Mamadou Tandja paie « le prix de l’entêtement », écrit ainsi l’Observateur Paalga du Burkina
« A vrai dire, ce coup d’Etat est une demi-surprise car, il était pratiquement attendu par les opposants et redouté par Tandja lui-même » , écrit ce journal qui poursuit « ce n’est pas sans raison que ces derniers mois, en bon militaire, le colonel Tandja a pratiqué la méthode du camouflage auquel il a adjoint des cadeaux (villas et voitures) et espèces sonnantes et trébuchantes aux gradés de la grande muette au cas où elle aurait des velléités putschistes ».
Mais fait remarquer le même journal dans son éditorial, cette tactique « à l’évidence, ne l’a pas sauvé pour longtemps… »
Très railleur, l’éditorialiste écrit que « le colonel Tandja, engoncé dans son bazin (qualité de tissu) et ses certitudes politiques (…) a poursuivi sa marche forcée en multipliant les actes de forfaiture ».
Et le journal de rappeler la longue liste des actes posés par le régime de Mamadou Tandja et ayant conduit au putsch du 18 février :: «congédiement des députés le 26 mai 2009, dissolution de la Cour constitutionnelle , référendum le 4 août 2009 qui fait passer le Niger d’une Ve à une VIe République, Législatives le 20 octobre qui accoucheront d’une assemblée nationale monocolore, autisme du même Tandja lors des négociations inter-nigériennes avec le facilitateur Aboubakar Abdul Salami ».
Le quotidien sénégalais L’Observateur (privé) partage le même avis.« Coup d’Etat au Niger: l’armée freine Tandja, le despote ». Et le quotidien dakarois de renchérir : « tous les observateurs avertis voyaient venir ce énième coup de force au Niger » écrit ce journal qui livre quelques détails sur l’identité des putschistes.
« Confirmé par différentes sources, le putsch a mis en selle le commandant de la compagnie d’appui des blindés de Niamey, Djibrila Hima Hamidou dit ‘Pelé’. Agé de 45 ans, le nouvel homme fort promet de restaurer la démocratie », précise le journal.
Un autre quotidien privé sénégalais Kotch fait savoir à sa Une que « Tandja ( a été ) perdu par son entêtement » avant de s’interroger : « Que va faire la Cedeao? (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) », L’organisation sous régionale, qui avait suspendu le Niger de toutes ses instances, avait aussi désigné un médiateur dans la crise.
Comme pour répondre à cette question, le quotidien privé nigérian The Guardian titre : « Fusillade en République du Niger, le Nigeria invite à la prudence », en relayant un message du président intérimaire Jonathan Goodluck, par ailleurs nouveau président de l’institution sous régionale.
Le journal, dont le texte semble avoir été rédigé avant l’annonce par les militaires de leur prise du pouvoir, fait savoir que M. Goodluck est « vivement préoccupé » par la situation au Niger où « des coups de feu sont signalés ».
De son côté, le journal gouvernemental burkinabé Sidwaya revient sur « le colonel Abdoulaye Adamou Harouna (est) nouvel homme fort du pays » et rappelle le film des évènements.
« Tout a commencé hier, jeudi 18 février 2010, en milieu de journée, par des tirs à l’arme lourde dans les environs du palais présidentiel nigérien ».
Le journal qui affirme avoir été « alerté par sms par un ressortissant à Niamey », le journal précise avoir « suivi le déroulement des événements qui ont fini par se préciser en début de soirée. Il y a bel et bien eu coup d’Etat à Niamey ».
« Le président Tandja est aux arrêts ainsi que des membres de son gouvernement. Le nouvel homme fort du Niger serait le colonel Abdoulaye Adamou Harouna », écrit Sidwaya.
Le coup d’Etat au Niger fait suite à une longue crise politico-institutionnelle, consécutive à une modification constitutionnelle controversée ayant permis à Mamadou Tandja de prolonger de trois ans son mandat et de lever la mesure limitant à deux le nombre de mandats présidentiels.
Mamadou Tandja avait été démocratiquement élu à la présidence du Niger en 1999 pui réélu en 2005.
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