Les leaders de Boko Haram mis sur liste rouge annoncée le jeudi 22 juin 2012 par le Département d’Etat sont Abubakar Shekau, Abubakar Adam Kambar, et Khalid al-Barnawi. Ces derniers « verront leur avoirs aux Etats-Unis gelés et il est interdit à tout citoyen américain de faire des transactions avec eux ou en leur faveur », indique le Département d’Etat dans sa note.
Accusé d’entretenir le flou sur le cas de Boko Haram que d’aucuns voulent voir sur la liste des « organisations terroristes », les autorités américaines entendent désormais prouver leur « détermination » à réduire la force de frappe de ce mouvement, qui depuis la fin de l’année 2011 s’est considérablement renforcé et a multiplié les attentats meurtriers.
Pour l’Organisation des Nations-Unies (Onu), notamment son Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), on assimile les faits imputés à Boko Haram à un « crime contre l’humanité ».
« Les membres de Boko Haram et d’autres groupes et entités associées, s’ils devaient être traduits en justice pour des attaques systématiques de cet ordre contre des civils, seraient très probablement inculpés de crimes contre l’humanité », a déclaré le 23 juin 2012 Rupert Colville, porte-parole du HCR cité par un communiqué parvenu à Ouestafnews,
A l’intérieur même du Nigeria, la violence a connu un regain depuis la mi-juin, avec plus de 50 morts, et des centaines de blessés suite aux attaques revendiquées par Boko Haram contre des églises dans le nord du pays. Ces attaques ont ensuite donné lieu à des actions de représailles de fidèles chrétiens contre des musulmans qui peuplent majoritairement le nord contre un sud à dominante chrétienne et qui concentre la richesse pétrolière du pays.
Après les morts enregistrés lors du week-end du 10 au 11 juin 2012, le sénat avait exprimé ses inquiétude de voir le pays sombrer dans la guerre civile.
« Des actions sont en train d’être menées pour plonger ce pays dans une guerre religieuse. Pour le sénat ceci n’est qu’une simple tentative de dresser les Nigérians les uns contre les autres », a déclaré Enyinnaya Abaribe, porte-parole du sénat Nigeria.
A l’extérieur du Nigeria aussi, le sujet préoccupe les analystes.
« A force d’avoir trop longtemps hésité sur la démarche, les autorités nigérianes pourraient assister à un élargissement du spectre des violences interreligieuses. Une nouvelle dimension à laquelle il sera autrement plus difficile de faire face, et qui comporte de plus grands risques pour la stabilité du pays », commente Brahim Bangoura sur le site guinéen Guineeconakryinfo.
Par contre il y en a qui reprochent à Goodluck Jonathan de vouloir coûte que coûte régler ce problème par la force des armes, alors que le cas des groupes armés dans le Delta du Niger qui réclamaient une plus grande part dans la répartition de l’argent du pétrole, s’est terminé autour d’une table de négociations. Mais il semble bien que le président Goodluck Jonathan n’est pas disposé à rééditer le coup avec Boko Haram.
En janvier 2012, son appel au dialogue intervenu une semaine après de violentes attaques qui avaient causé la mort de 185 personnes dans la ville de Kano (Nord) avait été jugé très tardif et n’a eu, jusqu’à présent, aucun effet.
Porté sur les fonds baptismaux en 2004 dans leur fief de Maiduguri (Nord), Boko Haram se signale à l’opinion en 2009 à travers des jours d’insurrection. Cette révolte finalement matée par l’armée nigériane avait causé la mort de plusieurs centaines de partisans du mouvement dont son leader d’alors, Mohammed Yusuf.
Loin d’être anéanti, Boko Haram revendique aujourd’hui des attaques de plus en plus fréquentes et de plus en plus meurtrières frappant en plus du nord des villes du centre comme Jos et la capitale fédérale, Abuja .
Les attentats à la voiture piégée et le recours à des kamikazes s’ajoutent désormais au mode opératoire du mouvement qui consistait jusqu’ici en des raids et des assassinats ciblés, principalement dirigés contre les forces de l’ordre.
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