Mali : la CPI aux aguets

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Paris qui dit « soutenir » l’armée malienne a lancé une offensive le 11 janvier  2013 pour, dit-elle,  « déloger » les groupes islamistes armées qui occupent cette partie du territoire malien depuis dix mois.

« Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à la population par tout un éventail d’actes d’une extrême violence à tous les stades du conflit »,  a affirmé Fatou Bensouda, Procureur de la CPI sur le site internet de l’organisation.
Madame Bensouda, dit être « parvenue à la conclusion que certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre au regard du Statut de Rome ».

Le Statut de Rome qui institue la CPI lui permet à ce tribunal de poursuivre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, à l’échelle internationale. La plupart des pays africains (33 au total) sont signataires du traité ayant permis la mise en place de ce tribunal, mais de plus en plus, ces pays contestent à cette juridiction sa compétence et ses méthodes d’intervention, jugées biaisées.

L’enquête annoncée de la CPI au Mali se déroule dans un contexte d’affrontements violents entre une coalition menée par la France et à laquelle ont promis de participer des pays d’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal, le Niger, le Nigeria, le Benin, le Burkina Faso et le Togo.

En attendant ces troupes des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), c’est l’armée française qui mène l’essentiel des opérations.
La CPI n’est pas la seule à s’inquiéter de la situation des droits de l’Homme dan le Nord du Mali. Les organisations de défense des droits de l’Homme multiplient les alertes sur les menaces qui pèsent sur l’intégrité physique des populations qui pourraient faire l’objet de représailles de la part des forces islamistes.

Le 14 janvier 2013, dans un communiqué cosigné par l’Association malienne des droits de l’Homme, Sidiki Kaba, président d’honneur de la  Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), appelait à l’ouverture d’une enquête par la CPI.
« Toute menace sur les otages ou sur les populations civiles par des actes terroristes constituerait des crimes de guerre dont les auteurs devraient répondre devant la justice »,  affirmait le texte.

Les  2/3 du territoire malien sont aux mains de groupes islamistes armés depuis mars 2012 suite à la chute du président démocratiquement élu, Amadou Toumani Touré, chassé par un coup d’Etat militaire mené par le capitaine Amadou Sanogo.

Depuis cette date Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi),  le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), et un mouvement islamiste malien, Ansar Dine, qui occupent respectivement les régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal contrôlent le nord du Mali.

La CPI, après avoir été bien accueillie par l’Afrique à ses débuts, est aujourd’hui devenue trop controversée sur le continent, au point que l’ancien président de la Commission de l’Union  africaine, Jean Ping, avait vigoureusement et publiquement dénoncé ses méthodes.
Voir aussi:
Justice internationale: Le coup de poing de Ping contre la CPI
Gbagbo à la CPI: un dossier africain de plus
Mali: diversification des ressources minières
Prévention des conflits: le Mali et les limtes de l’Union africaine
Crise au Mali: la Cedeao déplore la position de Ban Ki-moon

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