Sale temps pour la presse ouest africaine

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Ainsi le 12 mars 2013, la presse privée du Mali a décidé d’observer des « journées sans presse », une décision qui vient juste d’être suspendue ce 15 mars 2013. L’objectif  visé était  de protester contre l’arrestation une semaine auparavant de Boukary Daou,  directeur de publication du quotidien « Le Républicain ».

M. Daou qui est toujours en détention, est accusé de poser un acte de « nature à saper le moral des militaires maliens », selon les autorités maliennes qui mènent une guerre dans le nord du pays contre divers groupes armés,.

Son arrestation par les agents de la sécurité de l’Etat malien est intervenue suite à la publication d’une lettre ouverte d’un soldat anonyme aux autorités de Bamako, dénonçant les avantages accordés au capitaine Amadou Sanogo, qui a dirigé le coup d’Etat de mars 2012.

Pour les associations de la presse privée malienne, il s’agit d’une « atteinte grave » à leur liberté. Réclamant la libération immédiate de leur confrère, ces associations prévoient une plainte contre l’Etat pour « détention arbitraire ». Selon ses confrères le journaliste arrêté n’a jusqu’à présent reçu aucune « plainte formelle ».

De leur côté, les journalistes togolais sont mobilisés depuis plus de quatre semaines, une mobilisation qui a culminé par une manifestation interdite dispersée par la police le 14 mars 2013, dans la violence.

Les professionnels de la presse togolaise qui ont également organisé une « journée sans presse » le 12 mars 2013, dénoncent le vote en février 2013 par le parlement togolais de l’extension des pouvoirs de  la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), l’organe de régulation des médias au Togo.
 
L’intervention des forces de l’ordre pour disperser la manifestation du 14 mars a un fait blessé grave dans les rangs des journalistes, selon un bilan  fourni par l’Agence de presse africaine (Apanews) et des témoignages relayés sur les médias sociaux, notamment le réseau social Facebook..
 
Avec la nouvelle loi, la Haac a désormais le pouvoir de suspendre provisoirement un média de presse écrite ou audiovisuelle ou alors de lui retirer définitivement son autorisation d’exploitation. Autrement dit, sanctionner un média sans passer par les tribunaux. Ce qui pour  la presse togolaise est inacceptable.
 
En Gambie, pays très connu pour ses nombreuses entorses à la liberté de la presse, les autorités ont encore manifesté leur frilosité face à la presse avec l’arrestation le 8 mars 2013 de Babucarr Ceesay,  vice-président du Syndicat de la presse gambienne (GPU, sigle en anglais).
 
Selon les propres témoignages de M. Ceesay, ceux qui l’ont interpellé en pleine rue étaient habillés en civil et se sont présentés comme des agent des services de renseignements agissant sur ordre de la présidence gambienne. Il a été libéré quelques jours après mais son passeport a été confisqué et il lui est demandé de se mettre à la disposition de la justice. Aucune charge ne lui a été notifiée.
 
Face à un tel climat, les associations internationales de défense de liberté de la presse se sont insurgées contre cette arrestation ainsi que les autres atteintes à la liberté de la presse dans la sous région.
 
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a dénoncé un « recul démocratique » pour ce qui est du Mali et une « loi liberticide » en ce qui concerne le Togo.
 
Dans un communiqué parvenu à Ouestafnews, Gabriel Gablo, directeur Afrique de la FIJ, a réclamé la libération du journaliste malien Daou, estimant que « malgré l’état d’urgence et cette période de guerre, la publication d’une lettre ouverte ne peut être un motif d’arrestation du journaliste ».
 
Pour Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du Comité de protection des journalistes (CPJ),  il s’agit d’une « arrestation arbitraire ».
 
Ce qui se passe au Mali constitue « un autre exemple qui montre que les agents de sécurité maliens agissent au mépris des règles du droit et des garanties prévues par la constitution pour intimider les journalistes au nom de la sécurité nationale », selon, M. Keita.
 
Au lendemains du coup d’état du 22 mars plusieurs journalistes maliens dont Birama Fall, et Saouti Haidara avaient subi des intimidations et des agressions.
 
Au Mali comme au Togo, on s’est félicité de la réussite des journées sans presse.
 
Au Mali même les radios confessionnelles se seraient mises dans le combat selon certains témoignages. Les organisations de presse au Togo dans un communiqué évaluent à 95 % le respect du mot d’ordre de la « journée sans presse ».

Voir également:
Togo: bras de fer entre presse et pouvoir
A Alexis Kalambry, Tiégoum B. Maiga (Editorial)

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