Ouestafnews – L’Afrique est confrontée, ces dernières années, à un départ massif de jeunes, bravant la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Principale cause de cette migration ? L’absence de politique de jeunesse est de plus en plus avancée.
«Si nous perdons cette jeunesse dans des aventures, cela veut dire que nos Etats ont failli dans une politique d’éducation et d’insertion professionnelle», a déclaré à Ouestaf News, le professeur Moustapha Kassé.
Selon un rapport rendu public en août 2018 par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et intitulé «Desperate journeys», à la fin du mois de juillet 2018, près de 27.600 migrants et réfugiés sont arrivés par voie terrestre et maritime en Espagne, 26.000 en Grèce et 18.500 en Italie.
Et en fin juin, près de 22.000 réfugiés et migrants sont arrivés en Europe, via la Grèce, par voie terrestre et maritime, contre 17.900 en Espagne et 16.600 en Italie, à la même période.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) indique qu’à la date du 25 janvier 2018, 4.742 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer.
A la même période de l’année 2017, 3.831 ont été répertoriés, soit 57% sont arrivés en Italie et le reste réparti entre l’Espagne (24%) et la Grèce (19%).
Pour le Professeur Kassé, les conditions de la migration sont différentes d’un siècle à l’autre, mais «aujourd’hui, nous sommes en face d’une société en crise surtout les sociétés africaines où les gouvernements n’ont pas défini de politiques de jeunesse» pour retenir les jeunes au pays.
L’émigration irrégulière par la mer s’explique par «l’absence de vision prospective et d’initiative stratégique de l’Etat» envers la jeunesse en quête d’un «avenir digne», avait déclaré à Ouestaf News fin juillet, Boubacar Sèye, président de l’ONG Horizon sans frontière (HSF), basée à Dakar.
Toutefois, le rapport du HCR a noté une baisse entre janvier et juillet 2018 de 41% du nombre de réfugiés et de migrants entrant en Europe par la Grèce, l’Italie et l’Espagne, par rapport à l’année 2017.
A la fin du mois de juillet, selon le document, l’Espagne était devenue le principal point d’entrée en Europe avec «27.600 arrivées par la mer, contre 26.000 en Grèce (par voie terrestre et maritime) et 18.500 en Italie» au cours de la même période.
«Mais il faudrait que les Etats aient une politique en direction des couches vulnérables que ce sont les jeunes», a indiqué Moustapha Kassé.
«La migration est une perte nette pour l’Afrique, parce que ses forces vives l’abandonnent», a expliqué l’ancien journaliste et professeur d’études africaines à l’université de Duke, aux Etats-Unis, Stephen Smith, dans une interview accordée à Jeune Afrique.
Et selon l’auteur de «La ruée vers l’Europe», les migrants ont tourné «le dos à un continent – en panne – dont les insuffisances leur semblent irréparables à l’échelle d’une vie humaine».
Le rapport juillet – août 2018 du HCR souligne également qu’aux cours des six premiers mois de 2018, 13.133 réfugiés ont été «réinstallés» en Europe, particulièrement en «Suède (3.050), au Royaume-Uni (2.948), en France (2.350) et en Allemagne (1.708)».
Un partenariat Europe-Afrique contre la migration
Le secrétaire d’Etat et plénipotentiaire pour les Affaires européennes au sein de la province de la Sarre (Allemagne), Roland Theis, a estimé que le continent africain a un énorme potentiel, notamment «du pétrole, des réserves d’or et des gisements rares».
Pour M. Theis, le continent dispose également «d’une démographie qui est très intéressante, par rapport à un continent vieillissant (l’Europe)».
«Donc, nous avons besoin de nous parler, non pas du présent mais de l’avenir», a-t-il déclaré à Ouestafnews.
Selon les projections démographiques, dans les années 2050, la population africaine tournerait entre 2 et 3 milliards puis 4,5 milliards à l’horizon 2100.
Il faut que l’Europe et l’Afrique éliminent «les raisons qui font que les gens quittent le continent», a indiqué Roland Theis. Pour ce faire, il faut créer «des opportunités pour les jeunes».
Le 29 août 2018, la chancelière allemande Angela Merkel a effectué une mini-tournée en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Ghana et Nigeria), axée sur la coopération économique et l’investissement.
«Pour avoir des solutions pour le continent africain, sur le long terme, nous avons besoin d’un développement économique ici pour que les gens n’aient plus besoin de partir afin de chercher des perspectives», a expliqué le secrétaire pour les Affaires européennes de la province de la Sarre.
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