Ouestafnews – Des milliers de migrants, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, sont expulsés d’Algérie et laissés dans le désert à la frontière nigérienne, selon un reportage de la chaîne publique nigérienne Télé Sahel. Ces renvois massifs, décrits comme alarmants par une ONG locale, interviennent dans un climat de fortes tensions diplomatiques entre Alger et les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Le Niger fait face à une nouvelle crise migratoire après l’expulsion massive de milliers de personnes par les autorités algériennes, selon un reportage accablant diffusé par la chaîne publique nigérienne, Télé Sahel. Ces migrants ont été laissés dans le désert à proximité du point frontalier d’Assamaka, dans des conditions jugées alarmantes par le collectif nigérien d’associations Alarme Phone Sahara.
Les témoignages recueillis par Télé Sahel, corroborés par l’ONG APS, dressent un tableau sombre de ces expulsions. Les migrants dénoncent des violences physiques, des actes de maltraitance et des violations des droits humains. Certains évoquent la disparition de compagnons de route, d’autres des cas d’agressions sexuelles et l’impossibilité d’utiliser leurs documents consulaires pour empêcher l’expulsion.
Ces renvois interviennent dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre l’Algérie et les pays membres de l’AES, (Niger, le Mali et le Burkina Faso). Fin mars 2025, la destruction d’un drone militaire malien par l’armée algérienne à la frontière entre les deux pays a provoqué une tension diplomatique entre Alger et les trois membres de l’AES.
En représailles, ces derniers ont rappelé leurs ambassadeurs en Algérie et dénoncé une « agression » contre la confédération. L’Algérie a réagi par des mesures similaires, fermant notamment son espace aérien aux aéronefs maliens.
Depuis début avril 2025, l’ONG Alarme Phone Sahara assure qu’il y a une présence quotidienne de migrants expulsés au « Point Zéro », à la frontière entre le Niger et l’Algérie. Ces derniers sont abandonnés dans cette zone située en plein désert, à 15 km d’Assamaka, premier village nigérien, que les migrants doivent rejoindre à pied.
Selon l’organisation humanitaire, tous ne sont pas en mesure de parcourir cette distance. « Certains sont malades, blessés ou trop affaiblis », alerte l’ONG, qui intervient alors à l’aide d’un véhicule tricycle pour transporter les plus vulnérables jusqu’à la ville.
D’après les chiffres communiqués par Alarme Phone Sahara, plus de 4.000 migrants, issus aussi bien de convois officiels que non officiels, ont été enregistrés dans la zone rien qu’en avril 2025.
Le ministre nigérien de l’Intérieur, le Général Mohamed Toumba, évoque quant à lui, dans un communiqué consulté par Ouestaf News, plus de 2.000 migrants présents dans cette zone. Il a reçu, le 23 avril 2025, à Niamey une délégation de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Selon le ministère, deux points clés ont été abordés : la gestion du rapatriement des migrants refoulés, ainsi que la sensibilisation à la politique migratoire nationale.
Parmi les 2.000 migrants évoqués par les autorités nigériennes, figurent des ressortissants du Sénégal, de la Guinée, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Soudan et du Bangladesh.
L’OIM et le gouvernement nigérien ont convenu de renforcer la coordination pour faciliter leur retour volontaire dans des conditions dignes, annonce le ministère de l’Intérieur. Une réunion technique urgente est prévue dans les prochains jours afin de mieux encadrer ces opérations et d’éviter de nouvelles crises humanitaires.
Ces expulsions massives d’Algérie vers le Niger ne sont pas nouvelles, mais elles ont connu une hausse spectaculaire avec « plus de 1.100 migrants expulsés en une seule journée », selon Radio France international (RFI). En 2024, plus de 30.000 migrants ont été expulsés, selon l’ONG Alarme Phone Sahara.
Alors que nombre de migrants cherchent à rejoindre l’Europe en passant par la Libye ou l’Algérie, le Niger se retrouve en première ligne de cette crise. Face à cette situation préoccupante, les autorités nigériennes et les acteurs humanitaires appellent à une mobilisation urgente de la communauté internationale.
Cette crise migratoire intervient alors que d’autres pays de la région font également face à une pression migratoire croissante. En Mauritanie, la présence accrue de migrants subsahariens a récemment suscité une vive polémique. Plusieurs témoignages ont fait état de mauvais traitements infligés à des candidats à l’émigration. Des pays voisins comme le Sénégal et le Mali ont publiquement dénoncé les abus subis par leurs ressortissants sur le sol mauritanien.
HD/fd
Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.