« Chaque jour, 100.000 barils au moins sont volés par des réseaux criminels dont les activités ont atteint une échelle industrielle », indique ce texte publié en septembre 2013. Selon les auteurs, ce vol organisé est responsable de la baisse de la production pétrolière constatée dans ce pays, durant les quatre dernières années.
La production nigériane de pétrole, la plus abondante du continent africain, n’arrive plus à dépasser les 2 millions de barils par jour.
Chatham House dénonce aussi l’implication de hauts responsables nigérians dans ce trafic dont les retombées financières sont blanchies dans les grands centres financiers du monde.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Suisse, les Emirats arabes unis, l’Indonésie, l’Inde et Singapour sont cités par le rapport comme étant les principaux lieux de blanchiment des ressources provenant de ce trafic illicite.
Le pétrole volé atterrit, avec l’aide de tankers, sur les marchés chinois, brésilien, américain, ouest-africain, dans les Balkans, etc.
Chatham House fait aussi état du manque d’implication des gouvernements étrangers pour enrayer ce trafic très préjudiciable à l’économie nigériane. L’industrie pétrolière est le principal pilier de l’économie nigériane, dont le produit intérieur brut a atteint 262 milliards de dollars en 2012, selon la Banque mondiale.
Peuplé de 168 millions d’habitants, soit plus de 1/5 de la population du continent, le Nigeria est en perpétuelle situation de crise sociopolitique, que le retour à la démocratie, après des décennies de règne des militaires, n’a pas encore enrayée.
Aux rébellions alimentées par les ressources pétrolières, dans le Delta du Niger (Sud du Nigeria), a succédé, depuis 2009, le soulèvement du groupe islamiste armé Boko Haram, jugé responsable de la mort de milliers de Nigérians.
Le Delta du Niger, qui concentre l’essentiel des réserves pétrolières du pays, est un haut lieu de la piraterie maritime, qui a fini d’inquiéter tous les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest et du Golfe de Guinée.
Le pétrole reste aussi le principal combustible de la corruption souvent décriée dans ce riche pays.
En 2007, Diepreye Alamieyeseigha, alors gouverneur de l’Etat de Bayelsa, dans le Delta du Niger, a été condamné à deux ans de prison ferme pour avoir subtilisé 55 millions de dollars US provenant des recettes pétrolières, une peine que ce membre du People’s Democratic Party (PDP, au pouvoir) n’a jamais purgée.
En 2012, la justice britannique procédait à l’arrestation de James Ibori, un ancien gouverneur de l’Etat du Delta (zone riche en pétrole), qui purge une peine de 13 ans de prison ferme pour fraude et blanchiment d’argent portant sur une somme estimée à 80 millions de dollars tandis qu’une enquête du Financial Times, l’évalue à plus de 300 millions.
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