Last Updated on 26/06/2013 by Ouestafnews
Accompagné d’une forte délégation, dont « des investisseurs potentiels » selon des sources officielles, le président Obama séjournera dans la capitale sénégalaise jusqu’au 28 juin avant de s’envoler pour l’Afrique du Sud puis la Tanzanie où il achèvera ce périple africain.
A Dakar, où les services de sécurité américains ont fini d’imposer leur présence, il a été accueilli par un président Macky Sall et son gouvernement visiblement aux anges. Une joie relayée sans cesse par une presse officielle tout aussi enthousiaste, qui a usé et abusé de superlatifs pour vanter la « démocratie » sénégalaise, « la maturité du peuple sénégalais », présentant cette visite comme une récompense à un peuple qui « plie mais ne rompt pas », etc.
Prenant à contrepied ce discours officiel, associant la venue de Barack Obama à un « grand honneur » rendu à la démocratie sénégalaise, des observateurs qui se veulent plus réalistes ont appelé à plus de lucidité vis-à-vis de cette visite qui doit être vue pour ce qu’elle est : un voyage au service des intérêts stratégiques des Etats –unis.
Pour la Maison Blanche, ce voyage vise à raffermir des « liens croissants entre l’Afrique subsaharienne et les Etats –unis, en termes de croissance économique, de commerce, d’investissement (et) de renforcement de la démocratie ».
A Dakar la rhétorique des autorités sénégalaises se fait amplement l’écho de cette version qui fouette l’orgueil des Sénégalais, mais aussi donne l’occasion à un gouvernement sénégalais qui peine à convaincre à l’intérieur l’occasion de reluire son image.
« Un choix de reconnaissance, d’encouragement et de promotion d’un modèle nouveau de leadership africain, jeune dynamique, prometteur dans un continent en pleine mutation », a expliqué le ministre sénégalais des Affaires Etrangères, Mankeur Ndiaye, qui a signé un éditorial dans le quotidien pro-gouvernemental « le Soleil » et les principaux quotidiens sénégalais.
Des analystes beaucoup plus critiques ont appelé à dépasser cette vision « naïve » et angélique : la présence d’Obama en Afrique sert d’abord les et avant tout les intérêts stratégiques de son pays.
« La démocratie et les droits de l’Homme seront utilisés pour masquer les vrais objectifs de cette visite, qui vise essentiellement à faire du Sénégal un pion docile et fiable dans la stratégie globale des Etats-Unis », estime l’économiste et militant altermondialiste sénégalais Demba Moussa Dembélé.
Selon Dembélé, l’Afrique de l’Ouest, région la plus peuplée d’Afrique et riche en ressources naturelles, est en train de prendre une importance croissante dans la stratégie américaine de militarisation du continent africain.
La sous-région ouest africaine a laquelle fait partie le Sénégal est confrontée à de réels défis sécuritaires avec la guerre contre le terrorisme dans le nord du Mali dans laquelle la France est intervenue militairement.
« Les Etats-Unis sont tout sauf des anges. Ce voyage présidentiel, comme tous les autres, obéit à une logique géopolitique qui a toujours fait du Sénégal la tête de pont de l’Occident en Afrique francophone », estime pour sa part Karfa Diallo, fondateur du Mémorial de la Traite des Noirs .
Après Bill Clinton, en 1996, Georges Bush en 2002, Barack Obama sera le troisième président américain en fonction à visiter le Sénégal.
Dans une édition spéciale à cette visite, la télévision publique sénégalaise, a également rappelé qu’en 1943, Franklin Delanoe Roosevelt avait foulé le sol sénégalais. On était alors en plein dans la seconde guerre mondiale. Le Sénégal, comme un bon nombre d’autres pays africains, était alors une colonie française.
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