Si sa victoire est confirmée, Condé sera à 72 ans le premier président guinéen à accéder au pouvoir par les urnes depuis l’indépendance du pays.
La proclamation des résultats, dans la soirée du lundi 15 novembre 2010, s’est faite dans un climat tendu qui avait vu, quelques heures auparavant chacun des candidats se proclamer victorieux.
Afin d’apaiser les tensions, la télévision guinéenne (RTG, publique) a diffusé dans la soirée un appel au calme de la communauté internationale. Cet appel lu par Ibrahima Fall, au nom du Groupe international de contact sur la Guinée (CICG), demandait aux Guinéens et aux leaders politiques de faire preuve de « calme et de retenue » à l’issue de la proclamation des résultats.
Dans une déclaration diffusée sur Radio France internationale (RFI, chaine publique française) le perdant de ce second tour, Cellou Dalein Diallo, a annoncé sa décision d’introduire un recours à la Cour suprême pour contester les résultats provisoires mais a également appelé avec insistance, tous ses militants et ceux des « partis alliés », à faire preuve de retenue.
Cet ancien premier ministre, a clairement déclaré qu’il n’accepterait pas que des citoyens s’en prennent à des biens publics privés ou publics en son nom, celui de son parti ou de l’alliance qui l’a soutenu au second tour.
Les résultats de ce second tour – qui doivent être confirmés par la Cour suprême – vont mettre fin à une transition très chaotique entamée en décembre 2008 au lendemain de la mort du général Lansana Conté.
Le décès du général Conté avait ouvert les portes du pouvoir au capitaine Moussa Dadis Camara, à la tête d’une junte militaire, qui avait suscité beaucoup d’espoir avant de mener le pays vers l’impasse.
Près d’un an plus tard, le capitaine Camara sera lui-même écarté du pouvoir à la suite d’une tentative d’assassinant contre sa personne et qui le verra exfiltré du pays, cédant ainsi sa place au général Sékouba Konaté, actuel chef de l’Etat, qui a très laborieusement mené la transition à son terme.
La Guinée, considérée comme le pays « le plus riche » d’Afrique de l’ouest en raison de ses immenses ressources naturelles, reste un des pays où les populations sont encore les plus démunies de la sous région.
Premier pays de l’Afrique de l’ouest à accéder à l’indépendance (en 1958), le pays a mal entamé son accession à la souveraineté internationale et a souffert, pendant plusieurs années, de l’ostracisme de la France, ancienne puissance coloniale.
Ce fut le prix à payer par la nation nouvellement indépendante alors sous la direction d’Ahmed Sékou Touré, qui avait osé dire « non » à la France à un moment où ce dernier exerçait encore sa domination sur une grande partie de l’Afrique de l’ouest et du centre.