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Mali : Kidal, entre Serval et MNLA

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Officiellement l’opération Serval avait été lancée pour libérer les régions du septentrion malien de l’emprise de divers groupes armés, dont le MNLA, qui aujourd’hui continue de régner en maître à Kidal.

Les affrontements sanglants du 17 mai 2014 dans cette localité ont fini de convaincre les plus sceptiques que Kidal, reste encore une zone de non- droit, en dépit de l’intervention militaire française de janvier 2012 et des beaux discours sur la restauration de l’intégrité territoriale, l’unité et la souveraineté nationale du Mali.

Ces affrontements ont fait une trentaine de morts dont six officiels maliens (préfets et sous-préfets, assassinés) et deux civils, selon la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (Minusma).

« Les Forces armées maliennes ont enregistré huit morts et vingt-cinq blessés tandis que vingt-huit morts et soixante et deux blessés ont été dénombrés du côté des agresseurs », indique pour sa part, le ministère malien de la Défense.

Pour manifester leur mécontentement face à cette situation, le président du Conseil national de la jeunesse, Mohamed Salia Touré, a appelé à une manifestation pacifique devant les locaux de l’ambassade de France à Bamako. « Il faut que la France clarifie sa position », a-t-il affirmé lors d’un débat sur la télévision publique malienne, ce lundi 19 mai 2014.

Une protestation qui viendra s’ajouter celle qu’a connue la ville de Gao (nord) ce même jour où selon la presse locale, un millier de personnes ont manifesté pour dénoncer la « complicité » de l’Opération Serval de la France et de la MINUSMA avec le MNLA. On est loin des images joyeuses du début de Serval, lorsque les couleurs (bleu blanc rouge) du drapeau français étaient déclinées sur tous les supports possibles et imaginables, en signe de « reconnaissance ».

Si depuis l’intervention militaire française, on entend presque plus les autres groupes armés que sont le Mouvement pour l’Unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), tous écrasés par la puissance de feu française, le MNLA lui, reste une bien curieuse exception. Armes à la main, ce mouvement indépendantiste a été « protégée » par la France, dans l’attente des « négociations ».

La violence des affrontements du 17 mai 2014, alors même que le Premier ministre, Moussa Mara était sur place, et le nombre important de morts, ont fini par secouer ce qui restait de fibre patriotique aux Maliens pour dénoncer une situation intenable. A Bamako, l’acte posé par le MNLA a tout simplement mis le gouvernement hors de ses gonds.

Le Mali est « en guerre », a lancé le Premier ministre, Moussa Mara, promettant une « riposte » à la hauteur de l’attaque. Dans la soirée du lundi 19 mai 2014, l’opinion publique malienne attendait encore avec impatience, l’adresse à la Nation du président Ibrahim Boubacar Keita, annoncé par la présidence. A quelques heures de ce discours, le MNLA a annoncé la libération d’une trentaine d’otages, essentiellement des fonctionnaires maliens, faits prisonniers lors des affrontements.

Cette libération des « prisonniers de guerre » fait suite « aux appels pressants de la communauté Internationale notamment les USA, La France, l’ONU et les différents partenaires du processus politique et en signe de notre bonne volonté et de notre disponibilité soutenue par notre respect de la personne humaine », indique le mouvement rebelle dans un communiqué lu par Ouestafnews sur le site du mouvement séparatiste.

Mais d’après des observateurs, il y a encore la main de Paris dans ce geste, d’apaisement. Le président français François Hollande, s’est entretenu ce lundi 19 mai 2014, selon le site de la présidence malienne, avec son homologue malien Ibrahim Boubacar keita (IBK) en disant exiger « la libération immédiate et sans condition du gouvernorat de Kidal et des otages qui y sont détenus ».

Les affrontements sanglants de Kidal, viennent en tous cas briser un processus de paix, déjà très mal en point. Elu en aout 2013 à la tête du Mali, le président IBK reste très peu enthousiaste quant à un éventuel dialogue avec le MNLA, rappelant à chaque occasion que « la souveraineté du Mali n’est pas négociable ».

« La communauté internationale nous oblige à négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l’Etat. Je rappelle que nous sommes un pays indépendant. L’Etat malien est contraint de négocier avec un groupe armé qui s’en vante, dans quelle comedia dell’arte sommes-nous ? », déplorait-il dans un entretien accordé au quotidien français, Le Monde en décembre 2013.


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