Quant au Burkina Faso, l’excédent y est estimé à 1 million de tonnes, soit 28 % des besoins nationaux sur une production totale de 4.500.000 tonnes, affirme l’ONG qui, selon son site web, prétend offrir une autre image du Sahel au-delà des clichés sur la faim pour une région qui, depuis la grande sécheresse des années 70, reste souvent associée à la famine et à la pauvreté.
Cependant, note l’ONG, les prix des céréales commencent à augmenter au Niger, en dépit de ce « solde excédentaire (de la production céréalière), à cause de la pression exercée sur le marché par les opérations d’achats de mil par l’Etat pour la reconstitution des stocks ». par contre les prix restent « quasiment stables » au Burkina Faso et des augmentations « moins sensibles » sont notées au Mali.
Ces trois pays sont tous situés au cœur du Sahel et la survie d’une bonne partie de leurs populations dépendent de l’agriculture, elle-même soumise aux aléas climatiques.
Le Niger est touché de façon cyclique par l’insécurité alimentaire qui, en 2009 avait affecté la vie de 7,5 millions de personnes, soit presque la moitié de la population du pays.
Lors d’un discours prononcé à l’occasion d’une rencontre internationale sur la sécurité alimentaire 29 mars 2011 à Niamey, l’ex-Premier ministre nigérien Mahamadou Danda avait plaidé pour « une approche globale et prospective ». Selon lui l’excédent de production ne parvient pas à éliminer la faim dans le pays car « Le niveau de prévalence de la malnutrition au Niger, même en période de production excédentaire, est resté très préoccupant». Dans ce même discours, il s’était aussi élevé contre les méthodes « d’urgence » qui caractérise la gestion des crises alimentaires.
Les réponses et les solutions à apporter à la crise de l’agriculture, source de l’insécurité alimentaire chronique dans nombre de pays africains, fait l’objet de vifs débats, sur fond de batailles pour le contrôle des terres, parfois entre communautés d’un même pays, et de plus en plus entre ces communautés et de grands multinationales étrangères soutenues et encouragées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.
« Le concept de sécurité alimentaire doit aller de pair avec celui de souveraineté alimentaire », rappelait à Ouestafnews, Mme Diakéba Kaba, membre de l’Association guinéenne pour l’allègement des charges féminines (AGCFEM), qui se bat pour une agriculture qui profite d’abord aux familles rurales africaines, souvent les plus démunies et dans la plupart des cas, principales victimes de crises alimentaires récurrentes.
Selon cette militante féministe, la lutte pour la sécurité alimentaire ne doit pas être un « fourre-tout ». Et pour cette raison, son organisation, qui regroupe des femmes en milieu rural lutte contre la politique d’introduction des pesticides prônée par des organisations comme l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra, selon le sigle en Anglais) que dirige l’ancien secrétaire général des Nations-Unies, Kofi Annan.
« Plus fondamentalement quand on regarde les modèles de développement agricoles qu’on a mis en place depuis les années 60, on peut affirmer qu’il n’y a pas eu de changements majeurs en termes de diversification », argue de son côté Mamadou Dansokho, chercheur au Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) basé à Dakar.
« Un pays incapable de nourrir sa population va la jeter en pâture à l’extérieur », rappelle le chercheur dans un entretien accordé à Ouestafnews, tout en soulignant la nécessité d’une production agricole locale « soutenue et diversifiée ».
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