« Les examens ont montré qu’il avait besoin de plus de temps pour se reposer, ce qui l’oblige à rester plus longtemps que prévu à l’origine », explique un communiqué diffusé, le 21 février 2017 par Femi Adesina (consulté sur la Facebook de ce dernier par Ouestafnews), le Conseiller spécial du président Buhari pour les médias.
Agé de 74 ans, le général à la retraite a quitté son pays depuis le 19 janvier pour un congé médical à Londres. Ce déplacement qui devait durer quelques jours est en train de prendre plus de temps que prévu, suscitant une certaine inquiétude de ses compatriotes qui ne cessent de réclamer des informations fiables sur l’état de santé réel de leur président.
Ce dernier devrait initialement rentrer le 06 février, avant que son cabinet n’annonce un premier report, motivé par « un avis des médecins » du président qui lui exige encore quelques jours de repos, selon l’explication fournie par la présidence. La dernière annonce constitue le second report de son retour au pays.
Au niveau de l’entourage présidentiel, on ne cesse de multiplier les déclarations rassurantes. Mais Selon Femi Adesina, de plus en plus sollicité par la presse sur cette affaire, le président « veut que les Nigérians n’aient pas de soucis à se faire ».
Et la rumeur s’empare du pays…
Pas suffisant cependant pour taire les folles rumeurs qui bruissent depuis un mois. La mort de Buhari a même été annoncée, obligeant le président à faire une apparition et à se laisser photographier. D’autres évoquent une maladie grave qui maintient le président à Londres, ignorant les mises en garde du gouvernement sur le respect du secret médical.
« Il reste clair que le mystère autour de cette affaire, crée une tension dont le pays n’a pas besoin en ce moment », a tout de même souligné, Osahon Enabulele, un ancien président de l’ordre des médecins du Nigeria, cité par Voanews.
De Muhamad Lai, ministre de l’information, qui quelques jours auparavant affirmait avec force que le président « est en bonne santé » et n’est pas malade, en passant par Garba Shehu, Assistant à la communication au niveau de la présidence, et Femi Adesina , la presse a de multiples interlocuteurs, tous voulant convaincre l’opinion qu’il n’ya pas péril en la demeure.
Dans ce lot, il faut aussi ajouter, le président du Sénat, Bukola Saraki, et les alliés politiques comme Bola Tinubu, qui ont rendu visite à Buhari à Londres.
Trois congés médicaux depuis 2015
Investi président du Nigeria, en mai 2015, Muhammadu Buhari en est à son troisième congé médical.
En février 2016, il avait séjourné cinq jours à Londres pour traiter une « otite ». En juin 2016, Buhuari regagnait encore Londres où il passa 14 jours, pour des problèmes « persistants » à « l’oreille, au nez mais aussi à la gorge », selon le communiqué officiel publié à l’époque.
Aujourd’hui, c’est le silence total sur la pathologie exacte dont il souffre, en dépit des multiples sorties de ses conseillers devant la presse locale et internationale. Son entourage persiste a dire qu’il est « en bonne santé ». Sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, beaucoup de ses compatriotes pensent que le report de son retour est bien le signe qu’il « est malade ».
Contexte économique difficile
Ces absences répétées et les péripéties qui s’en suivent tombent à un moment peu propice pour le Nigeria, qui vit une conjoncture économique difficile, marquée par un déficit budgétaire consécutif à la baisse des recettes pétrolières.
En août 2016, le bureau national des statistiques, admettait officiellement que le pays entrait en récession économique, une première depuis un quart de siècle, pour ce géant au plan démographique et l’une des deux premières économies d’Afrique.
Pour l’écrivain et journaliste, Obi Nwakanma cette polémique autour de l’état de santé, du président Buhari n’est pas nouvelle.
« Quand il était désigné candidat de l’APC (All Progressive Congress, parti au pouvoir) , pour la présidentielle, ses détracteurs avaient évoqué ses ennuis de santé », rappelle-t-il dans une tribune publiée par le quotidien privé, local « The vanguard ».
Le syndrome Yar’Adua
Les multiples questions entourant la santé de Muhammadu Buhari, ne sont pas sans rappeler le cas d’un de ses prédécesseurs Umaru Yar’Adua, décédé en mai 2010, trois ans après avoir remporté la présidentielle controversée de 2007. Avant son décès, Umaru Yar’Adua avait été hospitalisé un bon moment en Arabie Saoudite, à l’époque l’administration avait maintenu le peuple dans la plus grande incertitude. Aucune information ne circulait jusqu’à l’annonce de la mort de Umaru Yar’Adua.
L’administration actuelle semble avoir à cœur de ne pas faire les mêmes erreurs, comme l’attestent les multiples sorties médiatiques des officiels. Mieux encore le président Buhari a, selon les dispositions de la Constitution nigériane, dûment averti le Sénat.
Du coup, c’est le vice-président Yemi Obasinjo qui assure actuellement la charge de président de la république en attendant le retour du « titulaire ». Chose qu’Umaru Yar’Adua n’avait pas faite à l’époque. Ce dernier gagné par la maladie avait quitté le Nigeria en novembre 2009, créant une vacance totale du pouvoir pendant des mois, avant que le sénat ne transfère les pleins pouvoirs à son vice-président Goodluck Jonathan qui avait fini par terminer son mandat.
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