Reporters sans frontières (RSF) dénonce une arrestation illégale et demande la libération immédiate d’une journaliste-blogueuse influente, interpellée hier et toujours détenue après une plainte en diffamation du fils du président de la République.
La journaliste et blogueuse Samira Sabou suivie par plus de 38 000 personnes sur sa page Facebook et connue pour ses prises de position critiques à l’égard des autorités nigériennes est toujours détenue depuis son arrestation mercredi 10 juin. L’administratrice du site d’information mides-niger.com est poursuivie en diffamation par le fils du président de la République, Sani Issoufou Mahamadou, par ailleurs directeur de cabinet à la présidence après avoir mis en cause ce dernier sur les réseaux sociaux le 26 mai dans une affaire de surfacturation de commandes passées par le ministère de la Défense.
Au Niger, la loi du 4 juin 2010 interdit formellement dans son article 67 les mesures privatives de liberté pour des délits de presse. La loi sur la cybercriminalité adoptée en 2019 prévoit en revanche des peines allant de six mois à trois ans de prison pour diffamation par moyens de communication électronique. “On a vite compris que cette loi servait à mettre en veilleuse la liberté d’expression et que les journalistes n’y échapperaient pas” a réagi l’un des avocats Samira Sabou, maître Ahmed Mamane, joint par RSF.
“Sans juger du fond de l’affaire, aucun journaliste poursuivi pour des faits relevant sans ambiguïté de son activité professionnelle ne devrait se retrouver privé de sa liberté, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Cette arrestation constitue un recul très dangereux et vide de sa substance la loi sur la presse de 2010 dont l’interdiction des détentions préventives pour les journalistes avait constitué une avancée majeure. Nous demandons instamment aux autorités nigériennes de ne pas saper les efforts engagés ces dernières années en matière de liberté de la presse. Cette journaliste doit être libérée”.
En 2017, le journaliste Baba Alpha, réputé pour ses publications critiques de la gestion des affaires publiques, avait été condamné à deux ans et demi de prison ferme et à 10 ans de privation de droits civils et politiques. À peine libéré en avril 2018 mais privé de ses papiers d’identité, il avait été contraint de s’exiler au Mali.
Le Niger occupe actuellement la 57e position sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2020.//FIN.
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