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Présidentielle au Togo : encore une formalité pour Faure ?

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Ouestafnews – Les Togolais iront aux urnes le 22 février 2020 pour élire un président de la République. Pour certains analystes, il s’agirait d’une simple formalité pour le président sortant Faure Gnassingbé (au pouvoir depuis 2005). Dans l’organisation, des observateurs signalent quelques dysfonctionnements. 

«Des irrégularités ont été dénoncées, notamment en ce qui concerne la constitution du fichier électoral ; précisément les modalités de recensement des togolais de la diaspora, la composition de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante, NDLR) et la composition de la Cour constitutionnelle», souligne le politologue togolais Mohamed Madi Djabakaté dans un échange de courriels avec Ouestaf News.

Or afin d’éviter «le cycle funeste d’élection-contestation-répression, (…) il faut impérativement qu’il y ait un minimum de garantie de transparence et d’équité», poursuit-il.

Pour M. Djabakaté, il est important «pour la sauvegarde de la paix sociale déjà précaire que les acteurs se mettent d’accord sur les règles du jeu».

L’élection présidentielle du 22 février prochain, va opposer le président sortant Faure Gnassingbé, qui brigue un quatrième mandat de cinq ans, à six candidats dans un contexte de crise politique quasi permanente.

En août et septembre 2019, des dizaines de milliers de Togolais sont descendus à plusieurs reprises dans les rues à l’appel d’une coalition de l’opposition pour réclamer le départ du président Faure Gnassingbé et l’application de la Constitution de 1992, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.

Mais cette constitution a été modifiée en 2002 par le président Gnassingbé Eyadema, modification qui lui permit notamment de se présenter pour un nouveau mandat présidentiel à l’époque.

En février 2005, le pouvoir fut confié Faure Gnassingbé, fils de Gnassinbe Eyadema, suite au décès de ce dernier.

Le fils fut par la suite élu à la présidence en avril 2005 lors d’un scrutin ayant entraîné des violences entre les forces de l’ordre et l’opposition et causé la mort d’une centaine de personnes.

Lire aussi : «La France a toujours joué un rôle dans le maintien de la dictature», selon Farida Bemba Nabourema (Entretien exclusif, 1ere partie)

Parmi les six candidats devant faire face au président sortant, figure notamment celui de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), Jean-Pierre Fabre, qui brigue pour une troisième fois la présidence après être arrivé deuxième en 2010 et 2015, et qui qualifie d’invalide la candidature de Faure Gnassingbé.

«En vertu de la loi, Gnassingbé Faure Essozimna ne peut plus être candidat à la présidentielle du 22 février 2020. S’il l’est, malgré tout, en violation de la Constitution, ce sera un coup de force, un véritable coup d’Etat», estime-t-il, cité par TV5 Monde.

En mai 2019, l’Assemblée nationale avait adopté la loi introduisant dans la Constitution la limitation du mandat du président de la République à cinq ans renouvelable une fois.

Lire aussi : Togo : législatives sous tension sur fond de boycott

Toutefois, les députés avaient précisé que les mandats déjà réalisés et ceux en cours ne seront pas pris en compte dans l’application des nouvelles modifications constitutionnelles.

Ce qui signifie qu’après la fin du mandat actuel, le président sortant Faure Gnassingbé pourrait briguer deux autres mandats et rester au pouvoir jusqu’en 2030, s’il est élu.

«Si aujourd’hui, (…), plus rien ne se dit par les candidats sur les conditions de transparence, on peut conclure qu’ils consentent librement aux règles du jeu auquel ils ont choisi de participer en tout connaissance de cause», explique le politologue Mohamed Madi Djabakaté.

Une élection jouée d’avance ?

Pour le ministre togolais des Droits de l’Homme et des Relations avec les institutions, Christian Trimua, cité par le site Sputnik.com, tous les moyens ont été mis en œuvre pour des élections transparentes, crédibles, et acceptées par tous, pour des «lendemains d’élections qui soient apaisés».

Lire aussi : «Les Togolais ne veulent plus entendre de médiation internationale…» Farida Bemba Nabourema (Interview exclusive, deuxième partie) 

«Il est alors souhaitable qu’en cas de contestation que les acteurs procèdent par les voies légales et éviter aux populations, des violences inutiles», préconise M. Djabakaté.

Avec une opposition divisée, une commission électorale et une Cour constitutionnelle accoudée au pouvoir, rien ne semble empêcher une future réélection de Faure Gnassingbé pour un quatrième mandat, selon certains observateurs de la politique togolaise.

Selon le journaliste togolais Jean-Paul Agboh Ahouélété et camerounais, Louis Keumayou, auteurs de «Togo : une démocratie en construction», le scrutin du 22 février n’est qu’un «référendum» pour un «oui» ou «non» à un quatrième mandat de Faure Gnassingbé.

«Sur le papier, l’opposition aurait pu profiter du rétablissement de la présidentielle à deux tours pour  remporter le scrutin (…) mais dans les faits, son incapacité à tomber d’accord sur un seul candidat anéantit toutes ses chances», estime Louis Keumayou, cité par TV5 Monde.

Toutefois pour M. Djabakaté, il serait «imprudent d’affirmer que ce scrutin est gagné d’avance» par le président sortant Gnassingbé.

«Le pouvoir de Faure Gnassingbé a été mis à rude épreuve par une frange non négligeable des Togolais assoiffés de changement, exaspérés par les souffrances et les frustrations dues sans doute au déficit démocratique et à la mauvaise gouvernance», explique Mohamed Madi Djabakaté.

«La capacité des populations à sécuriser leur vote et celle des candidats de l’opposition à se faire réellement et valablement représenter dans les bureaux de vote peuvent leur permettre non seulement de déjouer les pronostics mais aussi de conduire à la manifestation de la vérité des urnes», estime l’analyste Djabakaté.

ON/mn

 


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