Ouestafnews – La corruption dans le secteur public en Afrique reste encore très prégnante et sous tendue par certains « moyens de légitimation », ont estimé des participants à un débat public portant sur la lutte contre ce phénomène.
Au Sénégal par exemple, « aucun secteur de la vie publique n’est épargné par la corruption », a estimé Cheikh Tidiane Ba, membre du forum civil, antenne sénégalaise de l’Ong Transparency international, faisant référence aux dernières études sur le sujet publiés en juillet 2013.
M. Ba s’exprimait dans le cadre d’un débat public organisé à Dakar par la rédaction Afrique de la BBC (le service public britannique).
Dans cette étude, « les Sénégalais dans leurs interrelations avec leur administration ont identifié, la police, la justice, le parlement et la santé comme étant les secteurs les plus corrompus », a-t-il précisé.
Selon, M. Ba, ce constat est généralement aggravé par les « moyens de légitimation » au niveau de certains, agents du public qui donne le prétexte de la faiblesse supposée des salaires qui ne permettent pas de répondre aux attentes sociales.
Cet argument est toutefois affaibli par le nombre important de hauts cadres très bien payés par l’Etat et qui, malgré tout, succombent à l’appât du gain facile. Au Sénégal par exemple, plusieurs ministres et dirigeants d’entreprise sont cités dans les affaires d’enrichissement illicite alors qu’on sait que leur niveau de revenus devait en principe les mettre à l’abri du besoin.
L’opération « Epervier », lancée au Cameroun pour lutter contre l’enrichissement illicite, et qui a été parfois cité lors de ce débat, a également mis en cause de hauts responsables au niveau de l’Etat.
Pour Estelle Atakpa du Groupe international d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest (Giaba, basé à Dakar), pour lutter efficacement contre la corruption au sein du public, il faut passer par un renforcement des institutions. Mais ajoute-telle, le grand problème réside principalement dans la « faiblesse » qui caractérise parfois ces institutions de lutte contre la corruption.
Il d’ailleurs ressorti des échanges que les institutions à elles seules ne suffisent pas à combattre le phénomène, s’il n’y a pas de volonté politique réelle au sommet de l’Etat.
En Afrique l’administration publique est généralement perçue comme la principale niche de corruption et chaque année, l’essentiel des pays figurant dans la zone rouge de l’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International appartiennent à l’Afrique subsaharienne.
En Afrique de l’ouest, hormis le Cap-Vert qui affiche depuis plusieurs années un classement honorable sur cet IPC, les autres pays affichent des résultats en dent de scie et peinent à s’inscrire dans la durée.