Forcément le dossier le plus brûlant pour le président fraichement élu, la menace que représente la secte islamiste Boko Haram. Le nouveau président nigérian a promis une traque sans répit. « Nous n’arrêterons que si Boko Haram est totalement neutralisé», a-t-il martelé devant ses compatriotes.
A cet effet il a annoncé l’installation du commandement militaire à Maiduguri (ville du nord, supposée fief de Boko Haram) car insiste-t-il « En dépit des succès rencontrés, on ne saurait vaincre Boko Haram en étant installé à Abuja ».
Le président Buhari a aussi insisté sur la prévention, en plus de la campagne militaire actuelle contre la secte, menée avec la force internationale mixte. Sur ce point il a annoncé une grande enquête afin de retracer le parcours et l’émergence de ces « sans foi et écervelés », promettant de faire la lumière sur leurs « relais » et les « financiers » des insurgés de Boko Haram dont la violence aveugle à couté la vie plusieurs dizaines de milliers de nigérians.
La bataille ne sera pas facile avec une secte Boko Haram aujourd’hui devenue une menace sous régionale. Ce qui explique d’ailleurs la réponse militaire que le Nigeria en compagnie du Cameroun, du Niger, du Bénin et du Tchad mène actuellement à travers la force internationale mixte.
Concomitamment à la lutte contre les insurgés, Muhammadu Buhari promet aussi une résolution de la crise sécuritaire et sociale dans la riche région pétrolière du Delta du Niger, un bastion du piratage maritime et des rançonneurs qui cible les expatriés travaillant dans les compagnies pétrolières étrangères.
Juguler la crise économique…
Le retour de Buhari au pouvoir (il a dirigé le pays à la tête d’une junte dans les années 80) coïncide avec une crise énergétique et des risques de ralentissement économique pour le Nigeria, première puissance économique de l’Afrique, mais aujourd’hui victime de la chute des cours du brut dans le marché international.
Cette double menace à pour effet de creuser les réserves extérieures du pays et de provoquer ces derniers jours une dure pénurie d’hydrocarbures (essence, kérosène…)qui affecte les populations ainsi que l’essentiel des secteurs économiques, le transport public et les compagnies aériennes étant déjà durement touchés.
Avec un tel tableau, le nouveau président ne se fait pas d’illusions : « l’économie nigériane est dans un trouble profond et il va falloir une gestion prudente afin de relever ce qui dans l’immédiat se dresse devant nous », a-t-il lancé.
…et la « honte » du déficit énergétique
Selon lui, le « déficit énergétique » est la cause principale des contre-performances économiques constatées ces dernières années dans on pays.
« C’est une honte pour toute la nation de savoir que nous ne produisons que 4000 mégawatts et en distribuons encore moins à nos 180 millions de compatriotes » s’est lamenté le général à la retraite qui q au passage critiqué fortement les politiques des administrations précédentes en la matière.
« Nous n’allons pas laisser perdurer cette situation, des études minutieuses sont déjà entamées afin d’identifier le moyen le plus rapide, le plus sûr et le plus rentable d’offrir de l’électricité au Nigérian », a- t-il notamment affirmé avant d’annoncer aussi des réformes dans le secteur de la santé, de l’éducation et surtout dans l’administration publique en général, gangrénée par la corruption.
Démocratie et bonne gouvernance
« Mon retour au pouvoir a suscité des inquiétudes chez certaines personnes mais ces craintes sont sans fondement (…) laissons le passé, trépasser », a-t-il lancé à une certaines parte de l’opinion publique nigériane, qui se souvient d’un « homme à poigne » lors de son premier passage au pouvoir.
Encore frais dans les mémoires, cet épisode à la tête d’une junte militaire entre décembre 1983 et août 1985, fut marqué par l’emprisonnement de beaucoup de journalistes, d’hommes politiques de fonctionnaires et d’artistes comme le chanteur Fela Kuti, qui furent pour la plupart jetés en prison, parfois sans procès.
Renversé en 1985 par un autre militaire, le Général Ibrahim Babanguida, Buhari fut ensuite emprisonné dans la ville de Benin City jusqu’en 1988. Son retour au pouvoir après une élection historique, est en lui-même le signe d’un changement politique profond : c’est la première fois qu’un parti d’opposition accède au pouvoir dans ce pays.
Pas de chasse aux sorcières
Et pour mieux rassurer ses compatriotes, le Général a écarté toute idée de chasse aux sorcières. Pour le nouveau président l’heure est plutôt à la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit.
« Sous mon autorité le pouvoir exécutif ne s’immiscera point dans le fonctionnement de la justice et du pouvoir législatif », a-t-il promis, annonçant ici aussi une réforme du service public, axée sur l’intégrité et le respect de la Constitution.
Buhari a enfin lancé un clin d’œil au reste de l’Afrique, qui observe le retour au premier plan du Nigeria, moteur économique du continent et qui a surpris le monde à travers un scrutin transparent et pacifique que très peu de gens attendaient.
« Que nos frères africains soient assurés que le Nigeria va jouer le rôle de leader que l’Afrique attend de lui», a-t-il promis.
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