Par Ouestafnews
Ce concept favorise l’accès en Europe des jeunes diplômés et cadres africains les plus qualifiés mais en exclut la grande masse de candidats à l’immigration, souvent sans qualification.
« L’immigration choisie chère à Nicolas Sarkozy et à son ministre de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale, Brice Hortefeux, a traversé les frontières de la France », ironise ainsi le journal du Burkina Faso Le Pays dans son édition du 9 juillet.
Le journal fustige ensuite « le temps des nouveaux murs » qui constitue « un anachronisme à l’ère de la mondialisation ».
De son côté, dans une déclaration transmise à Ouestafnews, la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (Raddho, basée à Dakar) a déploré « l’adoption d’une directive où le racisme et la xénophobie l’emportent sur le respect de la dignité et (de) l’égalité de tous les hommes et leur droit de circuler librement dans le monde».
La nouvelle directive européenne prévoit en effet des internements (pouvant aller jusqu’à 18 mois), des expulsions, y compris de mineurs et d’autres catégories de personnes jugées « vulnérables » par les défenseurs de l’homme, le refus de délivrer des titres de séjour à des personnes souffrant de « maladies graves », etc.
Le Conseil des ONG d’Appui au Développement (CONGAD, qui regroupe des ONG sénégalaises), tout en dénonçant elle aussi une pratique contraire aux droits de l’homme en appelle à une forte mobilisation pour « barrer la route » à cette directive.
Le Congad préconise d’ailleurs que cette question de la migration soit « incluse dans les nouvelles négociations des APE, entre l’Union Européenne et les pays ACP ».
Les APE (Accords de partenariat économique proposés par l’Europe aux pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ou états ACP) auraient dû être signés à la fin décembre 2008, mais une forte mobilisation de la société civile et de l’intelligentsia africaines ont retardé les négociations.
Des sources proches de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avaient confié à Ouestafnews en mai dernier que ces accords pourraient bien être signé l’année prochaine (2009).
S’adressant à la presse le 9 juillet 2008 en marge d’une réunion d’experts euro-africains sur les questions migratoires qui se tient à Dakar, le ministre sénégalais de Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio a aussi dénoncé l’attitude européenne soulignant qu’il est « révolu » le temps où l’Europe pouvait prendre ces décisions de manière unilatérale et les imposer à l’Afrique.
M. Gadio a lancé un appel aux experts africains pour qu’ils proposent un « pacte africain » sur la migration à opposer au pacte européen, car estime t-il, le consensus obtenu par les deux parties lors d’une précédente réunion tenue au Maroc en 2006 sur le même sujet a été rompu par l’Europe.
Une prochaine réunion euro-africaine sur la migration et le développement est prévu en octobre prochain à Paris.
Avant l’Afrique la « directive retour » de l’Union européenne avait aussi indigné l’ensemble de l’Amérique latine qui n’y voit qu’un « signe de fascisme », selon les termes utilisés par le président vénézuélien Hugo Chavez.
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