PSE Sénégal : tintamarre, endettement et loin… du développement

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Ouestafnews – Le taux de croissance actuel du Sénégal, qui se situe à 4,6 %, n’est pas suffisant pour impulser le développement socio-économique du pays, a admis son président Macky Sall à l’ouverture, ce lundi 24 février 2014, d’une rencontre du « Groupe consultatif de Paris » sur le Sénégal.

Alors que les autorités font un grand tintamarre autour de cette rencontre de deux jours à l’occasion de laquelle la quasi-totalité de la république a été transportée…à Paris au frais du contribuable, l’intelligentsia sénégalaise reste quant à elle plutôt sceptique.

La réunion, hyper-médiatisée comme si elle devait mettre une fin définitive au calvaire que vit le pays, regroupe l’Etat du Sénégal en quête de financements pour son Plan Sénégal émergent (PSE), les bailleurs de fonds et le secteur privé international. Le Sénégal compte mobiliser une partie des financements nécessaires à la réalisation de ce PSE, soit quelque 2.964 milliards FCFA sur les 10.000 milliards que requiert ledit plan.

De son élaboration jusqu’à son adoption, le PSE a fait l’objet de vives controverses et de vives critiques sur ses coûts, ses acteurs, sa pertinence, le choix du cabinet auquel il a été commandité, la qualité du travail rendu. Des protestations qui ont eu des échos, parfois jusqu’au sein même du gouvernement.

« Nous sommes parvenus au constat que notre taux de croissance actuel, à 4,6%, est certes relativement appréciable, mais qu’il est encore bas et erratique pour induire les changements substantiels de nature à modifier qualitativement les conditions de vie de nos populations », a déclaré le président sénégalais à l’ouverture de la réunion.

« La quête de l’émergence relève d’abord de notre propre responsabilité. C’est pourquoi le financement du Programme d’Action Prioritaire du PSE sera assuré par le Sénégal, à hauteur de 69 % », a ajouté le chef de l’Etat sénégalais.

Le PSE d’après les estimations du gouvernement, devrait conduire le pays à l’émergence d’ici 2035, et pour y arriver le Sénégal devra afficher un taux de croissance annuel de 7 % à partir de 2017. Pour nombre de Sénégalais, pris en tenaille entre le chômage, la précarité et la vie chère, il s’agit là d’un délai trop long pour des objectifs relativement modestes !

Sur les réseaux sociaux, les experts et analystes sénégalais relaient ce scepticisme de leurs compatriotes et mettent du bémol à l’enthousiasme débordant des autorités. L’intelligentsia sénégalaise, les économistes en particulier, craignent que le pays ne soit surendetté!

« Emprunter n’est pas une chose mauvaise, cela peut est même utile parfois. Pourvu que l’on ait une bonne capacité de remboursement », avertit l’économiste Chérif Salif Sy dans une contribution partagée sur sa page facebook.

Selon cet économiste réputé, il faut faire attention aux « jeux d’argent qui dégénèrent souvent en bulles spéculatives, suivies d’un effondrement économique lorsque la mise en œuvre des programmes connait des défaillances ou lorsque tout simplement ‘les bailleurs’ ne tiennent pas leurs promesses » !

D’autres sénégalais n’hésitent pas à rappeler que c’est le président Macky Sall lui-même qui, il y a à peine trois mois (en décembre 2013) tirait la sonnette d’alarme pour mettre en garde les Sénégalais sur le poids de la dette dans l’économie du pays !

Un internaute assez vigilant rappelle ainsi que c’est M. Sall lui-même qui disait pour s’en plaindre que «le Sénégal rembourse 57 milliards (FCFA) chaque mois pour une dette de l’ancien régime (et) qu’il est indispensable de mettre fin à la spirale dangereuse de croissance de la dette publique qui représente 38,6% du PIB en 2011 contre 20,7% en 2006».

Le même internaute de souligner que « la Direction de la dette publique, dans un rapport publié sur la stratégie d’endettement entre 2013-2017, lançait une alerte sur l’exposition au risque de change de la dette du Sénégal qui s’élève à plus 56 %».

Ainsi, loin de l’enthousiasme affiché par les autorités, l’opinion publique reste dubitative, ceci d’autant que le gouvernement sortant du président Abdoulaye Wade s’était lourdement endetté, et au bout du compte, cet endettement n’avait servi qu’à satisfaire des intérêts particuliers, notamment sa famille et son entourage, laissant un pays économiquement convalescent.

Craignant que l’actuel président Sall, qui a servi pendant huit ans sous le régime Wade, ne commette les mêmes erreurs que son prédécesseur et mentor, ils sont peu nombreux en dehors des cercles du pouvoir, à se laisser émerveiller par les montants colossaux des financements que l’actuel gouvernement affiche à ses compteurs.

Avant de rejoindre Paris, le président sénégalais était en visite officielle en Chine. Là également, il a obtenu des accords de financements d’infrastructures de base qui s’élèvent à 2.200 milliards. Presque le budget annuel du Sénégal.

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