Depuis quelques jours, l’actualité sociale au Sénégal est marquée par une recrudescence des mouvements de revendications des populations pour le droit d’accès à l’électricité.
Exaspérés par les délestages interminables, les usagers manifestent de plus en plus bruyamment leur courroux. Cette grogne populaire témoigne à la fois d’un malaise évident, mais aussi d’un indéniable dynamisme du mouvement consommateur sénégalais.
Par la voix du RACE (le Réseau Associatif des Consommateurs de l’Energie), les usagers d’électricité du Cameroun expriment leur solidarité et leur soutien aux consommateurs Sénégalais.
A quelques différences près, la sempiternelle question de l’accès des populations à l’énergie électrique se pose en de termes semblables dans les deux (02) pays. Au Cameroun, dans des conditions similaires en septembre et novembre 2007, de violentes manifestations de protestation contre des rationnements intempestifs de l’électricité dans 02 villes, s’étaient soldées par la mort de 03 jeunes manifestants, tombés sous les balles de la police, de nombreux blessés graves ainsi que des dégâts matériels importants.
Par ailleurs, des données comparatives sur les deux (02) pays montrent des similitudes déconcertantes. En effet, comme au Cameroun, à peine 1 Sénégalais sur 3 aurait accès à l’électricité. Plus précisément, le taux d’accès à l’électricité au Pays de la Térenga serait de 33% environ pour un taux de couverture de 57% en milieu urbain et 10% en zone rurale. Les chiffres concernant le Cameroun ne sont pas très différents.
Il faut néanmoins noter qu’au contraire du Sénégal où le service, bien que médiocre, continue à être assuré par un opérateur public (la SENELEC), au Cameroun, la reforme du secteur en 2001 a conduit à la privatisation de la Société nationale d’électricité (la SONEL) au bénéfice d’un unique opérateur privé Américain (AES CORPORATION), qui se trouve de fait en situation de monopole.
Malheureusement, ce changement de statut du fournisseur d’électricité n’a pas eu d’incidence sensible sur la condition du consommateur, l’offre de l’énergie restant largement inférieure à la demande ; pourtant, à la différence du Sénégal, pays sahélien, le Cameroun possède le meilleur potentiel hydroélectrique d’Afrique après la République Démocratique du Congo. Hélas, neuf (09) ans après la privatisation du service public de l’électricité, la situation n’a presque pas changé ; on déplore toujours autant de désagréments électriques, aux conséquences désastreuses pour toutes les catégories de consommateurs.
Par conséquent, en dépit des moments difficiles qu’ils traversent, nous tenons à dire aux Sénégalais et à d’autres compatriotes Africains en lutte pour l’accès aux droits fondamentaux, que la privatisation n’est pas une panacée. Nous pensons que l’électricité comme l’eau ne sont pas de vulgaires produits marchands. En plus d’être des secteurs de souveraineté, ce sont des biens de première nécessité qui relèvent du service public et ne doivent pas être soumis à la seule loi du marché. Partout où ces secteurs ont été privatisés, on a déploré de graves dysfonctionnements, une insécurité d’approvisionnement et une flambée des prix.
Aucun développement économique durable n’est possible sans une énergie électrique disponible en quantité et en qualité. La solution à la crise énergétique chronique en Afrique passe par une nouvelle gouvernance du secteur, mais aussi et surtout par une mise en commun des moyens et une harmonisation sous-régionale des politiques publiques nationales en matière d’énergie. Les consommateurs d’électricité de tous les pays doivent rester mobilisés pour faire valoir leurs droits légitimes. Nous sommes en réalité tous Sénégalais.
L’accès à l’énergie est un droit essentiel et inaliénable !/
Fait à Douala, le 17 Juillet 2010
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