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Nigeria : faut-il dévaluer le naira ?

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Ouestafnews – La chute du naira, consécutive à celle des prix du brut sur le marché mondial, peine à être jugulée en dépit de la politique de change flexible adoptée face au dollar depuis juin 2016 par la Banque centrale du Nigéria, qui écarte pour l’instant l’option de la dévaluation. Pourtant certains experts plaident pour « dévaluation » pour sauver la monnaie nigériane, déjà en chute libre face au dollar.

En juin 2016, la Banque centrale du Nigeria, avait adopté une politique de taux de change flexible par rapport au dollar. Cette mesure censée enrayer la chute du naira et favoriser un afflux de devises, a plutôt donné lieu à une crise sur le marché de change avec un rapide développement d’un marché noir où 1 dollar est échangé aujourd’hui à près de 500 naira contre un taux officiel de 300 naira.
 
Et depuis cette date, la monnaie nationale nigériane  a perdu 40% de sa valeur face au dollar. Une nouvelle dévaluation est nécessaire et pourrait «dans le long terme booster les échanges,  même s’il faut reconnaitre que dans le court terme la situation ne sera pas facile », selon Nonyane Gaimin, chef du bureau de recherches économiques au groupe bancaire panafricain Ecobank. 
 
Aujourd’hui beaucoup d’experts, contrairement à l’avis des autorités nigérianes, jugent nécessaire une nouvelle dévaluation après le réajustement de juin dite « dévaluation technique ».

Selon Mme Gaimin, la faiblesse des revenus  à l’exportation induites par la baisses des prix du baril de pétrole, dont dépend fortement, le Nigéria a créé un choc ressenti sur toute l’économie.
 
« Et au même moment les dépenses publics sont restées élevées, particulièrement dues aux larges volumes d’importations. Tout ces faits combinés à la chute des revenus pétroliers et des des investissements directs étrangers, ont été la base de la chute du naira » souligne-t-elle.
 
Le pétrole assure 70% des revenus de l’Etat nigérian et 95% des revenus d’exportations, selon des chiffres du ministère du Budget et de la planification. Dans une analyse publiée ce mois de janvier,  la Standard Chartered Plc juge « irréversible » la dévaluation du naira au regard de la situation actuelle du Nigeria, marquée par une rareté de la monnaie américaine sur le marché.

Pas question de dévaluer pour la CBN
 
Traditionnellement, l’option de la dévaluation comme le rappellent certains observateurs, favorise une montée des exportations ce qui signifie un afflux de devises mais pour le Nigeria c’est n’est point le cas, estime Nonyane Gaimin. Selon elle, le Nigeria qui souffre de la conjoncture actuelle du marché doit aussi faire face à la réduction de la demande d’un de ses principaux clients, les Etats-Unis.
 
Pour l’instant les autorités nigérianes restent sourdes à ces cris d’alarme. Le 13 janvier 2016, le directeur de la Banque centrale du Nigeria (CBN, sigle en anglais)) Godwin Emefiele a écarté toute idée de dévaluation. Le président nigérian Muhammadu Buhari a qualifié la dévaluation que réclament certains cercles de « meurtre » de l’économie nationale.

A la faveur de la hausse constatée du baril, le directeur de la CBN  qui recevait des associations de cambistes a fait savoir que l’heure est à la recherche de moyens pour approvisionner massivement le marché officiel du change en dollar. Aux yeux des adversaires de la dévaluation, le risque encouru est une forte montée des prix des denrées de bases qui, pour l’essentiel, sont importées.
 
A défaut, d’une dévaluation, note Mme Gaimin « il va falloir  procéder à  une injection massive de devises dans l’économie, ce qui ne peut être possible qu’à travers des prêts contractés à l’étranger, les gains à l’exportation et une réduction significative des importations ».

« Sur ce point il faut exclure, les investissements directs étrangers, puisqu’un problème de confiance se pose aujourd’hui pour les investisseurs », ajoute-t-elle.
 
Grand exportateur de pétrole brut, produit qui assure l’essentiel de ses revenus, le Nigeria en plus de souffrir fortement des prix faibles du baril, a vu sa production fortement chuter en raison de la reprise du militantisme armé dans le delta du Niger (région du sud du pays, qui détient l’essentiel de la richesse pétrolière du Nigeria).

« Ces attaques ont fait chuter la production. D’une moyenne de 2,2 millions de barils/jour nous en sommes aujourd’hui à 1.4 million de barils/jour », annonçait en juin 2016 le ministre du pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu.

En septembre 2016, la « première économie africaine » entrait officiellement en récession, une première depuis 1991.

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