Par H. Tidiane SY*
Je passe outre les commentaires sur le résultat des « enquêtes » du ministère de l’Intérieur du seul fait que l’on ne peut être juge et partie à la fois. Pour plus de crédibilité, cette enquête aurait dû être menée par une commission « indépendante ».
De telles démarches (la nécessité de commissions indépendantes en cas de besoin) doivent d’ailleurs être une nouvelle exigence citoyenne au sein de nos Etats pour la consolidation des acquis démocratiques.
Pour une structure à vocation sous régionale comme la nôtre (Ouestafnews), il serait toutefois impardonnable d’oublier qu’avant les deux confrères sénégalais, il y a eu le Nigérien Moussa Kaka qui depuis septembre 2007 croupit toujours en prison au Niger, en dépit de toutes les demandes adressées aux autorités de Niamey (y compris une humiliante demande de clémence non exaucée).
Il y a eu en décembre 2004 l’affaire du Gambien Deyda Hydara, lâchement assassiné et dont les meurtriers courent toujours.
Il y a eu avant Deyda, l’assasinant de Norbert Zongo, calciné au Burkina Faso un jour de décembre 1998, meurtre dont les auteurs et commanditaires restent impunis.
Il y a eu encore l’affaire d’un autre Gambien « Chief » Ebrima Manneh, enlevé depuis deux ans par les services de sécurité de son pays… qui refusent de le relâcher en dépit d’une injonction de la Cour de Justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest faite à son pays de le libérer..
Nous passerons sur l’arrestation rocambolesque en juin 2007 des quatre directeurs de publication du Mali suite à la ridicule et non moins rocambolesque affaire dite de « la maîtresse du président… »
Et voilà aujourd’hui la liste des Etats-compagnons du Sénégal sur les peu glorieux sentiers de la régression démocratique, mais surtout dans un domaine où le Sénégal faisait naguère figure de « pionnier » et de « modèle », sa presse.
Tous les observateurs et analystes sérieux en sont convaincus, la liberté de presse au Sénégal, recule. Et elle recule sérieusement et très dangereusement.
En l’espace de huit ans, nombre d’acquis ont été remis en question. Nombre de confrères et consoeurs ont été interpellés, humiliés, menacés, tabassés, traduits en justice, emprisonnés.
Ce sont là des faits indéniables. C’est une situation injuste. Cela constitue une intolérable régression.
Mais que l’on ne s’y trompe point : cette régression dans le domaine des libertés (liberté de presse et libertés publiques en général) est à l’image de ce qui se passe dans toutes les autres sphères de la vie publique.
A moins de considérer la presse comme un champ isolé ou un domaine à part qui évoluerait dans une tour d’ivoire – j’allais dire dans une tour virtuelle – la presse donc ne peut aucunement espérer faire exception.
En réalité ici, comme dans bien d’autres secteurs, le Sénégal a depuis quelques années choisi le nivellement par le bas, préférant se comparer à d’autres nations qui il n’y a guère enviaient au Sénégal son image de « vitrine démocratique » reconnue par tous.
C’est ce Sénégal envié et adulé par tous, qui a permis d’écrire la belle page d’un soir du 19 mars 2000, page aujourd’hui il est vrai défraîchie, écornée et lamentablement jaunie – à en juger par la nature et la qualité des sujets qui dominent le débat.
Raison donc pour se mobiliser.
Mais au delà du Sénégal, cette mobilisation doit porter sur l’ensemble de la sous région ouest africaine de Bamako à Abuja en passant par Ouagadougou, Freetown, Lomé, Bissau, Abidjan…un espace qui, qu’on le veuille ou pas, a désormais son destin lié. C’est notre conviction à Ouestafnews.
Il serait illusoire de vouloir construire un Bénin ou une Guinée Bissau qui serait un îlot de quiétude, de paix et de progrès, dans un océan en ébullition.
Ceux qui ont tué Deyda se sont certainement inspirés du cas Zongo dt de l’impunité qui s’en est suivie.
Demain, les mêmes pourraient inspirer d’autres encore si la riposte n’est pas à la mesure des assauts et des pertes subis. Entre temps, il est vrai, d’autres martyrs seront tombés. Et d’autres nations seront tentées par « l’expérience » sénégalaise, à savoir : le nivellement par le bas.
Oui, ils n’aspirent tous qu’à cela : nous mener vers le bas, toujours plus bas. Aucun citoyen Ouest africain ne doit l’accepter.
