Ouestafnews – À quelques jours du Sommet des Acteurs du Changement (SACH) 2025, prévu les 11, 12 et 13 février à Dakar, Ashoka, l’organisation initiatrice ambitionne de rassembler des décideurs politiques, experts, représentants du secteur privé et jeunes leaders pour explorer les enjeux de l’éducation et de l’employabilité des jeunes en Afrique. Innovation sociale, collaboration multisectorielle et apprentissage continu seront au cœur des discussions avec une vingtaine de partenaires. Pour mieux comprendre les objectifs et les attentes autour de ce sommet, nous avons rencontré M. Tchanlandjiou Kparé, directeur régional d’Ashoka. Ashoka est une ONG qui promeut l’entrepreneuriat social en soutenant et en mettant en relation des entrepreneurs sociaux individuels, dans un large réseau mondial.
Ouestaf News – Quelles sont les motivations qui poussent Ashoka à organiser ce sommet sur l’éducation, la formation et l’employabilité des jeunes en Afrique ?
Tchanlandjiou Kparé – Merci de nous donner l’occasion de revenir sur l’essence même du sommet des acteurs du changement baptisé le SACH 2025. Notre continent, l’Afrique, étant le plus jeune de tous, a besoin qu’on lui apporte des solutions pour sa jeunesse en quête d’emploi, en particulier, mais qui cherche aussi à donner un sens à sa vie. Il est donc question pour nous, de comprendre ces dynamiques afin de proposer des solutions.
Ouestaf News – Des sommets et forums sur l’éducation, il y en a à foison. Quelle est la particularité de la rencontre organisée par Ashoka ?
T.K – Nous ne souhaitons pas organiser un forum ou un sommet de plus, mais venir avec une nouvelle approche. Nos différences apparaissent déjà dans la conception de ce sommet avec sa co-création par des acteurs de l’écosystème de l’éducation, de la formation et de l’employabilité. Ce n’est pas Ashoka qui est venu avec cette idée de sommet, c’est plutôt une vingtaine de partenaires, d’organisations et d’acteurs majeurs de cet écosystème-là qui se sont entendus pour organiser cette rencontre. Et au-delà du design, il y a aussi le contenu. Ce sommet appelle tous ses acteurs à venir proposer et partager des solutions aux problématiques soulevées dans un esprit de collaboration et de mutualisation des fonds et des efforts. Nous voulons essentiellement éviter les répétitions pour nous situer dans une dynamique de vulgariser des solutions pour la jeunesse africaine.
Ouestaf News – En mutualisant les ressources avec des partenaires, quels ont été vos critères pour les choisir ?
T.K – Nous avons différents types de partenaires. Les partenaires qui sont dans le design que nous avons appelés des co-leads. Pour eux, il faudrait déjà que l’organisation soit pionnière en termes de proposition de solutions. Cela veut dire que ceux qui nous rejoignent excellent dans l’innovation, en particulier par leur approche des problématiques et dans la manière dont elles proposent leurs solutions.
Le second critère, c’est la capacité et l’intérêt qu’a cette organisation à être ouverte et à travailler avec d’autres. Cela renseigne sur leur capacité à travailler en équipe. Le troisième critère qui n’est pas de moindre importance, c’est l’engagement du staff et de tous les membres pour le succès de l’organisation. Le top management est vraiment dans cette dynamique de partage et de collaboration.
Ouestaf News – Les problématiques comme celles que vous avez au programme sont complexes, mais sont à la mode. Comment vous différenciez-vous, encore une fois ?
T.K – Effectivement, nous sommes dans un monde où, concernant les questions d’employabilité, d’éducation ou de formation, il y a énormément d’acteurs et d’intervenants qui font la même chose pour les mêmes cibles. C’est ce que nous appelons la « fatigue des projets ». Les populations bénéficiaires voient X intervenir pour dispenser des formations dans la capacitation. Après, Y vient faire la même chose pour la même cible et ainsi de suite sur plusieurs sujets… Nous ne voulons pas de ces formules répétitives.
