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Putsch au Mali: concert de condamnations

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De la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui regroupe les pays voisins du Mali, jusqu’à l’Organisation des Nations Unies en passant par l’Union africaine et les organisations de défense des droits de l’Homme, la condamnation et l’exigence d’un retour à l’ordre constitutionnel sont unanimes.

Il s’agit là d’un « acte de rébellion, qui porte gravement atteinte à la légalité constitutionnelle et constitue un sérieux recul pour le Mali et pour les processus démocratiques en cours sur le continent », a déploré l’Union africaine dans un communiqué signé par le président de la Commission, Jean Ping. Il a demandé aux mutins de « mettre un terme immédiat à leur action et de se soumettre à la légalité constitutionnelle ».

La même injonction a été formulée par Kadré Ouédraogo, président de la Commission de la Cedeao, qui enregistre une entorse de plus à son « protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance ».

L’Organisation des Nations-unies, tout en condamnant les putschistes maliens, exige le retour à un processus démocratique.

Le Mali se préparait à organiser une présidentielle le 29 avril 2012 qui devait marquer l’arrivée d’un nouveau président à la place d’Amadou Toumani Touré qui avait épuisé les deux mandats autorisés par la loi et qui s’était engagé à quitter le pouvoir dans le respect de la constitution.

Les organisations de défense des droits de l’Homme ont aussi ajouté leurs voix à ce concert de condamnations.

« Ce coup d’État est anachronique (au vu) du processus démocratique qui tente de s’enraciner en Afrique de l’Ouest » a estimé son président d’honneur Sidiki Kaba dans un communiqué co-signé par l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH) et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH).

Au niveau des partenaires financiers internationaux du pays, la décision de suspendre les programmes de coopération a déjà été annoncée par la Banque africaine de développement (Bad) et la Banque mondiale.

La France, elle a décidé de suspendre ses « coopérations régaliennes avec le Mali » à l’exclusion de « l’aide alimentaire » et de son « action dans la lutte contre le terrorisme », indique une déclaration publiée jeudi 22 mars 2012 par son ministère des Affaires étrangères.

Ce vendredi 23 mars 2012, l’Union européenne a annoncé sa décision « de suspendre temporairement les opérations de développement de la Commission européenne dans le pays jusqu’à ce que la situation se clarifie », affirmé son commissaire au Développement, Andris Piebalgs, tout en précisant que « cette décision ne concerne pas l’aide humanitaire ».

Ce coup d’Etat jugé « insensé » par beaucoup d’analystes ne semble pourtant guère surprenant aux yeux des Maliens. Certains d’entre eux ont indiqué, lors d’une émission interactive organisée par Radio France internationale (Rfi), ne pas être surpris par la tournure des évènements, tant le problème sécuritaire du pays semblait dépasser le président Touré.

L’altermondialiste et ancienne ministre malienne de la culture du Mali, Aminata Dramane Traoré, fait partie de ce lot. Interrogée par Rfi, elle a souligné que ce genre de situation était prévisible depuis quelques temps.

Ce coup d’Etat, annoncé à la télévision publique malienne par des militaires, regroupés au sein d’un Comité national pour le redressement de la démocratie (CNRDR) a été l’aboutissement d’une journée agitée pendant laquelle on a d’abord évoqué une « mutinerie » de soldats, mécontents des conditions dans lesquelles se trouve actuellement l’armée malienne.

Depuis quelque mois, cette armée fait face « sans moyens », selon ceux qui étaient d’abord présentés comme des « mutins », à une rébellion armée dans la partie nord du pays. Cette rébellion a vu quelques villes du nord Mali tomber une à une sous le contrôle des rebelles du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) composé essentiellement de combattants touarègues.

Ces mutins dirigés par le capitaine Mamadou Sanogo, ont vite annoncé la fermeture des frontières et une suspension de la constitution du pays.

« Nos troupes n’ont pas de secours, pas d’armements! C’est-ce qui a conduit à ce ras-le-bol généralisé », a souligné le capitaine dans un entretien avec la chaine de télévision Africable, repris par le site JournalduMali.com

« Nous ne sommes pas là pour nous éterniser ! Je promets cela au peuple malien, 3, 6 ou 9 mois, tout va dépendre de la transition », a aussi dit le chef de la junte.

Le chaos qui s’est installé dans la capitale suite au coup d’Etat a fait entre un et trois morts, selon les sources. Plusieurs membres du gouvernement ont été arrêtés. Depuis l’annonce du putsch, le président Amadou Toumani Touré reste toujours introuvable. La junte le dit « détenu » en lieu sûr, ses partisans indiquent qu’il dirige la « résistance » depuis un des camps militaires de Bamako et enfin d’autres sources le donnent « refugié » à l’ambassade des Etats-Unis.

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