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Racisme ou peur de l’autre : débat à Dakar

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La nouvelle qui a servi de base à ce débat est intitulée « Trois hivers à Genève », est est l’œuvre de Fama Diagne Sène qui y donne sa vision du racisme, telle qu’elle l’a perçue dans cette ville Suisse, lieu de brassage, considéré comme une cité diplomatique.

« C’est dans les villes où il y a énormément d’étrangers que les gens se sentent agressés », explique l’écrivain sénégalaise, lors d’un débat suivi ce 31 juillet 2013 par une soixantaine d’amoureux des lettres au centre culturel allemand de Dakar, plus connus sous le nom de Goethe Institut.

Dans sa nouvelle, qui se base sur son expérience personnelle, l’auteur décrit la réaction des Genevois à un fait divers : la découverte d’un cadavre, 300 jours après le décès.

Alors qu’elle se trouvait dans un tramway, les passagers auraient comparé l’horreur de ce fait divers à différents clichés sur l’Afrique, fait curieux, tout en évitant de croiser le regard de Mme Sène.

« Les Genevois se sont soignés avec l’horreur des autres », a-t-elle affirmé faisant référence à la manière des Genevois d’éviter de se reconnaître dans ce fait divers macabre pour plutôt le transférer chez d’autres, en Afrique notamment, où disaient-ils, il se passe pire.

Selon elle, on peut faire une différence entre « racisme » et « peur de l’autre, mais en tant qu’Africain, on ressent la peur de l’autre comme un rejet. »

« Je ne pense pas que j’ai été particulièrement dure avec Genève », a-t-elle répété plusieurs fois, répondant aux questions du
public, qui trouvait sévère son jugement de son jugement de la ville suisse. D’ailleurs l’auteur a par la suite précisé qu’elle avait vécu de nombreux moments agréables dans la ville, mais qu’elle avait voulu écrire sur ce moment qui l’avait marqué.

En marge de la présentation Mme Fama Diagne Sène a admis dans un échangé avc Ouestafnews qu’elle s’attendait à certaines « crispations », en présentant cette nouvelle dans un centre culturel étranger.« Ce n’est pas un texte facile », a-t-elle ajouté, tout en se disant satisfaite du débat.

De son côté, Oumar N’Dao, professeur de littérature assez connu du milieu dakarois, a comparé son expérience de la Suisse à celle de l’auteur.

«Je me suis rendu quatre fois en Suisse, mais du côté germanophone. Là-bas, les gens ont une curiosité attentive et positive », a-t-il expliqué à Ouestafnews après le débat.

« L’étranger, ce qu’on ignore, pousse de toute façon à la curiosité», estime M. Ndao. Une position partagée par le directeur du Goethe Institut de Dakar, Michael Jeismann, pourtant critique sur les points de vue de l’auteur pendant le débat.

« Sur le fond, nous sommes d’accord, c’est le mécanisme social qui produit l’exclusion de l’autre», dira-t-il.
La nouvelle « Trois hivers à Genève » a été publiée en 2006 dans le recueil « Le camp des innocents ».

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