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Présidentielle au Bénin : la « Françafrique » en pole position ?

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En attendant la validation définitive des candidatures par la Cour constitutionnelle (prévue ce lundi 25 janvier 2016), les Béninois se préparent à un scrutin très ouvert au regard du nombre et des profils variés que présentent les candidats. D’autant que le président sortant Thomas Boni Yayi, qui a achevé ses deux mandats ne peut, selon la constitution béninoise, se représenter.

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Le président Boni a donc décidé juste avant son départ de mettre en selle un successeur, en la personne de Lionel Zinsou (61 ans), rappelé de France pour être nommé au poste de Premier ministre. Mais cette candidature n’est pas sans poser un sérieux débat.

Candidat de la Françafrique ?

Si aux yeux de ses partisans, c’est un technocrate issu du secteur privé et « spécialiste de la finance », aux yeux de ces adversaires et d’une certaine opinion publique africaine, M. Zinsou est le candidat de la « Françafrique », cette nébuleuse aux frontières de la diplomatie et des affaires qui cherchent coûte que coûte à préserver ses intérêts en Afrique.

Le Franco-béninois, qui a fait l’essentiel de sa carrière en France et qu’on dit « ami » de Laurent Fabius, apparaît donc comme un « héritier tardif », ou encore comme un « candidat parachuté par la France » pour d’autres.

Mieux connu dans les milieux financiers de l’Hexagone, M. Zinsou traîne selon ses détracteurs une grande méconnaissance du Bénin. Il lui faudra convaincre tous ces sceptiques avant d’espérer le fauteuil présidentiel. Son principal atout, son poste de « Premier ministre », qui de facto, met l’appareil d’Etat à sa disposition.

Une coalition, constitué d’hommes politiques et de syndicalistes béninois dont l’ancien chef d’Etat Nicéphore Soglo, a publiquement dénoncé la désignation de ce banquier d’affaires comme candidat des Forces cauris pour un Benin émergent (FCBE, au pouvoir) en parlant d’un parachutage « dicté par la France ».

En dépit de cette forte opposition, le candidat Zinsou fait tranquillement son chemin, fort du soutien de la Renaissance du Bénin (RB) et Parti du renouveau démocratique (PRD), la formation du président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji.

Soglo trahi ?

Il s’agit là d’un pied de nez à l’ancien président Nicéphore Soglo, qui devant la presse, le 22 janvier 2016, a de nouveau dénoncé ouvertement le soutien du RB, dont il est président d’honneur, au candidat Zinsou.
Pour Nicéphore Soglo, qui assimile l’alliance avec Zinsou à une « haute trahison », un processus de « recolonisation du pays » est en marche.

La posture de présidentiable de Zinsou a été rapidement concocté et ficelé par Boni Yayi, entre sa nomination inattendue comme Premier ministre en juin 2015 (à moins d’un an de la présidentielle) et sa surprenante désignation comme candidat de la coalition au pouvoir. Le tout a été plié en cinq mois.

Néanmoins, la conquête du palais de la Marina, ne sera pas une mince affaire pour Lionel Zinsou qui devra se défaire d’adversaires expérimentés, et considérés comme « plus méritants ».

Les habitués

Porté par l’Alliance pour un Bénin triomphant (ABT), Abdoulaye Bio-Tchané (né en 1952), adversaire malheureux de Boni Yayi il y a cinq ans, va à nouveau se jeter dans la bataille avec comme slogan « l’espoir » et « l’unité nationale » dans ce pays connu aussi d’une part pour sa « vitalité démocratique » et par moment pour des relents régionalistes chez certains nostalgiques.

En 2011, cet économiste, ancien ministre de l’Economie et des Finances sous le régime de feu Mathieu Kérékou, arrivait en 3ème position de l’élection présidentielle.

Sur la liste des candidatures validées par la Cena et à confirmer par la Cour constitutionnelle, figure aussi celle de l’infatigable Marie-Elise Gbédo qui a pris part, sans succès, aux quatre derniers scrutins présidentiels. Première femme candidate à un scrutin présidentiel au Bénin, cette avocate de formation a été plusieurs fois ministre.

Outre sa candidature, on compte un certain nombre d’autres candidatures féminines dont celle de l’ancienne directrice de cabinet du président Mathieu Kérékou, Célestine Nabéi Zannou, déjà candidate en 2006 et Elisabeth Agbossaga, une inconnue du grand public qui en sera à son coup d’essai.

La bataille du 28 février 2016 verra aussi la participation de plusieurs anciens ministres de Boni Yayi, dont certains tombés en disgrâce. Dans ce lot, on retrouve l’ancien Premier ministre, Iréné Koukpaki, l’ancien ministre de la Défense, Issoufou Kogui N’dourou, Nassirou Bako-Arifari, et Marcel de Souza, entre autres. Une multitude de candidatures qui sonne comme un désaveu du choix et de l’unité voulue par le FCBE autour de Lionel Zinsou.

Les hommes d’affaires aussi…

Les hommes d’affaires aussi seront bien représentés dan cette course. Parmi eux, Patrice Talon et Sébastien Ajavon, actuel président du patronat béninois vont se lancer dans la bataille du 26 février 2016.

Finie « l’affaire des poisons », qui lui a valu un exil forcé en France, Patrice Talon est dans la peau d’un candidat qui promet aussi de redonner à l’enseignement béninois son lustre en augmentant son budget qui tourne actuellement autour de 5% du Produit intérieur brut (PIB).

Sébastien Ajavon, qui se définit comme le « candidat du peuple », reste très en vue en cette période de pré-campagne, sa candidature soutenue par d’anciens parlementaires et les milieux d’affaires, a été officialisée avec faste, le 03 janvier au stade de l’Amitié de Cotonou.

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