Présidentielle au Sénégal : une « foire aux problèmes » pour amplifier la contestation

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Présidentielle au Sénégal : une « foire aux problèmes » pour amplifier la contestation
Me Wade s’est déclaré candidat à ce scrutin en même temps qu’une vingtaine d’autres personnalités politiques ou issues de la société civile.

« C’est une initiative citoyenne qui vise à ramener dans le débat politique et surtout au centre des préoccupations, les problèmes des sénégalais », a déclaré à Ouestafnews, Cheikh Fadel Barro, coordonnateur du mouvement « Y’en a marre » qui s’était fait remarquer le 23 juin 2011 lors de violentes manifestations contre un projet de réforme de la constitution.

Plusieurs candidats à la présidentielle, issus de l’opposition ainsi que des représentants de la société civile ont répondu en masse à cet évènement, organisé le dimanche 22 janvier 2012, à la Place de l’Obélisque » de Dakar, qui tend à devenir depuis quelques mois un haut-lieu de la contestation au Sénégal.

«Dans cette période, on ne parle que des candidatures, le (débat) tourne autour des préoccupations des partis politiques », selon Fadel Barro qui souhaiterait que l’on mette en avant les difficultés que les sénégalais rencontrent au quotidien. Selon lui, cette foire est donc, une initiative qui offre aux Sénégalais, quelque soit le secteur où ils évoluent, l’opportunité de s’exprimer sur les problèmes auxquels il sont confrontés.

Pour faire « foire », une vingtaine de stands ont été aménagés sur les lieux, occupés par diverses organisations, allant des associations estudiantines aux syndicats de travailleurs en passant par des organisations de défense des droits de l’Homme ou encore des mouvements paysans.

« Nous voulons attirer l’attention de ceux qui aspirent à diriger ce pays sur l’impunité, surtout les multiples cas de personnes mortes en détention dans les locaux de la police et de la gendarmerie », souligne El Hadji Abdoulaye Seck, chargé de la mobilisation et de la formation à Amnesty Sénégal. Autour de lui , sont fixées des planches avec les portraits d’une dizaine de personnes de nationalité sénégalaise qui ont perdu la vie en détention.

Dans leurs stands, truffés de slogans sur le malaise de l’université Sénégalaise, des étudiants sont intarissables dans leur dénonciation des « mauvaises conditions pédagogiques et sociales », auxquelles il sont confrontés. A deux pas de là, des visiteurs écoutaient le plaidoyer de l’Association Citoyenneté, Consommation Développement en Afrique (Cicodev, Afrique ) venu sensibiliser sur les problèmes de l’eau et de l’énergie au Sénégal.

Bref, la foire fut l’occasion de ressasser tous les problèmes du pays : malaise universitaire, corruption, cherté de la vie, conflit en Casamance, chômage…

« C’est une bonne présentation des problèmes faites par les acteurs eux-mêmes, car ce que les politiques considèrent comme prioritaires ne l’est pas forcément pour les populations », a réagi, le Professeur Amsatou Sow Sidibé, membre de la société civile et candidate déclarée à la présidentielle.

Pour Malick Diop, membre de la coalition Benno Siggil Senegal (BSS,opposition), « l’initiative a permis de mieux (lister tous) ces problèmes dans un même cadre » avant d’assurer qu’ils seront pris en compte dans le programme de BSS dont le candidat à l’élection est Moustapha Niasse.

« En venant ici j’ai découvert des choses dont j’ignorais l’existence comme le calvaire que vivent les populations rurales en Casamance ou encore la discrimination dont souffre les personnes handicapés au niveau de l’emploi et j’espère que les hommes politiques qui sont là en prendront compte », souligne Mody Sylla, cordonnier de son état.

Plusieurs candidats déclarés à l’élection présidentielle étaient également présent, dont Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste, Cheikh Bamba Dièye du Front pour la démocratie ou encore les « indépendants » Talla Sylla (ex-leader de parti) et Ibrahima Fall.

Le mouvement « Y’en marre », formé il y a tout juste une année est défini par ses promoteurs comme un « mouvement patriotique » qui a comme objectif l’émergence d’un « nouveau type de sénégalais ». Depuis plusieurs mois, le mouvement est à la tête de la contestation contre une troisième candidature du président sortant Abdoulaye Wade. Pour le régime en place, il s’agit de « jeunes urbains » qui n’ont rien à voir avec la majorité des jeunes que l’on retrouve à l’intérieur du pays.

Après la foire aux problèmes, un autre rendez-vous dénommé « foire aux solutions » est en vue, a confié à Ouestafnews le coordonnateur du mouvement.

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