Polémique sur le « fils» rappeur de Sankara… Trois questions à Cheriff Moumina Sy

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Thomas Sankara (1949 – 1987). Son passage au pouvoir (1983 -1987) fut bref mais remarquable. Pour les Burkinabès qui lui doivent le nom actuel de leur pays, et pour les militants panafricanistes, il reste une « icône », pour ne pas dire une légende intouchable, portée haut au panthéon de l’histoire africaine. Alors lorsqu’on parle de son « fils », qui plus est jusque là « inconnu » et que l’on dit « envoyé aux USA » quelques jours avant son assassinat, forcément les passions se déchainent. Au pays des « hommes intègres », autre nom du Burkina Faso, ce n’est pas une petite affaire. Pour y voir plus clair : Ouestafnews a interrogé Cheriff Moumina Sy, directeur de publication du journal burkinabé Bendré, connu pour ses penchants sankaristes et par ailleurs président du Forum des Editeurs africains.

Ouestafnews- L’affaire Sankara, du nom de ce rappeur qui serait un « fils » du défunt Thomas Sankara, commence à faire grand bruit chez vous, pouvez-vous nous dire quel traitement les médias donnent-ils à cette affaire ?

Chériff Moumina Sy- Jusque là il y a deux médias burkinabè qui se sont intéressés fortement à cette affaire. Le Quotidien L’Observateur Paalga et L’hebdomadaire Bendré. Le premier s’est approprié l’histoire et a « allumé » le Président Sankara. Le second à contacté Ismaël Sankara –qui selon Jeune Afrique serait le fils de Sankara- qui nie être le fils de Sankara et qui dit que Jeune Afrique aurait tronqué ses propos.

Ouestafnews – Votre journal a essayé d’en savoir un peu plus, êtes-vous en mesure de nous apporter un éclairage définitif sur cette affaire ?

C.MS Au niveau de Bendré, nous avons contacté plusieurs membres de la famille Sankara qui n’en savaient rien. Nous avons eu en interview à deux reprises ledit « fils » qui nie et qui dit avoir pour nom de famille Saba et non Sankara. Nous avons publié sa lettre d’excuse à la famille Sankara (…) nous avons retrouvé deux personnes portant le nom Saba qui ont fait la même école que lui aux USA et nous nous attelons à vérifier si elles ont des lien de parenté avec lui.

Ouestafnews . – En votre qualité de président du forum des éditeurs africains, n’y a-t-il pas là une leçon à tirer pour les médias africains ?

C.M.S – Bien sûr ! Somme toute c’est banal. Quelle sont les valeurs fondamentales de notre profession de journaliste ? N’est-ce pas, entre autres, avoir l’esprit critique qui nous oblige de douter dialectiquement de tout ; l’honnêteté qui nous impose la sacralité des faits; l’impartialité qui nous amène à fouiller et bêcher les divers aspects d’une question ; l’indépendance qui nous maintient à distance de tous les pouvoirs … ?
Il faut rester aux fondamentaux. C’est pas parce que tel ou tel média occidental ou basé en occident dira telle chose, qu’il faut le prendre pour « la vérité » et se contenter de reproduire. Nous avons sur notre continent beaucoup de média et des journalistes de qualité qui font leur job avec rigueur et professionnalisme. Inspirons nous de leur exemple plutôt que celle des adeptes de la légèreté.

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