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Sankara, l’homme vu par Chériff SY (HOMMAGE)

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Par Chériff SY

Sankara, l'homme vu par Chériff SY (HOMMAGE)
Quand l’Homme est venu, son pays était une "synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité". Ainsi son pays détenait un triste palmarès :
• Record mondial de mortalité infantile
• Balance agricole constamment négative
•Balance commerciale permanemment déficitaire
•Dette publique extrêmement élevée
L’Homme voulut faire de son pays une terre de dignité et de liberté.
Alors courageusement, il su redéfinir la somme du possible et du pensable par laquelle le développement d’un pays comptant parmi les plus démunis du monde pouvait être envisagé.
Partant de l’évidence que le sous-développement et la dépendance ne pourraient trouver d’issue sans l’intégration des habituels exclus du jeu social: les paysans, les femmes et les jeunes, l’Homme s’engagea dans un processus de transformation social progressiste et progressif.
Sa révolution ?
Simple : travailler plus, dépenser moins et mieux, et produire plus en se préoccupant des besoins prioritaires de son pays ! Il le dit lui-même : " Notre révolution est et doit être permanente, l’action collective des révolutionnaires pour transformer la réalité et améliorer la situation concrète des masses de notre pays. Notre révolution n’aura de valeur que si en regardant derrière nous, en regardant à nos côtés et en regardant devant nous, nous pouvons dire que les burkinabé sont, grâce à la révolution, un peu plus heureux, parce qu’ils ont de l’eau saine à boire, parce qu’ils ont une alimentation abondante, suffisante, parce qu’ils ont une santé resplendissante, parce qu’ils ont l’éducation, parce qu’ils ont des logements décents parce qu’ils sont mieux vêtus, parce qu’ils ont droit aux loisirs ; parce qu’ils ont l’occasion de jouir de plus de liberté, de plus de démocratie, de plus de dignité. Notre révolution n’aura de raison d’être que si elle peut répondre concrètement à ces questions. "
L’Homme, qui faisait ce qu’il dit et disait ce qu’il fait, décida de trouver des solutions adaptées aux questions existentielles précitées. Il s’engagea à la fois sur plusieurs chantiers :
• L’orientation économique en fonction des nécessités et des besoins réels du peuple et non selon les impératifs et les intérêts de l’économie capitaliste mondiale
• La réforme agraire par laquelle la terre appartient à celui qui la cultive
• La réforme administrative pour assurer une bonne gouvernance
• La libération de la femme par la participation à la vie politique et économique, la lutte contre la prostitution, l’adoption d’un code de la famille, l’interdiction de l’excision…
• La protection de l’environnement par la lutte contre la désertification
• Etc…
En quelques années, l’Homme fit faire à son pays un bond qualitatif. Mais il restait conscient que les questions essentielles de son peuple étaient celle de tout son continent et de tous les peuples exploités et opprimés. Panafricaniste et anti-mondialiste, il su devenir la voix des sans voix.
Rigueur morale …..Intégrité….
Naïveté…..Courage suprême.
La félonie eût raison de l’Homme.
Par un après midi, l’Homme fut fauché par des balles assassines.
L’Homme est tombé, mais il avait eu le temps de semer la graine et l’arroser de son sang ; il avait eu le temps d’enlever un maillon de la chaîne libérant ainsi les opprimés, la jeunesse africaine.
Il aura été un précurseur d’une politique alternative à la dépendance et à l’asservissement que les institutions économiques mondiales continuent d’encourager par leur modèle de développement fondé sur l’endettement.
Mais plus important, l’Homme aura contribuer à faire comprendre à son peuple et à tous les opprimés qu’il ne peut y avoir d’alternative crédible venant d’ailleurs pour les sauver. C’est en comptant d’abord sur eux-mêmes, sur leurs capacité intrinsèques à " oser inventer l’avenir " qu’ils trouveront les clés de leur développement et de leur liberté.
Aujourd’hui, en chacun de nos mouvements pour l’épanouissement social, politique et culturel, l’Homme vit en nous.
L’Homme restera à jamais gravé dans la conscience collective.
Et, son exemple servira toujours de bréviaire aux combattants de la libération humaine.

L’Homme s’appelait Thomas Sankara.

L’auteur de ce texte Chériff SY, est le directeur du journal burkinabé Bendré


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