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Nigeria : les résolutions américaines de Buhari

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C’est un président Buhari (72 ans) nouvellement élu et plutôt mal en point qui s’est rendu le aux Etats-unis. La recrudescence des attaques de la secte Boko Haram (qu’il a promis d’éradiquer dans son discours d’investiture) continue d’endeuiller le Nigeria et affecte désormais les pays voisins comme le Tchad, le Cameroun, le Niger.

Depuis la prestation de serment de M. Buhari en mai 2015, Boko Haram a revendiqué plusieurs attaques, qui ont fait plus de 200 morts.

Des armes américaines contre Boko Haram ?

La lutte contre l’omniprésente insurrection de Boko Haram a été au cœur de cette visite officielle effectuée du 20 au 22 juillet 2015, durant laquelle le président Buhari a sollicité auprès de son homologue américain la levée de l’embargo sur les armes qui frappe le Nigeria.

Une loi américaine interdit la vente d’armes à des pays, qui selon Washington ne respectent pas les droits humains. Le président Buhari qui s’est entretenu à Washington avec Barack Obama a sollicité le retrait de cette interdiction de vente d’armes à son pays qui, selon lui ne favorise que les activités de Boko Haram.

« Ces allégations non prouvées de violations des droits humains nous met dans l’impossibilité d’avoir l’armement stratégique qu’il nous faut pour combattre efficacement Boko Haram », a notamment souligné le président Buhari devant une assemblée d’institutions et d’ONG américaines, dans un discours dont Ouestafnews a eu copie.

Jusqu’ici les actions menées depuis la présidence de Goodluck Jonathan contre Boko Haram n’ont pas donné de résultats tangibles et les insurgés sont même devenus une menace sous régionale.

Selon le président Buhari 21 millions de dollars ont été mis sur la table par son pays pour le démarrage des activités de la force multinationale composée du Tchad, du Cameroun, du Niger et du Bénin.

Cette force, qui semble être l’ultime espoir, sera déployée sur le terrain dans les dix prochains jours, d’après le président nigérian qui a fixé un délai d’environ 18 mois pour vaincre définitivement Boko Haram.

Pour le président Buhari, « les Nigérians ont trop longtemps vécu sous la terreur, les conséquences humaines et matérielles de l’insurrection sont inacceptables ».

Depuis leur soulèvement de 2009, le nombre de victimes de Boko Haram dépassent aujourd’hui les 10.000 morts, selon des organisations des défense des droits de l’Homme.

Tolérance zéro pour les corrompus

Recevant une centaine de membres de la diaspora nigériane établi à Washington, le 21 juillet 2015 le président Buhari a sonné la « tolérance zéro » contre les corrompus de tous bord, qu’ils soient de l’ancien régime ou de l’actuel régime.

« Les Nigérians doivent retrouver la confiance envers la gouvernance publique, c’est pour cela que la lutte contre la corruption sera un travail quotidien pour le gouvernement fédéral », a-t-il estimé.

La promesse de récupérer les fonds « colossaux », issus de la rente pétrolière et détournés, a aussi été faite par le président qui a fait savoir que pas moins de 250.000 barils de pétrole brut (soit 10% de la production nationale quotidienne) sont volés chaque jour et l’argent abouti à des comptes en banque de particuliers.

« Je vous assure que nous allons retrouver et rapatrier ces fonds et transmettre les preuves à la justice », a-t-il assuré, précisant que le Nigeria bénéficie de l’aide des Etats-Unis et d’autres pays dans ce dossier.

Une démarche qui rappelle bien le cas du général Sani Abacha qui a dirigé le Nigeria de 1993 à sa mort en 1998. Le montant détourné à l’époque par ce dernier, officiellement chiffré à 2,2 milliards de dollars n’a toujours pas fini d’être rapatrié et est en train d’être rapatrié en provenance des banques européennes et américaines.

En 2014, le gouverneur de la banque centrale du Nigeria, Sanussi Lamido a été limogé par le prédécesseur du président Buhari, après avoir dénoncé la disparition de 20 milliards de dollars de recettes pétrolières.

Pas question de légaliser l’homosexualité

Enfin, dans une note transmise aux médias par son porte-parole et conseiller en communication, Femi Adesina, le président Buhari a en marge de cette visite officielle « catégoriquement » écarté toute idée de légalisation de l’homosexualité.

Cette question oppose les Etats-Unis avec nombre d’Etats africains, qui estiment que les Américains veulent imposer leurs « valeurs » au monde sous prétexte d’universalité.

« La sodomie est contraire à notre culture et à nos lois », a soutenu le président Buhari dans un entretien avec des parlementaires américains, d’après les informations fournies par M. Adesina.

Ces propos de M. Buhari sont similaires à ceux tenus par son homologue sénégalais Macky Sall, lors d’une conférence de presse conjointe organisée organisée en marge de la visite du président Obama au Sénégal en juin 2013.

Le président sénégalais avait donné la réplique à son homologue américain, et rappelé à M. Obama que les Etat-unis, qui s’érigent en donneurs de leçons sur ce sujet, pratiquaient la peine de mort là où d’autres pays l’avaient aboli.

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