« Le mandat de Sanusi a été marqué par plusieurs imprudences et des manquements en matière de finance », explique le communiqué de la présidence nigériane.
Quelques heures seulement après cette décision, le président Goodluck Jonathan a nommé son remplaçant en la personne de Godwin Emefiele, un banquier d’une vingtaine d’années d’expériences.
La suspension de Sanussi Lamido (52 ans) dont le mandat devait prendre fin en juin 2014, intervient dans un contexte de crise, marquée par la chute du Naira (monnaie locale) face au dollar.
Afin d’enrayer l’inflation et la chute du Naira, le gouverneur Sanussi, avait pris un certain nombre de décisions controversées, notamment l’augmentation de 50 à 75% du ratio des réserves de fonds publics au sein des banques opérant dans le pays. Une décision en vigueur depuis février 2014, mais très critiquée par les experts au vu de l’importance des fonds publics dans les banques.
« Une des conséquences directes a été l’accroissement des taux interbancaires et subséquemment ceux du crédit quotidien à l’économie », explique le site spécialisé Agence Ecofin.
Au-delà des reproches sur sa gestion, Sanussi Lamido a pointé du doigt de potentielles malversations au sein de la gestion de l’argent du pétrole. Depuis septembre 2013, ce dernier demande au président Goodluck Jonathan des éclairages sur la disparition de 50 milliards de dollars de recettes pétrolières,
Selon l’ex-gouvernent de la CBN, entre 2012 et 2013, sur les 65 milliards de dollars de vente effectué par la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), seuls 15 milliards de dollars ont atterri dans les caisses de l’Etat.
Les multiples sorties médiatiques de M. Lamido sur cette affaire a fini par courroucer la présidence, et serait au fond le véritable motif de sa suspension, à seulement trois mois de la fin de son mandat qui a débuté en 2009.
Le président Goodluck Jonathan s’est signalé ce derniers temps par un nombre impressionnant de limogeage au sein de son gouvernement et des forces de sécurité.
Son désir de briguer un autre mandat à la présidentielle de 2015 divise son parti, le Parti démocratique populaire (PDP) dont des dizaines de cadres sont partis rejoindre l’opposition. En septembre 2013, neuf ministres jugés proches des contestataires ont été évincés.
Dans le quotidien nigérian, Leadership, Ruben Abati, le conseiller spécial, en charge des relations publiques du président Jonathan, a jugé légale cette décision expliquant que « Sanussi Lamido, est suspendu de ses fonctions et non limogé ». Toutefois le concerné a annoncé qu’il va contester cette décision devant la Justice.
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