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Média et milieu urbain : relation d’influence ?

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Le postulat de départ de cet ardu travail de recherche : un mythe, lui-même amplifié par la formule de l’ancien président sénégalais Léopold Sedar Senghor. Ce dernier avait promis : « en l’an 2000, Dakar sera comme Paris ».

De là, est née selon le nouveau Docteur en sciences de l’information et de la communication « une mythologie de la modernité qui est véhiculé à travers la ville, elle devient le moyen par lequel l’esprit de la modernité est diffusé », explique-t-il dans un entretien avec Ouestafnews.

Or, note-il dans son travail, les villes africaines comme Dakar ou encore Saint-Louis, première capitale de l’Afrique occidentale française, sont conçues par le colonisateur avec un système d’aménagement qui répondait à ses propres normes et besoins, et non à ceux de ses administrés.

Née sur les flancs de cette nouvelle forme d’aménagement de l’espace imposée aux autochtones, la presse sénégalaise ne pouvait échapper à la « la relation d’influence » que lui impose le milieu urbain, une relation qui constitue le fil conducteur du travail d’Amadou Mansour Diouf. Ce faisant, défend-il, l’idée de modernité et de citadinité que véhiculent les médias sénégalais, obéit à cet aménagement urbain issu du colonialisme.

« On ne se pose même plus la question de l’équilibre entre les différents espaces qui existent au niveau national, c’est-à-dire l’espace urbain et la zone rurale », déplore M. Diouf.

La presse pourtant lieu de critique par excellence accepte en effet cette « centralité » de l’espace urbain, et dans le traitement de l’information, il se passe comme si la ville doit toujours avoir la prééminence sur tous les autres types d’espaces.

Une réalité qui se vérifie actuellement avec les problèmes récurrents entre la mairie de Dakar et les marchands ambulants et les tabliers, ces acteurs de l’informel jugés comme les principaux responsables de l’encombrement des artères de la ville. Et que chaque gouvernement nouvellement arrivé au pouvoir, tente de « dégager ».

Pour Diouf les médias sont des tenants d’une « pensée unique » sur la ville, alors que celle-ci est un espace de diversités et de conflits. A chaque série de ce qu’on appelle ici les « déguerpissements », les expressions comme « halte à l’anarchie » cèdent la place à d’autres comme « Dakar respire enfin ! » dans la rhétorique des journaux.

L’analyse est circonscrite à la presse écrite, basée sur un ensemble de 105 articles issus de quatre journaux sénégalais que sont le quotidien pro-gouvernemental Le Soleil, et les journaux privés, Sud quotidien, Walfadjri et Le quotidien.

Expliquant son choix, de la presse écrite par rapport aux autres médias, Diouf estime que « c’est beaucoup plus intéressant à analyser du fait de son intimité avec l’espace urbain ».

Le constat mis en relief par Diouf est qu’en définitive « ces médias ont du mal à s’affranchir de leur cadre de naissance et que la ville et les médias sont des éléments indissociables de l’aventure de la modernité au Sénégal ».

Intitulée « Médias et identité urbaine : la construction de l’idée de modernité dans les espaces urbains africains : le cas du Sénégal », la thèse soutenue en avril 2013 à l’Université de Bordeaux 3, a valu à son auteur la mention « Très honorable » et le titre de Docteur en Sciences de l’information et de la communication.

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