*Fondateur Ouestafnews
Je passe outre les commentaires sur le résultat des « enquêtes » du ministère de l’Intérieur du seul fait que l’on ne peut être juge et partie à la fois. Pour plus de crédibilité, cette enquête aurait dû être menée par une commission « indépendante ».
De telles démarches (la nécessité de commissions indépendantes en cas de besoin) doivent d’ailleurs être une nouvelle exigence citoyenne au sein de nos Etats pour la consolidation des acquis démocratiques.
Pour une structure à vocation sous régionale comme la nôtre (Ouestafnews), il serait toutefois impardonnable d’oublier qu’avant les deux confrères sénégalais, il y a eu le Nigérien Moussa Kaka qui depuis septembre 2007 croupit toujours en prison au Niger, en dépit de toutes les demandes adressées aux autorités de Niamey (y compris une humiliante demande de clémence non exaucée).
Il y a eu en décembre 2004 l’affaire du Gambien Deyda Hydara, lâchement assassiné et dont les meurtriers courent toujours.
Il y a eu avant Deyda, l’assasinant de Norbert Zongo, calciné au Burkina Faso un jour de décembre 1998, meurtre dont les auteurs et commanditaires restent impunis.
Il y a eu encore l’affaire d’un autre Gambien « Chief » Ebrima Manneh, enlevé depuis deux ans par les services de sécurité de son pays… qui refusent de le relâcher en dépit d’une injonction de la Cour de Justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest faite à son pays de le libérer..
Nous passerons sur l’arrestation rocambolesque en juin 2007 des quatre directeurs de publication du Mali suite à la ridicule et non moins rocambolesque affaire dite de « la maîtresse du président… »
Et voilà aujourd’hui la liste des Etats-compagnons du Sénégal sur les peu glorieux sentiers de la régression démocratique, mais surtout dans un domaine où le Sénégal faisait naguère figure de « pionnier » et de « modèle », sa presse.
Tous les observateurs et analystes sérieux en sont convaincus, la liberté de presse au Sénégal, recule. Et elle recule sérieusement et très dangereusement.
En l’espace de huit ans, nombre d’acquis ont été remis en question. Nombre de confrères et consoeurs ont été interpellés, humiliés, menacés, tabassés, traduits en justice, emprisonnés.
Ce sont là des faits indéniables. C’est une situation injuste. Cela constitue une intolérable régression.
Mais que l’on ne s’y trompe point : cette régression dans le domaine des libertés (liberté de presse et libertés publiques en général) est à l’image de ce qui se passe dans toutes les autres sphères de la vie publique.
A moins de considérer la presse comme un champ isolé ou un domaine à part qui évoluerait dans une tour d’ivoire – j’allais dire dans une tour virtuelle – la presse donc ne peut aucunement espérer faire exception.
En réalité ici, comme dans bien d’autres secteurs, le Sénégal a depuis quelques années choisi le nivellement par le bas, préférant se comparer à d’autres nations qui il n’y a guère enviaient au Sénégal son image de « vitrine démocratique » reconnue par tous.
C’est ce Sénégal envié et adulé par tous, qui a permis d’écrire la belle page d’un soir du 19 mars 2000, page aujourd’hui il est vrai défraîchie, écornée et lamentablement jaunie – à en juger par la nature et la qualité des sujets qui dominent le débat.
Raison donc pour se mobiliser.
Mais au delà du Sénégal, cette mobilisation doit porter sur l’ensemble de la sous région ouest africaine de Bamako à Abuja en passant par Ouagadougou, Freetown, Lomé, Bissau, Abidjan…un espace qui, qu’on le veuille ou pas, a désormais son destin lié. C’est notre conviction à Ouestafnews.
Il serait illusoire de vouloir construire un Bénin ou une Guinée Bissau qui serait un îlot de quiétude, de paix et de progrès, dans un océan en ébullition.
Ceux qui ont tué Deyda se sont certainement inspirés du cas Zongo dt de l’impunité qui s’en est suivie.
Demain, les mêmes pourraient inspirer d’autres encore si la riposte n’est pas à la mesure des assauts et des pertes subis. Entre temps, il est vrai, d’autres martyrs seront tombés. Et d’autres nations seront tentées par « l’expérience » sénégalaise, à savoir : le nivellement par le bas.
Oui, ils n’aspirent tous qu’à cela : nous mener vers le bas, toujours plus bas. Aucun citoyen Ouest africain ne doit l’accepter.
*Fondateur Ouestafnews
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