Ouestafnews– Dans un communiqué en date de ce lundi 19 juin 2023, la Coordination des organisations des réfugiés mauritaniens au Sénégal (Corms) a décidé de boycotter la célébration de la journée mondiale du réfugié aux côtés du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ce 20 juin à Dakar. C’est à Ndioum (nord) que le Corms a choisi de commémorer l’événement. Son chargé de la communication Abdourahmane Sy en donne ici les raisons.
Ouestafnews – Votre coordination a choisi de fêter cette année la journée mondiale du réfugié séparément du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dont la mission est pourtant de s’occuper des questions des réfugiés. Peut-on savoir ce qui motive votre décision ?
Abdourahmane Sy – Nous n’avons pas voulu répondre à l’invitation du HCR parce que tout simplement, nous estimons, et c’est le cas, que la journée des réfugiés est célébrée par et pour les réfugiés. Ce sont donc les réfugiés qui doivent inviter les autres pour leur parler de leur vécu, de la gestion des dossiers concernant certains déplacés ….C’est aussi l’occasion pour nous d’exposer nos problèmes aux autorités du pays et aux représentants des Nations unies afin d’améliorer nos conditions de vie et d’existence.
Ouestafnews – Concrètement, quelle est la différence entre organiser vous-mêmes la journée et être invités par le HCR ?
A.S – Les réfugiés ne sont pas composés que de Mauritaniens. Il y a presque onze nationalités parmi ceux qui résident au Sénégal. Le HCR est censé s’occuper de ces personnes en les accompagnant. Mais pour cette journée dédiée aux réfugiés, ces derniers ne sauraient être considérés comme des invités.
Ils nous invitent parce que là c’est le HCR qui détermine les activités, choisit les autorités à inviter et même les réfugiés à inviter. Le HCR contrôle donc la manifestation. Ils ne veulent pas nous voir nous présenter à la manifestation, par exemple, avec des pancartes exhibant les manquements de l’Etat ou du système des Nations unies à notre égard.
On a vu en 2019, un réfugié se faire violenter sur ordre d’un officier du ministre de l’Intérieur. Nous avons besoin de célébrer librement cette journée. Les questions nous concernant semblent être oubliées par les Etats du Sénégal, de la Mauritanie, ainsi que de la communauté internationale et de la société civile sénégalaise.
Nous vivons le calvaire au quotidien, dans l’ignorance totale de l’Etat du Sénégal, de la juridiction communautaire de la Cedeao et de l’Union africaine.
Nous avons maintes fois été arrêtés à Dakar car ils ne voulaient même pas que nous exprimions nos problèmes. Les autorités pensent que nous sommes en train de transférer des problèmes du voisin dans la capitale alors que ce n’est pas le cas. C’est une journée qui permet aux réfugies d’exprimer ce qu’ils vivent et pensent de leur situation.
Tous les services gouvernementaux impliqués dans la gestion de notre dossier ne sont plus actifs à nos côtés. L’assistance de l’Etat a été arrêtée depuis le 10 octobre 1994. Dans les camps de fortune de Saint-Louis jusqu’à Diawara, les réfugiés sont en train de mourir à petit feu. Personne ne s’inquiète de leur sort. Ils veulent nous plonger dans l’oubli.
Ouestafnews -Est-ce la première fois que vous fêtez cette journée séparément ?
A.S – Ce n’est pas la première fois que nous fêtons séparément cette journée avec le HCR. C’est arrivé dans plusieurs localités de Saint-Louis (nord) jusqu’à Diawara (nord-est). Cette année, on va la célébrer avec nos compatriotes qui sont dans la vallée du fleuve Sénégal. A cet égard, nous demandons au président sénégalais, Macky Sall de saisir toutes les directions qui sont censées gérer la question des réfugiés. On nous ignore mais nous élèverons la voix pour que tout le monde nous entende.
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