L’autre élément, c’est que nous sommes dans un monde où les ressources financières se raréfient. Donc, quand on est dans la répétition, on amoindrit l’impact. D’où notre démarche en faveur de la mutualisation des efforts. X et Y qui vont faire la même formation ou la même intervention pour la même cible, peuvent regrouper leurs efforts, ressources et compétences pour accompagner les cibles avec leur expertise respective. C’est un moyen plus efficient et plus efficace de répondre ainsi aux défis auxquels sont confrontées ces communautés. C’est la dynamique que le SACH est en train d’enclencher.
Ouestaf News – En dehors des partenaires collaboratifs, en avez-vous d’autres au sein des gouvernements et d’autres institutions ?
T.K – Ce sommet va se dérouler sur trois jours avec des thèmes qui seront discutés dans des panels de haut niveau dont un de type ministériel qui a été co-créé avec l’État du Sénégal. Ashoka et ses partenaires ont saisi justement l’État du Sénégal pour lui demander quelle problématique mérite, selon lui, de faire l’objet d’un panel de haut niveau quand on parle d’éducation, de formation et d’employabilité. Pour nous, il est préférable que le thème vienne des décideurs politiques afin qu’il y ait une meilleure appropriation dans les discussions et par rapport aux solutions qui seront obtenues. Pour un sommet de cette nature, nous attendons 200 acteurs qui sont pour la plupart, à côté des autres participants, des décideurs politiques, des entrepreneurs, des innovateurs, des leaders d’organisations de jeunesse. Il y aura une feuille de route pour un suivi approprié des recommandations qui sortiront de cette rencontre.
Ouestaf News – Avec les innovateurs sociaux et d’autres acteurs de changement, avez-vous identifié des initiatives ou des projets ayant potentiellement de l’impact sur l’éducation, la formation et l’employabilité des jeunes au Sénégal, en Afrique de l’Ouest ou en Afrique en général ?
T.K – Nous avons identifié de très intéressantes initiatives qui méritent d’être dupliquées. Nous avons été très heureux de voir que parmi nos partenaires, il y en a qui ont carrément ré-imaginé le curricula au niveau du lycée et ils ont déjà fait des programmes pilotes. Un de nos partenaires a développé un programme qui s’appelle EDC (Centre pour le Développement de l’Education, en français) au niveau de Saint-Louis où 247 lycées ont déjà été touchés. Il s’agit pour eux d’inclure l’entrepreneuriat dans les curricula et ils font cela en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale.
Nous avons par ailleurs d’autres partenaires pour accompagner les daaras, plus focalisés sur une éducation religieuse. En chemin, nous avons constaté qu’un de nos acteurs qui est membre du sommet a déjà travaillé dans la digitalisation en lien avec les daaras. Cela est très important au regard de ce que nous pourrions faire avec cette digitalisation en termes d’enseignement dans ces daaras. Leur modernisation et l’accès des pensionnaires aux technologies numériques restent des opportunités à explorer.
Ouestaf News – Vous avez parlé aussi des caravanes thématiques. Concrètement, comment cela va se passer ?
T.K – Il y a effectivement une caravane entièrement dédiée à la jeunesse. Elle fait partie de l’agenda du sommet sur les trois jours. La journée du 11 à l’Université Cheikh Anta Diop a été baptisée Pré-sommet Jeunesse, elle est entièrement dédiée aux décideurs, aux organisations qui interviennent sur les questions de jeunesse. L’idée de la caravane pour nous, est de donner de la pratique, de la matière aux jeunes, leur donner l’occasion de faire connaissance avec certaines organisations qui font des choses extraordinaires, intéressantes pour qu’ils s’en inspirent.
L’autre élément à souligner, c’est ce que nous allons avoir des ateliers organisés par les jeunes eux-mêmes afin qu’ils disposent d’un espace propre. Il y aura également la Clinique de l’employabilité qui une activité qui consiste à mettre en relation des jeunes, des chercheurs d’emploi ou d’opportunités avec des experts qui pourraient les guider ou orienter.
Les deuxième et troisième journées du sommet auront lieu dans un hôtel de la place. Ce sera avec les décideurs politiques. Il sera question de panels, de tables rondes, d’ateliers spécifiques en compagnie des experts que nous avons invités et qui vont partager certaines de leurs expériences, que ce soit sur le continent ou ailleurs dans le monde.
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