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Réforme du secteur pétrolier Nigérian : les éclairages du Pr. Adeola Adenikinju

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Ouestafnews – Pourquoi ce projet, suscite-il autant de résistances au niveau de plusieurs couches de la société ?

Adeola Adenikunju – Cette résistance est due à un certains nombres de facteurs, tout d’abord l’appareil gouvernemental au Nigeria souffre d’un problème de crédibilité. En réalité beaucoup de promesses avaient été faites par les administrations précédentes (…) pour améliorer le bien-être des Nigérians sans pour autant que ces promesses ne soient tenues, d’où la méfiance actuelle face à ce projet. Il y a aussi la corruption généralisée qui règne dans le système, couplée à un train de vie dispendieux du gouvernement. On reproche aux élus de s’attribuer l’argent du peuple et de ne pas se préoccuper du sort du Nigérian moyen.

La suspicion entoure également la NNPC (Ndlr :Nigerian National Petroleum Corporation, l’entreprise étatique chargée de la régulation du secteur pétrolier) qui aux yeux des Nigérians constitue une entité corrompue et à travers cette suppression annoncée de la subvention, les populations ont le sentiment qu’elles n’ont pas à payer pour l’incompétence de cette structure. D’autres facteurs comme le fort taux de chômage et les conditions économiques difficiles ne militent pas aussi en faveur de ce de la mise en œuvre du projet.

Et parallèlement, au projet, le gouvernement est en train d’introduire des réformes au niveau de la commercialisation de certaines denrées comme l’électricité dont une hausse des prix est prévue. Il y a aussi la réintroduction du péage sur les routes, entre autres. D’ou le sentiment partagé que le projet n’arrive pas au bon moment. Il y a aussi le fait qu’aucune mesure de compensation n’ait été envisagée pour atténuer l’impact sur les consommateurs. D’autant que les Nigérians ont au fil des années construit leur vie autour du pétrole bon marché, et l’alimentation régulière en électricité faisant défaut, la plupart des petites et moyennes entreprises utilisent le pétrole pour leur fonctionnement.

Ouestafnews – Qu’en est-il des potentiels avantages sur la vie quotidienne des consommateurs ?

A.A – Les avantages du projet sont nombreux, en aval il va apporter plus d’efficacité au secteur, mettre un frein au régime actuel de gaspillage et de corruption qui règne au niveau de l’importation des produits raffinés. C’est aussi une politique de libéralisation qui va amener des investissements dans les raffineries. Il y aura en somme des chaines de valeurs au niveau de l’industrie qui à l’instar des télécommunications vont générer des emplois. En outre les ressources financières épargnées peuvent être affectées à des projets sociaux pour améliorer le quotidien des populations et à la réfection des infrastructures de base.

Au niveau des inconvénients que pose l’élimination de cette subvention, la première chose est que le coût de la vie va augmenter avec de fortes conséquences au niveau des ménages les plus pauvres. Les tarifs vont augmenter dans le secteur du transport, entraînant naturellement une hausse des prix dans les autres secteurs de l’économie. Le fort taux de chômage risque notamment de s’aggraver car des pertes d’emplois ne sont pas à exclure au niveau des PME (Petites et moyennes entreprises).

Ouestafnews – Faites –vous confiance au gouvernement qui a annoncé sa volonté de consacrer les bénéfices à améliorer le quotidien des populations ?

A.A – Le gouvernement n’a pas fait montre d’une transparence dans cette affaire et les Nigérians ne sont pas convaincus que ce projet est différent, crédible. Le système est à la base inefficace et corrompu et les sanctions tombent à peine, dans ce cas les fonds sont intégrés au budget fédéral et peuvent tout bonnement disparaître comme par le passé. Ajouté à cela aucune analyse de l’impact socio-économique de ce projet n’a été réalisé.

Ouestafnews – Avec la pression et le tollé général que suscite ce projet, pensez-vous que le Président Goodluck Jonathan, va finalement battre en retraite comme ses prédécesseurs ?

A.A – Le gouvernement semble détermine à aller au bout car subissant en partie la pression des gouverneurs. Cependant il est probable qu’il se heurte à une forte résistance populaire, étant donné que la majorité des Nigérians juge le projet inapproprié à l’heure actuelle. Les prix à la pompe vont monter en flèche alors que dans le même temps les gouvernants ne prévoient rien pour réduire leur train de vie dispendieux.

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