« Nous ne défions pas l’Etat, comme le pense l’opinion, mais les forces de sécurité qui exécutent nos membres. Si le gouvernement est sincère tout ceci connaîtra une fin, nous voulons dialoguer mais les autorités doivent faire preuve de sincérité », a déclaré Abu Mohammed Ibn Abdulaziz, qui se présente comme un des hauts responsables du commandement de Boko Haram.
Le responsable de Boko Haram qui a aussi demandé la libération des membres de son groupe détenus par le gouvernement, s’adressait par téléconférence à des journalistes basés à Maiduguri (Nord). Toutefois, l’homme qui s’est entretenu avec les journalistes en anglais en lieu et place du Haoussa, langue locale souvent utilisée par la secte, est un « illustre inconnu », selon la presse nigériane contrairement à Abubakar Shekau, le leader présumé de Boko Haram aujourd’hui placé sur la liste rouge liste du Département d’Etat américain.
La proposition a fait l’objet de réactions mitigées de la part des proches du président, qui ne rejettent pas totalement l’option du dialogue mais restent dubitatifs pour certains d’entre eux.
« Si cette proposition a pour objectif d’aboutir à une paix et à garantir la sécurité, elle est la bienvenue », a aussitôt réagi Reuben Abati, conseiller spécial du président Jonathan.
« Boko Harm doit s’engager dans des négociations sans aucune condition préalable », a de son côté défendu Ben Obi, sénateur mais également conseiller du président nigérian.
De même quelques membres de la société civile nigériane semblaient peu convaincus.
«Ne nous laissons pas divertir, étant donné qu’il peut s’agir d’une ruse pour Boko Haram afin de se remobiliser et reprendre de plus belle ses attaques », a estimé Fémi Falana, militant des droits de l’homme, à l’Agence nigériane de presse (Nan, publique).
Du côté des observateurs, la démarche de la secte laisse tout aussi sceptique, mais pour des raisons de formes.
« Une déclaration aussi importante devrait être faite par le leader de la secte lui-même, il y a beaucoup de non-dits dans cette affaire et ceux qui suivent le conflit savent qu’on est loin d’une quelconque avancée vers le dialogue », a confié à Ouestafnews, le journaliste nigérian Ahmad Salkida, qui suit les activités de la secte depuis sa naissance.
Pour le quotidien The Sun (privé) , Goodluck Jonathan doit se rappeler la mésaventure de son « ex-patron », le défunt président Umaru Yar’Adua qui avait libéré des membres de Boko Haram dans l’espoir d’une négociation mais n’avait fait que renforcer la secte qui s’était remobilisé.
Le radicalisme de la secte nigériane a débuté en 2009, après une révolte durement matée par l’armée nigériane qui a coûté la vie à des centaines de partisans de la secte dont le leader d’alors Mohammed Yusuf. Depuis, Boko Haram a entamé ses attaques contre les forces de l’ordre, avec des assassinats ciblées. Aujourd’hui son modus operandi est fait d’attentats suicide et d’attaques à la voiture piégée qui visent principalement des lieux de culte.
Cette vague de violence qui dure depuis des années a fait environ 3.000 morts, selon un bilan fourni début novembre 2012 par le général Azubuike Ihejirika, chef d’Etat-major de l’armée nigériane.
Aujourd’hui la confrontation avec l’armée a franchi un nouveau palier. Les abus et violations des droits de l’Homme concernent les deux camps. Un rapport de l’organisation de défense des droits de l’homme, Amnesty international publié récemment fait état de plusieurs exécutions sommaires perpétrées par l’armée nigériane dans des localités situées au Nord du pays.
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