.

Quid de la corruption ?

De l’avis de nombre d’observateurs, le débat sur la corruption va certainement occuper une place centrale au cours du magistère de George Weah.

Dans ce pays où le taux de pauvreté touche 60% de la population, la corruption reste prégnante. Dans la dernière édition de l’indice de Transparency international sur la perception de la corruption, publiée en janvier 2017, le Liberia se classe 90ème sur 170 pays avec un score de 30 points sur 100.

«Il y a eu effectivement une amélioration de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. Mais sur le terrain, le bilan n’est pas convaincant et l’ancienne présidente l’a reconnu», a expliqué à Ouestafnews l’analyste politique Gilles Yabi.

Ce dernier pense que lutter contre ce fléau revient à «agir de manière systémique avec des mesures qui limitent les opportunités de corruption dans les administrations».

ON/mn/fd/ad


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