Principal bailleur de l’Unesco, les Etats-Unis ont maille à partir avec cette entité onusienne depuis 2011, année qui marque l’admission de la Palestine comme pays membre.
A la différence de son prédécesseur Barack Obama qui avait sensiblement diminué l’implication de son pays, le président américain Donald Trump a lui franchi le rubicond en annonçant le 12 octobre 2017, le retrait de son pays.
Spécialiste des Relations internationales, Cire Sy est d’avis que la sortie du pays dirigé par Donald Trump depuis janvier 2017, aura un impact sur le financement de la lutte intellectuelle et culturelle contre le terrorisme,
« La promotion de l’alphabétisation et des nouvelles technologies de l’information et de la communication en Afrique ne peuvent se faire sans financement» souligne-t-il. Pour le Professeur, Ousmane Sène, directeur du Centre de recherche ouest africain (Warc, sigle en anglais), « l’Unesco va devoir revoir ses ambitions à la baisse ou procéder à un réajustement ».
Le plus gros bailleur s’en va ?
En se retirant de l’Unesco, les Etats-Unis, plus gros contributeur avec 22% soit 553 000 millions de dollars, mettent un frein à beaucoup d’activités de cette organisation spécialisée des Nations Unies.
La Conférence internationale sur les enjeux et défis liés à la protection du patrimoine culturel en zone de conflit s’est tenu au Mali en mars dernier. Lors de cette rencontre, la première phase du projet a vu 14 mausolées reconstruits, des bibliothèques privées réhabilitées, des structures publiques en charge de la culture équipées, entre autres.
D’ailleurs, en 2014, le représentant de l’Unesco au Mali, Lazare Eloudou Assomo, avait déclaré lors d’une conférence de presse à New-York, que l’Unesco avait besoin de 11 millions de dollars pour terminer la réhabilitation du patrimoine détruit et elle a déjà été en mesure de recueillir 3 millions de dollars.
Toutefois, l’impact est à relativiser, a en croire le Pr Sène. « Dorénavant, il y aura un déficit budgétaire qu’il faudra essayer de combler», a-t-il dit. Depuis son installation en tant que 45ème président des Etats Unis, Donald Trump attend une réforme de l’Onu qu’il juge trop bureaucratique et trop subventionnée par son pays.
Les non-dits d’une sortie
Contrairement à la version officielle, la sortie des Etats Unis de l’Unesco n’est pas seulement liée aux « partis pris anti-israéliens » mais à trois facteurs selon Ciré Sy. « Ils (Etats Unis) ont quitté l’Unesco sur la base de trois critères : financier, organisationnel et le dernier est lié à l’Israël », analyse-t-il. Washington avait déjà suspendu ses financements à l’institution onusienne depuis sa reconnaissance de la Palestine en 2011.
Toutefois, Ousmane Sène lui n’est nullement surpris par « cette énième tentative de retrait ». « Déjà en 1983, ils avaient menacé de se retirer en avançant certaines raisons», se rappelle-t-il.
Le 28 décembre 1983, à travers une note adressée au directeur général de l’Unesco à l’époque (Ahmadou Makhtar Mbow), les Etats-Unis manifestaient leur intention de se retirer de l’Unesco. Mais dissuadé en cela par toute la communauté internationale et ses alliés occidentaux notamment, Washington est revenu sur sa décision.
Comme aujourd’hui, la gestion, l’orientation idéologique et le budget étaient les raisons évoquées à l’époque. Un Etat qui se retire de l’Unesco perd ipso facto le droit de siéger à la Conférence générale, au Conseil exécutif et de faire partie des organes subsidiaires, ainsi que des comités intergouvernementaux.
L’Acte constitutif de l’Unesco dispose en son article 2 que tout Etat membre ou membre associé de l’organisation peut se retirer, après avis adressé au directeur général.
Le retrait américain prend effet au 31 décembre de l’année suivant celle au cours de laquelle l’avis a été donné. Il ne modifie en rien les obligations financières de l’Etat intéressé envers l’organisation à la date à laquelle le retrait prend effet.
AC/mn/ad
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